mercredi 22 février 2012

09 - Les Annales du Disque-Monde T1 - La huitième couleur

Auteur : Terry Pratchett
Éditeur : Pocket
Écrit en : 1983

Après mes errances littéraires de ces derniers jours, me voici revenue sur un terrain un peu plus familier : la fantasy. Mais Terry Pratchett n'est pas un auteur de fantasy comme les autres, c'est un auteur humoriste, à l'origine de la célèbre saga des Annales du Disque-Monde, dans laquelle "il détourne les canons du genre pour se livrer à une satire de divers aspects de la société contemporaine" (je cite Wikipedia).

Loin des très sérieux Seigneur des Anneaux et Trône de fer, grands classiques du genre (que j'adore bien sûr), nous voici dans un univers fantastique totalement farfelu, dans lequel le monde est plat (c'est le Disque-Monde), porté par quatre éléphants se tenant sur le dos de la carapace d'une tortue géante qui parcourt l'univers. Ce monde a ses propres lois physiques bien sûr et les peuples qui y vivent sont les humains, magiciens, orcs... que l'on connait. Mais il y a un nouvel arrivant qui va venir perturber le train-train quotidien de ces "braves gens". Il s'agit de Deuxfleurs, un... touriste. Ce premier tome relate donc l'épopée touristique de Deuxfleurs, avide de découvertes en tous genres, guidé par un mage déchu du nom de Rincevent. Ensemble ils vont échapper mille fois à la mort, rencontrer des héros, faire apparaître des dragons et vivre mille aventures qui réjouissent Deuxfleurs, et terrorisent Rincevent.

Dès les premières pages, l'auteur nous entraîne de surprise en surprise, avec fous rires à la clé. Les personnages sont tous plus drôles et caricaturaux les uns que les autres, mais mon personnage préféré est quand même la Mort, qui m'a beaucoup fait rire à chacune de ses apparitions ! Ou encore le Bagage, un coffre magique et féroce porté par des centaines de petites jambes, qui suit Deuxfleurs où qu'il aille et quel que soit le risque, terrorisant tout le monde sur son passage...

Certaines personnes ayant lu d'autres opus des Annales du Disque-Monde avant celui là ont un avis plus mitigé, trouvant ce tome plus lent que les tomes suivants. Mais n'ayant aucun point de comparaison, j'ai été totalement ravie de cette découverte, j'ai tout simplement adoré. Alors si la suite est encore meilleure, je la savoure d'avance !

 

mercredi 15 février 2012

08 - Du suicide

Auteur : Léon Tolstoï
Éditeur : L'Herne
Écrit en : 1910

C'est en 1910 que Léon Tolstoï écrit ce pamphlet sur le suicide, qui ne sera jamais terminé, ni publié de son vivant car il meurt quelques mois plus tard. Ce texte est une réponse aux nombreuses lettres que l'auteur a reçues de personnes suicidaires, qui ont perdu leur envie et leur joie de vivre, lui demandant conseil. Car Léon Tolstoï est considéré à la fin de sa vie comme un sage connu dans le monde entier.

Après plusieurs mois de recherches, à visiter des centres psychiatriques afin de s'imprégner de cette souffrance et lire de nombreux textes sur le sujet, Léon Tolstoï nous fait part de son avis. Il nous explique ce qui, selon lui, est la cause de "la folie de notre vie", en mettant constamment en rapport ce mal contemporain avec la religion et les problèmes de la société du XXe siècle. L'auteur est contre la religion, contre la science et le progrès, et nous montre dans cette analyse qu'ils sont responsables de la folie croissante du monde. Le suicide n'est finalement qu'un prétexte à un texte beaucoup plus philosophique sur la folie humaine. L'auteur pose de nombreuses questions, sur l'absurdité de notre système, sur la folie des hommes qui les poussent à accepter l'inacceptable sans se poser de questions. Et à ces questions il apporte ce qui, selon lui, est la seule réponse possible : nous sommes tous atteint d'une folie que l'on appelle "la culture de notre temps".

La curiosité et le nom de Léon Tolstoï m'ont poussée à choisir ce livre. On y retrouve l'ultime pensée de l'auteur sur un sujet qui l'a préoccupé pendant des années, et qui est toujours autant d'actualité au XXIe siècle. Une lecture très intéressante et d'actualité, qui nous fait réfléchir sur notre propre univers, notre propre société.

Merci à Babelio et aux éditions de L'Herne qui m'ont permis, par le programme Masse Critique, de découvrir le dernier écrit de ce grand penseur qu'est Léon Tolstoï.

  

lundi 13 février 2012

07 - La triste fin du petit Enfant Huître et autres histoires

Auteur : Tim Burton
Éditeur : 10/18
Année : 1997

Voici un recueil de poèmes qui m'attirait beaucoup car j'aime particulièrement l'univers glauque et morbide de Tim Burton, toujours si poétique. Un recueil très vite lu, mais savouré du premier au dernier poème.

Entre une fille qui se transforme en lit, une autre qui ne peut s'empêcher de fixer les gens et les choses autour d'elle, un bébé ancre qui, accroché à sa mère, la noie dans les profondeurs de l'océan, et le petit enfant huître, si malaimé de ses parents que son père finit par le manger, on retrouve dans quelques vers, ou parfois même une simple phrase, l'univers si fascinant de Tim Burton.

J'ai particulièrement apprécié la présence du poème en version originale à côté de sa traduction en français, qui permet d'admirer toute la beauté de l'écriture de l'auteur, et les illustrations, qui sont parfaites pour ces textes.

Une lecture très agréable et touchante.

06 - La Bête aveugle

Auteur : Edogawa Ranpo
Éditeur : Philippe Picquier
Année : 1931

Je ne connaissais pas les éditions Philippe Picquier, qui pourtant ont un très beau catalogue de littérature japonaise. Je ne connaissais pas non plus Edogawa Ranpo, considéré comme le fondateur du roman policier au Japon. C'est donc avec beaucoup de surprises et de curiosité que je me suis lancée dans cette lecture de La Bête aveugle, sans trop savoir à quoi m'attendre, étant donné que je ne suis habituée ni aux romans policiers, ni à la littérature japonaise.

Nous faisons la connaissance de Mizuki Ranko, une jeune chanteuse célèbre, qui a posé plusieurs jours durant pour un sculpteur. La statue la représentant est exposée dans un musée, et Ranko aime aller l'admirer. Cependant, dès les premières pages, elle croise un curieux personnage, aveugle, qui la met réellement mal à l'aise. Elle surprend en effet cet homme d'une trentaine d'année caressant sa statue du bout des doigts, de manière particulièrement malsaine. A partir de ce moment, les événements s'enchaînent et elle va croiser cet homme à plusieurs reprises, avant d'être kidnappée et enfermée dans une salle obscure et étrange par ce pervers aveugle, obsédé par le toucher du corps de la femme. Et Ranko ne sera que la première...

On peut penser qu'il est facile d'imaginer ce que Ranko et les autres victimes de cette "Bête aveugle" vont endurer tout au long de l'histoire. Mais il n'en est rien, on va se surprise en surprise, de dégoût en incompréhension. L'ambiance générale du livre est réellement malsaine, pesante et glauque du premier au dernier mot. Cependant l'auteur nous relate les faits de telle manière qu'il m'est arrivé à plusieurs reprises de rigoler (un rire très nerveux, je précise...). La lecture est facile, et je reconnais là un grand talent à l'auteur, qui parvient à nous accrocher et à retenir notre intérêt tout au long de l'histoire. Cependant je suis bien incapable de vous dire si j'ai aimé ce roman ou pas... J'en lirai peut être un second du même auteur pour me faire une opinion plus prononcée. Pour l'instant il s'agit simplement d'une expérience littéraire intéressante.



vendredi 10 février 2012

05 - Rue Farfadet


Auteur : Raphaël Albert
Éditeur : Mnémos
Année : 2010 

Comme souvent j'ai d'abord été attirée par la magnifique couverture de ce roman. Puis j'ai eu un gros coup de cœur en lisant la 4e. Et en plus celui que j'ai lu, qui m'a été prêté par Ylgana, était dédicacé par l'auteur ! Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que je passe un bon moment aux côtés de Sylvo Sylvain, détective privé.

L'intrigue prend place dans un Panam peuplé de créatures en tout genre, des humains bien sûr, mais on croise également des nains, elfes, trolls, centaures et autres peuples fantastiques, qui cohabitent plus ou moins bien entre eux. La ville en elle-même est très fortement inspirée de notre Paris du XIXe siècle (on s'en serait douté, vu son nom), et on prend un certain plaisir à redécouvrir notre capitale sous un jour nouveau, magique et merveilleux.

Cependant la ville est la cible de divers attentats depuis quelques temps, et c'est bien malgré lui que notre héros, un elfe détective privé du nom de Sylvo Sylvain, va être mêlé à cette histoire de terrorisme magique. Mais Sylvo n'est pas sans ressources (c'est un elfe après tout !) et essaiera tant bien que mal de résoudre ce mystère... Accompagné de son meilleur ami, Pixel, un pillywiggin, et d'un journaliste du Panaméen, le quotidien local, il suivra les indices et et enchaînera les aventures à un bon rythme jusqu'à l'épilogue de cet ouvrage.

J'ai adoré ce livre pour plusieurs raisons... Le style de l'auteur, extrêmement drôle par moments, est vif et rend bien présente l'atmosphère étrange et délirante de Panam. Le décor mis en place est très riche et très bien pensé, le bestiaire  très large permet aux plus néophytes comme moi de découvrir de nouvelles créatures... Je n'avais jamais entendu parler des pillywiggins avant de rencontrer Pixel... Et comme Google est mon ami, et bien maintenant j'en sais beaucoup plus sur ces fées issues du folklore anglais. Le rythme est rapide, aucune pause dans le récit, et les pages se tournent toutes seules avec délectation. Alors oui, l'histoire peut paraître facile et pas exploitée autant qu'elle aurait pu l'être, mais elle brille d'originalité et on sent bien que Raphaël Albert prend ce premier roman comme prétexte à la mise en place de son univers. L'intrigue passe ici au second plan, mais je suis persuadée que dès le 2e tome l'histoire prendra l'importance qu'elle mérite.

Bon, vous l'aurez compris, je suis totalement séduite par le Panam de Raphaël Albert et ses habitants... Le 2e tome, Avant le déluge, a déjà la réputation d'être meilleur que le premier, j'ai hâte de le lire !


lundi 6 février 2012

04 - Le club des incorrigibles optimistes


Auteur : Jean-Michel Guenassia
Éditeur : Albin Michel
Année : 2009 

Prix du Goncourt des Lycéens en 2009, Le club des incorrigibles optimistes trône sur mon étagère depuis pas mal de temps déjà. Il était donc temps que je me lance dans la lecture de ces presque 800 pages...

J'avoue que, malgré sa notoriété, j'ai au début beaucoup douté de ma capacité à lire ce livre jusqu'au bout... En effet, tout ce qui est politique me fait fuir en courant, et on peut dire que dès les premières pages, le contexte politique de l'histoire est très fortement présent, et le restera jusqu'à la fin. Mais j'ai tenu le coup, grâce au formidable talent de Jean-Michel Guenassia.

C'est l'histoire de Michel Marini, un adolescent nul en maths, qui a pour habitude de jouer régulièrement au baby foot au Balto. Cette brasserie parisienne comporte une arrière salle qui l'intrigue beaucoup. Le jour où il décide enfin d'aller voir ce qui s'y passe, il découvre et se passionne pour un club d'échecs dont les membres sont principalement des réfugiés politiques de l'Europe de l'Est, qui ont trouvé asile en France. C'est ainsi qu'il va se lier d'amitié avec les membres du Club des Incorrigibles Optimistes, car, comme ils le disent eux-mêmes, si eux ne sont pas optimistes, qui le sera ? Le fil conducteur du roman est donc l'histoire de Michel, son adolescence, sa rencontre avec les membres du club, son évolution dans la vie... Le tout intelligemment ponctué par le passé de ces Incorrigibles Optimistes, qui ont dû tout quitter, femmes et enfants, travail, richesse et notoriété, pour fuir leur pays et rejoindre la France, où ils pourront enfin être libres.

On se prend facilement d'amitié pour Michel, qui a une vie d'adolescent ordinaire mais ponctuée de drames familiaux poignants. Le moindre événement de sa jeunesse est raconté par l'auteur de manière si réelle qu'on se croirait presque à l'intérieur de l'histoire... Les membres du Club sont tous aussi intéressants et charismatiques les uns que les autres, et une fois l'histoire entamée, à aucun moment je n'ai souhaité abandonner ce livre. Je voulais absolument savoir quel était le passé, l'histoire de tous les personnages et découvrir leurs mystères. Car on sent qu'il y a quelque chose à découvrir derrière toute cette histoire, notamment à travers un personnage, Sacha, dont on ne saura rien jusqu'aux dernières pages bouleversantes de ce roman.

Alors oui l'aspect politique est omniprésent. Mais la plume fluide et simple de l'auteur, et sa manière de raconter les choses les plus terribles avec tant d'optimisme font qu'on s'accroche à ce livre prenant et addictif, que je conseille vivement. C'est le 2e Goncourt des Lycéens que je lis, et je suis tout aussi enchantée que pour le 1er, Du domaine des murmures, qui m'avait émerveillée. Ce prix semble être une valeur sûre, je compte bien m'y pencher un peu plus attentivement...