mercredi 22 avril 2015

09 - La Cour des Miracles

Éditeur : Le Grimoire, collection Mille Saisons
Publié en : 2015

J'ai acheté ce recueil de nouvelles à l'occasion du Salon du Livre de cette année, car j'ai trouvé le concept original et sympathique. Cet ouvrage regroupe une 20e de nouvelles placées sous le signe des littératures de l'imaginaire, toutes ayant un rapport avec le thème très général de la Cour des miracles. À la fin de sa lecture, le lecteur est invité à voter pour sa nouvelle préférée. L'auteur gagnant aura la possibilité de publier un roman issu de la nouvelle. J'ai eu la chance au Salon de pouvoir rencontrer quelques uns de ces auteurs, et deux illustratrices, qui ont tous rendu mon exemplaire unique en son genre. Très sympathiques, enjoués, motivés et passionnés, je leur souhaite à tous bonne chance dans ce concours !

Illustratrice : Amélie Grossmann

Auteur : Olivier Vanderbecq

Auteur : Philippe Aurèle Le Roux

Auteur : Jean-Pierre Favard

Auteur : Kéti Touche / Illustratrice : Morganne Lemaire

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces nouvelles. Si certaines m'ont semblé trop faciles, plusieurs m'ont intéressée et intriguée. J'ai un peu hésité pour mon vote, car deux nouvelles très différentes m'ont beaucoup plu, Les enfants du rêve, de Jonathan Millet et Le tyran malgré lui, de Jean-Michel Mengoli.

Dans Les enfants du rêve, un capitaine arrête une jeune femme aveugle et pleine d'étranges tatouages, et nous suivons son procès. Nous découvrons donc à travers ses aveux son crime, ses motivations, mais également, et surtout, le monde dans lequel elle vit. C'est principalement cet univers créé par l'auteur qui m'a séduite, certes classique, mais avec une pointe de magie et beaucoup d'originalité. La plume également m'a beaucoup touchée, et m'a donné envie de découvrir plus en profondeur cet auteur. Une nouvelle toute en émotion, donc...

L'intrigue que l'on découvre dans Le tyran malgré lui est d'un genre littéraire très différent. Dans un monde où on a la possibilité de voir des bribes de son futur, le jeune Lysandre se voit devenir un véritable tyran qui asservit toutes les nations. Afin d'éviter de devenir ce monstre qu'il a entraperçu, Lysandre se fait enfermer dans une prison de haute sécurité. Plusieurs années plus tard, Christopher Solary le fait libérer, car il pense avoir trouvé le moyen de détourner les visions, en les déguisant pour qu'elles se réalisent sous forme de mascarade... J'ai trouvé ce sujet très original, et l'intrigue très bien menée, même si j'ai eu des soupçons dans les nombreuses hypothèses que mon esprit (rarement au repos dans ce genre de lecture) a envisagé. 

Si beaucoup de nouvelles m'ont plu, Les enfant du rêve et Le tyran malgré lui sont les seules à m'avoir réellement donné envie de lire le roman de l'auteur (qui, selon les règles du concours, doit se passer dans le même univers). Mais ces deux nouvelles sont tellement différentes qu'il a été très difficile de les départager. Après de longues tergiversations, j'ai décidé de voter pour Les enfants du rêve, qui a été mon premier coup de cœur.

Concernant les illustrations, je laisse le choix de la meilleure à mon amoureux, c'est plus son domaine que le mien. Et puis les dédicaces nous sont dédiées à tous les deux, faut bien qu'il participe aussi au vote ! ^_^

Merci aux Mille Saisons pour ce concours qui m'a bien amusée ! Et si vous êtes intéressés, sachez que les votes sont ouverts jusqu'à la fin de l'année (chaque livre possède en 3e de couverture un code unique permettant un vote unique).

  
Drak concentrait les problèmes : il s'agissait tout de même du genre de lieu où, lors d'un cas avéré de nécrophilie, la première étape était de savoir si la victime était consentante au moment des faits. (Debout les morts !, Mélaine Legrand)

Si tu dois faire quelque chose de pas bien catholique, mais pas trop quand même, fais-le. Les remords s'effacent un jour ou l'autre, la misère laisse des cicatrices qui ne se referment pas.
(La vie des gueux amadouée en proverbes, Jean-Pierre Misset) 

- Il est gentil, ce prêtre... Un peu alcoolique mais on peut pas lui en vouloir. La voix du Christ ne peut pas venir toute seule.
(La valse des miracles, Ethel Karskens)

  


vendredi 3 avril 2015

08 - Manderley for ever


Auteur : Tatiana de Rosnay
Éditeurs : Albin Michel / Héloïse d'Ormesson
Publié en : 2015

Ce début d'année, les librairies ont accueilli à la fois la nouvelle traduction du très célèbre Rebecca de Daphné du Maurier, que je viens tout juste de relire avec beaucoup de plaisir, et la biographie de cette auteur, écrite par Tatiana du Rosnay. Je ne suis pas très fan des biographies en temps normal, mais dans ce cas particulier il m'a semblé intéressant d'enchaîner les deux...

Deux mots sur Tatiana du Rosnay dans un premier temps... Écrivaine et journaliste française, nous la connaissons tous pour son best-seller Elle s'appelait Sarah (que je n'ai pas encore lu !). Depuis toujours, Daphné du Maurier est sa romancière préférée, et c'est tout naturellement qu'elle en est venue à s'intéresser plus profondément à la vie de l'auteur et à en écrire la biographie.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire Manderley for ever, à suivre Tatiana du Rosnay sur les traces de son auteur favorite. On oublie rapidement qu'on est dans une biographie, et on se plonge sans difficultés dans la vie de Daphné, qui, depuis son plus jeune âge, a toujours été différente, en marge de la société dans laquelle elle a grandi. On comprend d'où lui vient son goût de l'écriture, quels événements ont inspiré telle ou telle histoire, ses déboires, ses doutes, jusqu'à la parution de Rebecca, qui a marqué un tournant dans sa vie d'écrivaine. Mais on découvre également la jeune fille, l'adolescente, la femme, la mère, l'épouse, à travers ses amours, ses passions, ses craintes, ses envies. Tout en étant extrêmement bien documenté, cette biographie ne laisse pas de côté les tourments intérieurs de l'auteur. Daphné du Maurier écrivait beaucoup, dans son journal et à ses proches, et il est tout à fait possible de retracer ainsi son état d'esprit au fil des années, ce que parvient très bien à faire Tatiana du Rosnay.

Manderley for ever m'a laissée avec un sentiment de nostalgie vis à vis de Daphné du Maurier, que j'ai découvert et appris à aimer tout au long de ces 400 et quelques pages. Elle m'a donné l'image d'une femme forte, qui a croqué la vie à pleines dents, vivant selon ses envies sans laisser le monde et ses règles prendre le pas sur ce qu'elle était vraiment. Je suis à présent curieuse de découvrir son œuvre, les nombreux romans, biographies et nouvelles qu'elle nous a laissés.


La magie des livres est une drogue, un sortilège, une échappatoire, aussi puissante, aussi envoûtante que le Pays Imaginaire de Peter Pan.

Daphné fait partie de ces écrivains qui préfèrent regarder en arrière, pas de l'avant, qui sont capables de noircir des pages entières sur ce qui fut, un lieu, une trace, mettre des mots sur la fugacité de l'instant, la fragilité du souvenir qu'il faut embouteiller comme un parfum.


Daphné regarde les vagues se briser sur la falaise. Elle ouvre la fenêtre, respire l'air salé de la mer. Cela lui fait du bien, quelques instants. Mais la douleur revient, lancinante. Un romancier qui n'écrit plus est une entité sans vie. Un mort vivant.