vendredi 21 juin 2013

28 - Bleu de Sèvres

Auteur : Jean-Paul Desprat
Éditeur : Seuil
Publié en : 2006

Pour changer un peu mes habitudes du moment, je reviens à mes premières amours littéraires : la fiction historique. J'ai en effet été bercée dans ma jeunesse par les grands classiques de Juliette Benzoni, Jeanne Bourin, Max Gallo ou encore Christian Jacq. Quelle joie de découvrir un autre de ces auteurs phares du genre, Jean-Paul Desprat.

La célèbre porcelaine de Sèvres est un savant mélange de sciences et d'art... tout comme Bleu de Sèvres, ce premier tome de la trilogie qui lui est consacrée. Nous sommes ici plongés dans une France du XVIIIe siècle, gouvernée par Louis XV et sa "bonne amie", la marquise de Pompadour, qui se vante d'avoir un goût sûr pour les arts et influence grandement les choix du roi en la matière. C'est ainsi que la porcelaine de Sèvres connait sa renommée, sous la direction de la marquise, qui souhaite que la France maîtrise cet art aussi bien que les pays d'Orient. Déjà pionnière dans sa fabrication de la porcelaine tendre, il ne reste plus qu'un pas vers la perfection : la découverte du secret de la pâte dure et du kaolin. C'est sur ce fond historique que notre intrigue prend place. Anselme et Mathieu Masson, après avoir enterré leur mère, confié leur petit frère à un collège jésuite et dit adieu à leurs proches, quittent leur Auvergne natale pour se rendre à Paris, où ils comptent bien briller : Anselme dans les sciences de la minéralogie et de la chimie, et Mathieu dans la musique. Très rapidement, Anselme va se retrouver à Sèvres, avec pour unique mission celle de découvrir les secrets de la porcelaine dure, tandis que son frère, aveugle et doué d'une sensibilité artistique très développée, va continuer son apprentissage de la musique auprès des plus grands de la capitale.

J'ai beaucoup aimé Bleu de Sèvres. L'écriture est très agréable, rendant accessible le fond historique, malgré quelques passages plus pédagogiques que narratifs... Mais dans l'ensemble le dosage est équilibré et très digeste, ce qui n'est pas une évidence dans ce genre de littérature. Au niveau de l'intrigue elle-même, on s'attache très rapidement à ces deux frères intrépides et pleins de rêves et d'ambitions, qui tentent leur chance à Paris, acceptant tout ce que cette ville peut leur apporter de bon ou de mauvais. Chaque personnage a son propre charisme et vous charme à sa manière... J'ai beaucoup aimé le contexte, les descriptions, les péripéties d'Anselme et de Mathieu... Et j'ai découvert beaucoup de choses concernant la fabrication et l'histoire de la porcelaine, en Orient et en Europe. Un sujet bien plus vaste qu'il n'y parait, et qui vaut bien que trois tomes de cette histoire lui soient consacrés !

Je m'attaque donc au second tome, Jaune de Naples, afin de découvrir la suite de cette aventure instructive, palpitante et pleine de surprises !


"Lorsque l'on a pris la cadence et le rythme de la vie de Paris, il en est toujours ainsi des délais que la succession des événements impose à ceux qui caressent la fortune. Un temps marqué, qui paraîtrait normal à tout autre homme de la terre, prend dans la capitale le caractère de quelque chose d'interminable et d'injuste."

"L'exigence est la vertu des âmes supérieures, le réflexe qui les porte à toujours désirer quelque chose de neuf pour ne pas s'ennuyer ni éprouver de sentiments communs. "


mardi 11 juin 2013

27 - Le Club des Apprentis Criminels

Auteur : Audrey Françaix
Éditeur : Octobre
Publié en : 2012


Je suis décidément gâtée avec les nombreuses opérations Masse Critique organisées par Babelio et nos chers éditeurs français. Le Club des Apprentis Criminels est arrivé dans ma boîte aux lettres la semaine dernière, et je me suis empressée de découvrir cette histoire qui promettait d'être bien loufoque et distrayante.

Commençons par l'intrigue... Une bande de vieux (je pourrais dire "personnes âgées" pour être plus politiquement correcte, mais ça ne cadre pas avec le ton de l'ouvrage) qui se connaissent plus ou moins se trouvent réunis suite au décès d'une connaissance commune. Se rajoute à ce petit groupe un jeune garçon qui passe son temps à tenir compagnie aux pensionnaires en fin de vie des "Jours Heureux", une maison de retraite de haut standing. Mais un invité imprévu et indésirable, suivi d'un tragique accident, et ce petit groupe se retrouve vite dans l'embarras et doit prendre une décision : condamner l'un des leurs ou bien masquer son crime pour les protéger tous. La victime étant un homme horripilant à souhait, un déchet de la nature, le choix est vite fait. C'est ainsi que ce secret partagé va donner naissance au Club des Apprentis Criminels, une bande de "justiciers" qui élimine petit à petit ses ennemis... alors qu'un "Justicier Sanglant" rôde déjà dans la ville depuis quelques années, exécutant la sentence que la justice n'a pas été capable de prononcer.

Les situations cocasses et les meurtres s'enchaînent de la première à la dernière page, dans un rythme effréné et souvent drôle et distrayant. Mais j'ai eu parfois l'impression que c'était trop. Trop de meurtres, trop de tournures de phrases qui se veulent piquantes et originales, trop de situations incontrôlables... On finit par tout anticiper et ne plus s'étonner de rien. Il aurait fallu un peu plus de souffle au texte pour laisser au lecteur le temps de digérer ce qu'il lit et de se poser des questions sur la moralité de cette histoire. Par contre, un bon retournement de situation aux 3/4 du roman change un peu la donne et redonne de l'intérêt à l'histoire.  J'ai beaucoup aimé la fin également, pleine d'émotion. Le Club des Apprentis Criminels a donc été pour moi un roman certes vite lu, mais marrant et avec lequel j'ai passé un bon moment.

Encore merci aux éditions Octobre et à Babelio pour ces Masse Critique qui me ravissent à chaque découverte !


"Le petit Michel était orphelin. C'était peut-être pour ça qu'il s'en tirait mieux que le grand Kévin. Parfois, il était préférable de ne pas avoir de parents, plutôt que de se coltiner des cinglés obsédés par l'idée de transmettre à leur progéniture le gène de la débilité."

"- Wouaouh ! s'exclama Paul. Si on m'avait dit qu'elle cachait un flingue sous sa robe de nonne, je l'aurais cru... mais je n'aurais pas imaginé qu'elle ait osé s'en servir !
"

vendredi 7 juin 2013

26 - Gatsby le Magnifique

Auteur : Francis Scott Fitzgerald
Éditeur : Grasset
Publié en : 1996

Grand classique de la littérature américaine, cela faisait un moment que j'avais cet ouvrage de F. Scott Fitzgerald dans ma liste de livres à lire. Et bien c'est chose faite (merci le Festival de Cannes), et ce fut une très belle découverte !

C'est un monde au-delà de notre imagination qui nous est présenté ici, un monde dans lequel l'argent et l'alcool coulent à flots, où la jeunesse dorée passe son temps à s'amuser, à s'enivrer, à profiter de la vie. Un monde qui a réellement existé, caractéristique des célèbres soirées américaines des années 20. Jay Gatsby est un richissime célibataire qui organise jour et nuit de somptueuses fêtes ouvertes à tous. Il se trouve que le narrateur de l'histoire, Nick Carraway, de situation beaucoup plus modeste, habite juste à côté de cette splendide demeure. Il se fait inviter un jour à l'une de ces soirées, et rencontre enfin cet homme entouré de mystères, que personne ne connait réellement et qui va devenir en quelque sorte son ami.

Les apparences sont souvent trompeuses et la réalité bien plus sordide que ce qu'elle parait. Tout au long du roman, F. Scott Fitzgerald va lever le voile sur ce Gatsby, et sur qui il est réellement. A travers une histoire d'amour improbable et impossible, il nous parle de ce fossé entre riches et pauvres, de l'importance de l'argent pour cette société si respectueuse des apparences, et de la déchéance vers laquelle peut mener ce monde factice plein de paillettes et de sentiments refoulés.

J'ai trouvé l'écriture très belle, certains paragraphes sont magnifiques et tellement poétiques. J'avais un peu peur de m'ennuyer (les classiques sont souvent géniaux, mais pas forcément palpitants). Et bien ça n'a à aucun moment été le cas, j'ai été captivée par l'histoire et par ce mystère que j'avais hâte de comprendre et de découvrir. Un vrai régal, que je recommande à tous.


"Ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu'enferme un homme dans les illusions de son cœur."

"J'avais trente ans. Devant moi s'allongeait la formidable, la menaçante route d'une nouvelle décennie."

"Tom et Daisy étaient deux êtres parfaitement insouciants - ils cassaient les objets, ils cassaient les humains, puis ils s'abritaient derrière leur argent, ou leur extrême insouciance, ou je-ne-sais-quoi qui les tenait ensemble, et ils laissaient à d'autres le soin de nettoyer et de balayer les débris."


 

dimanche 2 juin 2013

25 - Le tueur aveugle

Auteur : Margaret Atwood
Éditeur : Robert Laffont
Publié en : 2002


2e livre à lire pour le Club Sormand, Le tueur aveugle est semble-t-il un classique de la littérature canadienne. Des critiques élogieuses composent la 4e de couverture, telles que "Du Jane Austen en très noir. Superbe." (International Herald Tribune). C'est donc avec beaucoup d'attentes que j'ai entamé de pavé de 600 pages...
En ce qui concerne Jane Austen, je n'ai pas du tout vu où se trouve la ressemblance. Toute famille a des secrets, plus ou moins noirs, plutôt noirs en ce qui concerne la famille Chase. Iris Chase, une vieille femme qui sent la fin venir, nous raconte l'histoire de sa famille au travers de ce XXe siècle chargé en crises sociales et financières, et en guerres meurtrières. Nous suivons ainsi l'histoire des Chase, depuis les grand-parents d'Iris, à l'origine de la richesse et de la puissance de la famille, à sa soeur, Laura, une jeune fille perdue, ballotée par les événements, jusqu'à sa mort dans un accident de voiture à 25 ans. Des événements qui prennent sens peu à peu pour le lecteur...
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire. On a ici une véritable "poupée russe". Il y a l'histoire des derniers mois d'Iris. Puis l'histoire qu'elle nous relate au fil des pages, celle de sa famille. Mais il y a, parallèlement à tout ça, le roman posthume de Laura Chase, qui comporte une histoire entre un homme et une femme, mais également une histoire totalement différente que cet homme invente au fur et à mesure, de la pure science-fiction. Les chapitres se suivent et ne parlent pas de la même chose, c'est assez déroutant. Mais au final, on se prend d'affection pour Iris et Laura, et on s'habitue à ces différentes histoires, on finit par se poser tellement de questions qu'on attend impatiemment la suite afin d'en connaitre enfin les réponses.
 
Malgré cette construction bizarre et quelques longueurs, surtout vers la fin de l'ouvrage qui tarde à venir, j'ai passé un bon moment avec ce Tueur aveugle. Alors certes je m'attendais à mieux, mais je ne suis pas déçue pour autant.


"Reenie disait que Dieu faisait les gens comme elle faisait le pain, que c'était pour cela que les ventres des mamans grossissaient quand elles allaient avoir un bébé : c'était la pâte qui levait."