mardi 24 mars 2015

07 - Rebecca

Auteur : Daphné du Maurier
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2015 (pour la nouvelle traduction)

J'étais encore au lycée lorsque j'ai lu pour la première fois Rebecca. Malgré les années qui ont passé, j'en avais gardé le souvenir d'un roman angoissant et génial, qui m'avait vraiment captivée à l'époque. J'ai donc profité de la nouvelle traduction qui vient de sortir en librairie pour redécouvrir ce classique de la littérature anglaise. D'ailleurs la jaquette de cette nouvelle édition particulièrement réussie, et bien représentative de l'atmosphère de cette histoire...

Dans Rebecca, nous suivons une narratrice jeune et naïve, ni particulièrement belle, ni particulièrement intelligente, sans perspective d'avenir, qui rencontre lors d'un voyage un riche anglais, Maximilien de Winter, bien plus âgé qu'elle, et veuf depuis peu. Ces deux protagonistes vont tomber amoureux, se marier, et l'histoire commence réellement lorsque Max ramène sa jeune épouse dans sa célèbre et magnifique propriété de Manderley, encore très fortement hantée par la présence de la première Madame de Winter, Rebecca... 

Le suspense psychologique est la spécialité de Daphné du Maurier, et Rebecca en est l'un des meilleurs représentants. Le tour de force est bien entendu de faire d'une personne décédée son personnage principal, qu'on ne voit donc jamais, mais qui envahit tout le récit de sa présente pesante, angoissante et mystérieuse. Et c'est cette atmosphère qui nous tient en haleine tout au long de l'histoire. On veut savoir, on se doute, on émet des hypothèses, jusqu'à ce que la vérité éclate au grand jour et nous permette enfin de lâcher prise et de refermer le livre. J'ai adoré également la propriété de Manderley, sa maison, ses jardins, sa crique en bord de mer, et ses habitants. On ne peut qu'éprouver de la fascination pour ce domaine, on ne peut que l'aimer et rêver d'y aller un jour, d'en savourer chaque décor, chaque odeur, chaque couleur si bien décrits par l'auteur...

Rebecca est (malheureusement) le seul roman de Daphné du Maurier que j'ai lu, et je compte bien prendre le temps d'y remédier. L'univers et la plume de cette écrivaine semblent si riches et fascinants, je ne peux pas risquer de passer à côté d'autres chefs-d'œuvre ! 


- Si seulement on pouvait inventer quelque chose, dis-je vivement, qui conserve un souvenir dans un flacon, comme un parfum, et qui ne s'évapore, ne s'affadisse jamais. Quand on en aurait envie, on pourrait déboucher le flacon et on revivrait l'instant passé. 

Je me demandais combien il pouvait y avoir de gens dans le monde souffrant et continuant de souffrir parce qu'ils ne parvenaient pas à briser leur filet de timidité et de réserve, et qui dans leur aveugle folie construisaient devant eux un grand mur qui cachait la vérité. 

C'était Manderley, notre Manderley secret et silencieux comme toujours avec ses pierres grises luisant au clair de lune de mon rêve, les petits carreaux des fenêtres reflétant les pelouses vertes et la terrasse. Le temps n'avait pas pu détruire la parfaite symétrie de cette architecture, ni sa situation qui était celle d'un bijou au creux d'une paume.

samedi 14 mars 2015

06 - Légende

Auteur : David Gemmel
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2010

On m'a dit un jour qu'en fantasy David Gemmel est une référence, et qu'il faut absolument le lire. J'avais donc à l'époque acheté son célèbre Légende, afin de m'y plonger. Mais le temps a passé et ma liste de livres à lire n'a fait que grandir, Légende a donc été mis de côté. J'ai finalement profité de l'événement de CaroLire pour l'y inscrire, et le propulser enfin en tête de mes livres à lire...

Légende, c'est l'histoire d'une guerre. Ou plutôt d'une bataille perdue d'avance opposant environ 10 000 Drenaïs essayant de défendre Dros Delnoch aux centaines de milliers de Nadirs qui tentent de détruire la cité. La mission est impossible, mais c'est sans compter sur l'aide de Druss la Légende, le Marche-Mort, un héros invaincu qui a maintes fois inversé le sort d'une bataille... et qui a aujourd'hui une bonne soixantaine d'années. Un héros rouillé, qui va tout donner encore une fois pour que Dros Delnoch résiste le plus longtemps possible, sans non plus se faire d'illusions sur l'issue de la bataille. Druss est venu à Dros Delnoch y affronter la Mort une dernière fois.

Il s'agit donc ici d'une guerre, mais la bataille à proprement parler est très brève dans le récit. Nous passons bien plus de temps à la préparer, en voir tous les enjeux, les différents acteurs, les tactiques, ou encore comment la simple présence d'un héros peut remonter le moral des troupes et redonner un nouvel espoir à un peuple désespéré. J'avais un peu peur que la guerre soit omniprésente, et j'ai été bien contente de voir que ce n'est pas le cas. Et c'est selon moi ce qui fait tout l'intérêt de cette histoire. On ne peut que trouver Druss sympathique, héros vieillard qui n'a de cesse de défier la Mort, mais les personnages secondaires le sont tout autant, comme Rek, le berserk, Virae, Flécheur ou encore les Trente et leur magie puissante.

J'ai bien aimé. Légende est plaisant à lire, le sujet est intelligemment conté. Mais c'est tout. Je n'ai pas eu cet élan que j'attends des grandes sagas fantastiques, qui me fait frémir à chaque fois que j'ouvre le livre ou que j'y pense. Je n'ai pas eu de coup de cœur. Oui, c'était bien, j'ai passé un bon moment, mais c'est tout, et je dois avouer que j'en suis assez déçue, on m'avait tellement vanté les mérites de l'œuvre de Gemmel !
Je lirai très certainement un jour Druss la légende, et également La Légende de Marche-Mort, mais bien plus par envie de retrouver le héros et d'en apprendre plus sur lui que par intérêt pour le Cycle de Drenaï.

Druss la légende. L'homme le plus puissant de son époque. Une machine à tuer, un guerrier. Et pourquoi ? Parce que je n'ai jamais eu le courage d'être un fermier, se dit Druss.

Le prophète dit : "Par définition, seul le lâche est capable du plus grand héroïsme."
- Nous devons être à l'aise ensemble, et davantage: nous devons devenir des amis.
- Pourquoi ça ? s'enquit Rek.
- Parce que nous sommes sur le point de partager quelque chose qui ne survient qu'une fois dans la vie d'un homme, lui répondit Serbitar, nous allons mourir.

 





mardi 3 mars 2015

05 - Éternité, l'intégrale de la trilogie

Auteur : Magali Ségura
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2014

Terre de Sel est un pays gouverné par l'Acier et la Magie, qui assurent son équilibre. L'Acier étant représenté par de puissants guerriers, et la Magie par des sorciers, les Majeurs, et leurs esclaves, les Mineurs. Une sorcière Mineure, Naslie, se voit confier par les dieux la graine d'Éternité, et la jeune femme décide d'en faire don à sa terre, ce qui est loin de plaire à l'Ancien, un sorcier Majeur auquel elle a ainsi désobéi... Contrairement à l'ordre établi, Naslie survit à cette épopée, et c'est un grand guerrier de l'Acier, Yshem, qui se charge de la mettre en lieu sûr, la protège pendant quelques mois, avant de repartir à la rencontre de son destin... sans savoir que Naslie attend leur enfant.

Cette nouvelle trilogie de Magali Ségura commence presque 9 ans après l'épopée de la graine d'Éternité...  9 ans pendant lesquels la Mineure et son fils, Jelis, ont fui sans arrêt, se sont cachés de village en village, craignant les foudres de l'Ancien. Jelis ignore tout de son père. Il ne sait même pas qu'il est le fruit de l'union de l'Acier et de la Magie, devenant ainsi une menace pour l'équilibre de son monde...

L'histoire d'Éternité est complexe et difficile à aborder simplement en quelques mots. Tout ce que je peux vous conseiller, si vous souhaitez en savoir plus, c'est de vous plonger dans cet univers, de découvrir ses personnages, comme je viens de le faire. Car l'expérience est magique et mérite qu'on s'y arrête. J'étais déjà tombée amoureuse de l'écriture de Magali Ségura en lisant Leïlan. J'ai retrouvé dans Éternité tout ce que j'avais aimé à l'époque, une écriture simple et sensible, très féminine, qui nous fait vivre pleinement les sentiments des protagonistes. Les personnages débordent d'humanité, et par là même de crédibilité. L'histoire en elle-même commence comme tout roman de Fantasy, au premier abord rien d'original, mais elle évolue rapidement vers une épopée plus sombre, plus dure et cruelle, d'une noirceur à laquelle on ne s'attend pas forcément de la part de Magali Ségura quand on a lu Leïlan.

J'ai adoré, j'ai été complètement envoûtée par cette nouvelle trilogie et je ne peux que vous recommander de vous y plonger à votre tour, vous ne le regretterez pas.


Quand il parlera aux dieux, il...Il faudra qu'il leur donne quelque chose pour les remercier du don qu'ils lui accordent. Il pourra leur offrir sa richesse, sa jeunesse, sa loyauté... Plus son sacrifice sera grand, plus il sera puissant. C'est de là que viennent la cupidité et les ambitions de tous les sorciers.

De tout temps à jamais, mourir après son enfant restera absurde et inconcevable.  

- Tu sais pourquoi on pense qu'ils sont plusieurs, les dieux ?
- Non, répondit Jelis.
- Parce qu'on n'arrive pas à les comprendre s'ils sont une seule et même personne. Mais si tu imagines qu'ils sont plusieurs, alors tout devient plus cohérent. Ils ne sont pas d'accord entre eux.
- C'est ça ton explication.
- Si tu en as une meilleure, je t'en prie, sans rancune, monte une nouvelle religion !