lundi 17 novembre 2014

43 - Le lecteur de cadavres

Auteur : Antonio Garrido
Éditeur : Grasset
Publié en : 2014

Ce livre me fait de l’œil depuis sa sortie, grâce à la chronique de Gérard Collard (que vous trouverez ici). 

Nous sommes dans la Chine impériale du XIIIe siècle, gouvernée par la dynastie Song, et nous faisons la rencontre de Cí, un jeune homme féru de connaissances, dont l'unique souhait est d'étudier à l'université de Lin'an, la capitale de l'Empire. Mais Cí, en fils obéissant, doit suivre son père et sa famille lorsqu'ils retournent dans leur village natal. Là, il devra travailler durement dans les champs de son frère et abandonner son rêve. Lorsque son frère est arrêté pour meurtre, que son père et sa mère périssent dans l'incendie de leur maison, qu'il se retrouve seul avec sa sœur malade et qu'il se découvre le jouet de puissants qui cherchent à s'enrichir sur son dos, Cí n'a plus qu'une seule option : fuir son village et se rendre avec sa sœur à Lin'an, où il trouvera les remèdes pour la soigner et commencer une nouvelle vie... et peut-être une nouvelle chance de réaliser son rêve.

Quel dépaysement que ce Lecteur de cadavres ! Nous sommes plongés dans la Chine médiévale, avec ses us et coutumes, ses traditions, sa pensée confucianiste, sa misère, son organisation, ses crimes... Rien que pour ça, ce livre vaut la peine qu'on s'y arrête. Ce récit exotique est extrêmement bien documenté, même si on ne sait pas vraiment où est la frontière entre réalité et fiction, et tout est décrit de telle sorte que le lecteur est absorbé par le cadre, l'histoire, les odeurs... Et malgré les 600 pages, on ne s'ennuie jamais. L'histoire en elle-même, inspirée de la vie de Song Cì, connu comme étant le premier médecin légiste, est pleine de rebondissements, mais comme beaucoup l'ont dit avant moi, il y a une surenchère de malchance dans la vie de ce pauvre jeune homme, dont les péripéties personnelles auraient gagné à être plus simples. Néanmoins, cela n'enlève en rien le charme de cette histoire, le suspense de l'enquête, et ce décor envoûtant et passionnant...

Vous l'aurez compris, Le lecteur de cadavres m'a emballée, et je le recommande sans modération !


Il dit que les filles étaient comme la langouste : tout ce qu'elles faisaient, c'était manger et occasionner des dépenses. Ensuite, quand elles se mariaient, elles appartenaient à la famille de leur mari et c'était à lui de s'en charger, et à leurs beaux-parents dont elles s'occupaient jusqu'à leur mort.
- Et nous, elles nous oublient, ajouta-t-il. C'est un malheur de ne pas avoir d'enfants mâles. Eux, au moins, ils trouvent des femmes qui nous soignent quand nous sommes vieux.

Xu lui expliqua qu'il vivait avec ses deux épouses. Il avait eu trois filles mais, par chance, il avait réussi à les marier, si bien qu'il en était débarrassé. 

Le jus de chat était en effet un revigorant. Mais Cí n'était pas très sûr que le procédé employé pour l'obtenir fût à son goût.
- Si un jour tu as pressé une éponge, tu pourras l'imaginer, lui expliqua la femme en lui servant un autre verre. On attrape un beau chat et on lui brise les os avec un marteau en prenant soin de ne pas lui écraser la tête afin qu'il reste vivant. On le laisse reposer un peu et on met le feu à ses poils. Puis on l'ébouillante et on l'assaisonne à son goût. Après une heure de cuisson, on filtre dans un pichet, et voilà.

   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire