lundi 23 mai 2016

14 - La vengeance du wombat et autres histoires du bush

Auteur : Kenneth Cook
Éditeur : Le Livre de Poche

C'est à l'occasion d'une session de mon club de lecture consacrée aux nouvelles que je me suis lancée dans ce titre de Kenneth Cook. Je trouvais le titre drôle, et le sujet intéressant, promettant de belles rigolades en perspective...

Le narrateur est un écrivain bedonnant, la cinquantaine, pas sportif pour un sou, porté sur la boisson, qui parcours les contrées reculées australiennes, le fameux bush, à la recherche d'histoires à écrire. Et on peut dire qu'il a le chic pour se mettre dans des situations totalement improbables au contact de la faune locale et des autochtones... Alors de nouvelle en nouvelle, il va se faire attaquer par un wombat, encourir la vengeance d'un kangourou ingrat ou encore sur un bateau remorqué loin des côtes par un énorme requin... Et j'en passe.

Alors oui, il y a certains moments où sa poisse, sa trouille, et sa malchance nous font rire. Mais il faut bien avouer que le reste du temps, je me suis bien ennuyée, à me demander "pourquoi". Les mauvais plans, on les vois arriver dès les premières lignes de chaque nouvelle, et notre écrivain ne peut s'empêcher d'y foncer tête baissée, sans avoir retenu la leçon de ses mésaventures précédentes (ou pire, il s'en rappelle, mais il retourne quand même à l’échafaud). 

Voilà, moi j'ai trouvé ça drôle, mais à petite dose... Heureusement c'était tout de même très dépaysant !


Au clair de lune comme à l’aurore, l’endroit est serein, charmant, parfait pour le repos et la méditation.
Ne vous en approchez jamais.
Il est truffé de wombats redoutables.
J’aimais beaucoup les wombats, avant. A première vue, ces aimables créatures ressemblent à des oursons, se baladent tranquillement la nuit et mastiquent innocemment des racines. La vérité est tout autre.  


De nos jours, le quokka est toutefois considéré par tous comme étant inoffensif, en raison de sa petite taille ; ce qui s’inscrit dans une longue série de grandes illusions qu’entretiennent les gens sur les marsupiaux d’Australie. Comme la plupart sont petits, les gens ne les croient pas dangereux. Quelle bévue !  

Le taux d'échec des kangourous au saut de clôture est très élevé. Ils effectuent un bond déterminé à leur approche, s'élèvent gracieusement dans les airs, se prennent habituellement les pattes arrières dans le haut de la clôture et tombent la tête la première.ils se relèvent ensuite, l'air idiot , et s'en vont en clopinant. 

mercredi 18 mai 2016

13 - Gagner la guerre

Auteur : Jean-Philippe Jaworski
Éditeur : Folio

Ça y est, après un bon mois je viens enfin de terminer Gagner la guerre. On me l'avait mis dans les mains en me disant que ce livre était génial, et je me suis empressée de m'y plonger. 

Dans un monde fortement inspiré de la Renaissance Italienne et de l'Antiquité Romaine, additionné de magie et d'elfes, nous suivons les aventures de Benvenuto Gesufal, membre de la guilde des Chuchoteurs placé sous les ordres du Podestat de la République : Leonide Ducatore. Personnage haut en couleurs, assassin émérite, maître espion, Benvenuto va pourtant être l'instrument des manigances de son patron, et sera ainsi balloté au travers d'intrigues politiques qui le placeront sans cesse sur la corde raide...

Il m'a fallu un peu de temps pour rentrer dans l'histoire, puisque j'ai été profondément déstabilisée au premier abord par des intrigues politiques dont je ne comprenais pas grand chose... Mais comme on m'a dit "lis ce livre, il est génial", j'ai persévéré un peu, et je suis rapidement tombée dans l'effet totalement inverse, je n'arrivais plus à me sortir cette histoire de la tête... C'est un pavé, plein d'aventures et de rebondissements, mais qu'on prend quand même le temps de savourer car l'univers créé par Jean-Philippe Jaworsky est tellement riche, aussi bien sur le plan politique que sur la psychologie des personnages, qu'on ne peut pas juste s'y attarder en passant. L'écriture est juste sublime, un langage à la fois recherché et très édulcoré, totalement à l'image du narrateur, Benvenuto. Et l'intrigue tient du pur génie.

J'avoue que j'ai un pincement au cœur à refermer définitivement cet ouvrage qui m'a tenue en haleine si longtemps... Gros coup de cœur !


Je suis allergique aux enterrements. Ça peut sembler bizarre, compte tenu de mon fonds de commerce, mais c’est ainsi. J’ai mes raisons. Tuer et inhumer, c’est deux activités très différentes. Buter un quidam, pour un affranchi, c’est gratifiant. Ça demande un minimum de cœur au ventre, ça nécessite un vrai sens du contact, c’est un peu sale, c’est rapide, c’est payant : bref, c’est une réelle expérience humaine, directe et sans complications. Enterrer le même quidam, par contre, quelle corvée ! C’est codifié, grégaire, faux cul, interminable. Ça sublime toutes les vicissitudes du banquet de mariage, en noir et sans le pince-fesse. La douleur sincère de quelques naïfs copule d’obscène manière avec les larmes obligées du plus grand nombre.

Chez les gens de qualité, faire assaut de charme est une seconde nature. C’est un divertissement, comme l’escrime, la guerre et la politique. Personne n’est dupe : on s’entraîne à croiser le fer, à toucher et à prendre… On s’engage à mots couverts et à sentiments mouchetés, on soigne la manière sans chercher à conclure, tout le plaisir réside dans la manœuvre et dans le mot d’esprit. Du moins, tant qu’on garde la maîtrise du jeu. 

Je sers l’État, ce qui implique que je dois parfois lui sacrifier certaines valeurs. Mais c’est parce que la République est portée par des êtres tels que moi que les personnes de qualité comme vous peuvent se permettre le luxe d’une moralité sans faille.