vendredi 28 novembre 2014

45 - Docteur Sleep

Auteur : Stephen King
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2013

Shining a été mon premier roman de Stephen King, et pourtant je l'ai lu il y a à peine 3 ans... Contrairement à la majorité, mes souvenirs sont donc encore assez nets, et les questions que m'ont laissées les dernières pages également : que devient le petit Danny ? comment son Don évolue-t-il ? comment un petit garçon qui a un fardeau aussi lourd à porter et qui a vécu tant d'horreurs peut-il affronter la vie ? Merci à Stephen King d'avoir répondu à ces questions dans Docteur Sleep.

Docteur Sleep, c'est Dan. Le petit Danny a bien grandi, a mal tourné, a touché le fond, s'est retrouvé aux Alcooliques Anonymes, puis a finalement choisi d'utiliser son Don pour aider les pensionnaires mourants d'un hospice à passer de l'autre côté, donnant ainsi enfin un sens à sa vie... Dan a eu maintes fois l'occasion de croiser des personnes possédant le Don, à plus ou moins grande échelle, parfois juste une étincelle. C'est le cas d'Abra, qui a "touché" l'esprit de Dan pour la première fois alors qu'elle avait à peine 2 mois, tant ce Don en elle est puissant. Et puis il y a ces "vampires" qui se font appeler le Nœud Vrai, vivant sur les routes, à la recherche d'enfants possédant ce Don, les kidnappant, les torturant pour les presser comme des oranges et se nourrir de leur vapeur. À partir de là, il est enfantin d'imaginer la réaction du Nœud Vrai lorsqu'ils vont capter l'existence d'Abra, et la puissance exceptionnelle de son Don... Ah oui, j'oubliais, et ne croyez pas que les cendres de l'Overlook ont enterré tous ses fantômes !

J'avais bien aimé Shining, mais sans plus. Par contre j'ai dévoré Docteur Sleep, que j'ai trouvé bien plus dense, bien plus intense, bien plus prenant que son aîné, auquel il donne même plus de substance par ses révélations. Les éléments d'un bon Stephen King sont évidemment là, comme le thème de l'addiction, à l'alcool bien sûr, mais également l'addiction du Nœud Vrai à la vapeur. Les personnages sont aboutis, psychologiquement fascinants, et on n'a aucun mal à s'attacher à eux, ni à les suivre dans leurs aventures. J'ai trouvé l'histoire superbe, jouant plus sur nos émotions que sur nos frayeurs pour une fois, pleine de suspense, d'action et de renversements de situation qui nous font rapidement oublier qu'on a un pavé de 600 pages entre les mains.

J'ai adoré, et je le recommande sans hésiter à tous ceux qui ont lu et aimé Shining, bien entendu (quant aux autres, qu'est-ce que vous attendez pour vous y mettre ???).


L'esprit est un tableau noir. L'alcool, la brosse à effacer.

L'avantage de vieillir, c'est de ne plus avoir peur de mourir jeune.

Les bébés vous raconteraient tous les secrets de l’univers, si seulement ils pouvaient parler. [...] sauf que le bon Dieu s’était arrangé pour que, le temps qu’ils soient capables de dire autre chose que gouh-gouh-gah-gah, ils aient tout oublié, comme nous oublions nos rêves, même les plus lumineux, quelques heures à peine après le réveil.


mercredi 19 novembre 2014

44 - Le Cycle d'Elric T4 - Elric le nécromancien

Auteur : Michael Moorcock
Éditeur : Pocket
Publié en : 2006

Suite à la découverte des trois premiers tomes du Cycle d'Elric, il ne m'a pas fallu bien longtemps pour me replonger dans les aventure de l'empereur albinos avec Elric le nécromancien.

Les aventures se succèdent à une allure frénétique dans ce 4e tome. Elric va enfin avoir sa vengeance contre son cousin, mais pour cela il subira une perte immense. C'est plein d'amertume, de chagrin et de désespoir, que l'empereur maudit partira à la recherche d'une unique vérité : quel est le sens de sa vie ? Comme dans les tomes précédents, il vivra ainsi des aventures, certes un peu moins fantastiques, mais tout aussi intéressantes, accompagné de compagnons de fortune rencontrés au fil de l'histoire, tel le fidèle Tristelune.

La magie opère toujours avec ce 4e tome, que j'ai dévoré. J'ai cependant eu un goût de trop peu, l'histoire passe trop vite, j'aurais préféré que chaque aventure d'Elric soit un peu plus détaillée, un peu plus compliquée. Mais ce ne sont que des détails, qui n'entachent en rien mon plaisir de lecture.

À bientôt pour le 5e tome !


Je me demande parfois, Elric, si votre ténébreuse destinée n’est pas la création de votre imagination morbide.

Elric, dernier Seigneur de Melniboné, dernier adorateur de ses dieux grotesques et merveilleux. Elric, pillard sans scrupules, aventureux et insouciant, tueur cynique, homme déchiré par une douleur immense, portant le poids d'un savoir qui eût fait perdre la raison à tout autre. Elric, créateur de délires fous, se vautrant parfois dans des délices insensées... 
   
Ainsi donc, dit-il, je vivrai ma vie sans jamais savoir pourquoi je la vis, sans savoir si elle a un but ou non. Peut-être le Livre aurait-il pu me le dire...mais l'aurais-je cru ? Je suis l'éternel sceptique, qui ne saura jamais avec certitude si ses actions sont bien les siennes, ou s'il est guidé par une entité ultime.

 

Comptines et racontines pour les p'tits mangeurs de tartines

Auteurs : Nicole Amran / Christian Heinrich
Éditeur : Pocket Jeunesse
Publié en : 2014

Le dernier Masse Critique m'a permis de découvrir cet album jeunesse : Comptines et racontines pour les p'tits mangeurs de tartines. Un grand merci à l'éditeur et à Babelio !

J'avoue que c'est le titre qui m'a au premier abord attirée vers ce recueil de comptines (il en faut peu, hein ?). Mais lorsque je l'ai reçu et ouvert, j'ai découvert un album très agréable à lire, aussi bien pour les grands que pour les petits, plein de comptines toutes douces, parfois un peu philosophiques aussi (mais les enfants ne se posent-ils pas des questions hautement philosophiques ?). Et pour ne rien gâcher, les illustrations sont toutes jolies et collent parfaitement à la poésie des textes.

Un vrai régal !


Ma grand-mère est toute petite,
Mon grand-père n'est pas très grand,
Alors, expliquez-moi vite
Pourquoi on dit "grands" parents?


 

lundi 17 novembre 2014

43 - Le lecteur de cadavres

Auteur : Antonio Garrido
Éditeur : Grasset
Publié en : 2014

Ce livre me fait de l’œil depuis sa sortie, grâce à la chronique de Gérard Collard (que vous trouverez ici). 

Nous sommes dans la Chine impériale du XIIIe siècle, gouvernée par la dynastie Song, et nous faisons la rencontre de Cí, un jeune homme féru de connaissances, dont l'unique souhait est d'étudier à l'université de Lin'an, la capitale de l'Empire. Mais Cí, en fils obéissant, doit suivre son père et sa famille lorsqu'ils retournent dans leur village natal. Là, il devra travailler durement dans les champs de son frère et abandonner son rêve. Lorsque son frère est arrêté pour meurtre, que son père et sa mère périssent dans l'incendie de leur maison, qu'il se retrouve seul avec sa sœur malade et qu'il se découvre le jouet de puissants qui cherchent à s'enrichir sur son dos, Cí n'a plus qu'une seule option : fuir son village et se rendre avec sa sœur à Lin'an, où il trouvera les remèdes pour la soigner et commencer une nouvelle vie... et peut-être une nouvelle chance de réaliser son rêve.

Quel dépaysement que ce Lecteur de cadavres ! Nous sommes plongés dans la Chine médiévale, avec ses us et coutumes, ses traditions, sa pensée confucianiste, sa misère, son organisation, ses crimes... Rien que pour ça, ce livre vaut la peine qu'on s'y arrête. Ce récit exotique est extrêmement bien documenté, même si on ne sait pas vraiment où est la frontière entre réalité et fiction, et tout est décrit de telle sorte que le lecteur est absorbé par le cadre, l'histoire, les odeurs... Et malgré les 600 pages, on ne s'ennuie jamais. L'histoire en elle-même, inspirée de la vie de Song Cì, connu comme étant le premier médecin légiste, est pleine de rebondissements, mais comme beaucoup l'ont dit avant moi, il y a une surenchère de malchance dans la vie de ce pauvre jeune homme, dont les péripéties personnelles auraient gagné à être plus simples. Néanmoins, cela n'enlève en rien le charme de cette histoire, le suspense de l'enquête, et ce décor envoûtant et passionnant...

Vous l'aurez compris, Le lecteur de cadavres m'a emballée, et je le recommande sans modération !


Il dit que les filles étaient comme la langouste : tout ce qu'elles faisaient, c'était manger et occasionner des dépenses. Ensuite, quand elles se mariaient, elles appartenaient à la famille de leur mari et c'était à lui de s'en charger, et à leurs beaux-parents dont elles s'occupaient jusqu'à leur mort.
- Et nous, elles nous oublient, ajouta-t-il. C'est un malheur de ne pas avoir d'enfants mâles. Eux, au moins, ils trouvent des femmes qui nous soignent quand nous sommes vieux.

Xu lui expliqua qu'il vivait avec ses deux épouses. Il avait eu trois filles mais, par chance, il avait réussi à les marier, si bien qu'il en était débarrassé. 

Le jus de chat était en effet un revigorant. Mais Cí n'était pas très sûr que le procédé employé pour l'obtenir fût à son goût.
- Si un jour tu as pressé une éponge, tu pourras l'imaginer, lui expliqua la femme en lui servant un autre verre. On attrape un beau chat et on lui brise les os avec un marteau en prenant soin de ne pas lui écraser la tête afin qu'il reste vivant. On le laisse reposer un peu et on met le feu à ses poils. Puis on l'ébouillante et on l'assaisonne à son goût. Après une heure de cuisson, on filtre dans un pichet, et voilà.

   

lundi 3 novembre 2014

42 - Misery

Auteur : Stephen King
Éditeur : J'ai Lu
Publié en : 1994 (écrit en 1990)

Cela fait bien longtemps que je me dis que ce serait bien de me plonger dans l’œuvre de Stephen King. Mais une liste de livres à lire qui n'en finit pas de déborder a maintes et maintes fois repoussé ce projet. Heureusement, mon club de lecture CaroLire a mis 2 titres de l'auteur en tête de liste pour la fin de l'année, Misery et Docteur Sleep. J'ai commencé par Misery, certainement par souci chronologique...

Annie Wilkes est une ancienne infirmière au passé trouble et sanglant, complètement maniaco-dépressive, et fan de la série de romans Misery Chastain. L'auteur de ces romans, Paul Sheldon, est victime d'un grave accident de la route, et se réveille douloureusement, les jambes en miettes, dans une chambre de la maison d'Annie, qui l'a bien sûr reconnu, soigné et drogué au Novril...
Mais Annie Wilkes est justement en train de lire le dernier opus des aventures de Misery, et ne sait pas encore que l'auteur, las de ce personnage et de ces histoires populaires qu'il assimile à de l'argent facile et de la mauvaise littérature, a fait mourir la protagoniste de ses romans, espérant ainsi pouvoir enfin se consacrer à des histoires plus sérieuses, qui mettront enfin son génie en lumière...
Reste à savoir à quel point la mort de son héroïne va contrarier Annie...

Je viens juste de terminer Misery, et j'en tremble encore. J'ai pourtant eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire au début, je n'arrivais pas à éprouver ni sympathie ni empathie pour Paul, ni dégoût pour Annie... Et bien je peux vous dire que ça a vite changé ! Annie Wilkes est un personnage fascinant, complexe. Elle est totalement imprévisible et pour moi c'est elle qui tient tout le roman du début à la fin, qui garde notre intérêt intact. Tout comme Paul Sheldon, on craint chacune de ses réactions, et lorsqu'il projette quelque chose, on ne peut s'empêcher d'imaginer ce que l'esprit complètement tordu d'Annie va bien pouvoir inventer pour le punir. Et tout comme Paul Sheldon, on bascule vite dans l'horreur et le malsain. Je pense notamment à la fameuse scène de la hache, ou encore à la bougie du gâteau d'anniversaire (j'en ai encore des frissons brrrrr).

Stephen King n'utilise aucun artifice surnaturel dans Misery, mais le résultat est au rendez-vous, car l'auteur maîtrise à la perfection son récit, nous amenant crescendo jusqu'au grand final tant attendu, aussi horrible et dérangé qu'on aurait pu l'espérer, et tellement jouissif !

J'ajoute qu'en tant que membre de la grande famille Édition, je ne pouvais pas rester insensible au Retour de Misery, qu'Annie l'oblige à écrire afin de ressusciter son idole. Avoir deux romans en un, qui se "parlent" tout au long de l'ouvrage, c'est une cerise sur le gâteau que j'ai pu savourer à sa juste valeur (même si on est bien d'accord que les romans à l'eau-de-rose et complètement tordus comme les aventures de Misery Chastain ne sont pas du tout ma tasse de thé, hein ? xD).

Voilà, je finirais en disant qu'à mon avis, le nom d'Annie Wilkes (brrrr) me fera frissonner encore bien longtemps après avoir refermé ce livre...


Fous un écrivain à poil, fais le tour de ses cicatrices, et il te racontera en détails l'histoire de la plus petite d'entre elles. Les grandes sont à l'origine de tes romans, pas l'amnésie. C'est tout à fait utile d'avoir un peu de talent pour devenir écrivain, mais la seule chose qui soit absolument indispensable, c'est la capacité de se souvenir de la moindre cicatrice.

Tenez, Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, et cet espèce de bouseux du Mississippi, Faulkner, un truc comme ça ; eh bien, ces types ont beau avoir gagné le prix Pulitzer ou le prix Machin, c'étaient rien que des voyous, des biscornouilles d'ivrognes.