Auteur : Daphné du Maurier
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2015 (pour la nouvelle traduction)
J'étais encore au lycée lorsque j'ai lu pour la première fois Rebecca. Malgré les années qui ont passé, j'en avais gardé le souvenir d'un roman angoissant et génial, qui m'avait vraiment captivée à l'époque. J'ai donc profité de la nouvelle traduction qui vient de sortir en librairie pour redécouvrir ce classique de la littérature anglaise. D'ailleurs la jaquette de cette nouvelle édition particulièrement réussie, et bien représentative de l'atmosphère de cette histoire...
Dans Rebecca, nous suivons une narratrice jeune et naïve, ni particulièrement belle, ni particulièrement intelligente, sans perspective d'avenir, qui rencontre lors d'un voyage un riche anglais, Maximilien de Winter, bien plus âgé qu'elle, et veuf depuis peu. Ces deux protagonistes vont tomber amoureux, se marier, et l'histoire commence réellement lorsque Max ramène sa jeune épouse dans sa célèbre et magnifique propriété de Manderley, encore très fortement hantée par la présence de la première Madame de Winter, Rebecca...
Le suspense psychologique est la spécialité de Daphné du Maurier, et Rebecca en est l'un des meilleurs représentants. Le tour de force est bien entendu de faire d'une personne décédée son personnage principal, qu'on ne voit donc jamais, mais qui envahit tout le récit de sa présente pesante, angoissante et mystérieuse. Et c'est cette atmosphère qui nous tient en haleine tout au long de l'histoire. On veut savoir, on se doute, on émet des hypothèses, jusqu'à ce que la vérité éclate au grand jour et nous permette enfin de lâcher prise et de refermer le livre. J'ai adoré également la propriété de Manderley, sa maison, ses jardins, sa crique en bord de mer, et ses habitants. On ne peut qu'éprouver de la fascination pour ce domaine, on ne peut que l'aimer et rêver d'y aller un jour, d'en savourer chaque décor, chaque odeur, chaque couleur si bien décrits par l'auteur...
Rebecca est (malheureusement) le seul roman de Daphné du Maurier que j'ai lu, et je compte bien prendre le temps d'y remédier. L'univers et la plume de cette écrivaine semblent si riches et fascinants, je ne peux pas risquer de passer à côté d'autres chefs-d'œuvre !
- Si seulement on pouvait inventer quelque chose, dis-je vivement, qui conserve un souvenir dans un flacon, comme un parfum, et qui ne s'évapore, ne s'affadisse jamais. Quand on en aurait envie, on pourrait déboucher le flacon et on revivrait l'instant passé.
Je me demandais combien il pouvait y avoir de gens dans le monde souffrant et continuant de souffrir parce qu'ils ne parvenaient pas à briser leur filet de timidité et de réserve, et qui dans leur aveugle folie construisaient devant eux un grand mur qui cachait la vérité.
C'était Manderley, notre Manderley secret et silencieux comme toujours
avec ses pierres grises luisant au clair de lune de mon rêve, les petits
carreaux des fenêtres reflétant les pelouses vertes et la terrasse. Le
temps n'avait pas pu détruire la parfaite symétrie de cette
architecture, ni sa situation qui était celle d'un bijou au creux d'une
paume.