mardi 22 décembre 2015

25 - La légende de Hawkmoon - Intégrale 1

Auteur : Michael Moorcock
Éditeur : Pocket

C'est un nouveau Masse Critique qui m'a offert cette lecture, et encore une fois c'est une très belle découverte. Je ne remercierai jamais assez Babelio et les éditeurs partenaires (ici Pocket) pour ces opérations qui font la joie des lecteurs.

Suite au Tragique Millénaire, le monde et la civilisation sont retournés à un âge moyenâgeux. Le comte Airain dirige un petit état en France, que l'on appelle la Kamarg, et s'emploie tant bien que mal à repousser les assauts de la Granbretanne, qui a lancé une conquête cruelle et dévastatrice de l'Europe. Dorian Hawkmoon, duc de Köln en Germanie, a été fait prisonnier par le Baron Meliadus, qui le contraint à se rendre en Kamarg afin d'enlever Yisselda, la fille du comte Airain, et ainsi forcer ce dernier à plier genou devant l'ennemi...

J'ai découvert Michael Moorcock il n'y a pas si longtemps, avec les premiers tomes du cycle d'Elric, que j'avais dévorés. On m'avait bien annoncé la qualité des autres écrits de l'auteur, et j'attendais avec impatience de recevoir le premier tome de l'intégrale de La légende de Hawkmoon. Et j'ai tout simplement a-do-ré ! J'ai retrouvé ici, dans une histoire toute différente, les éléments que j'avais tant appréciés en lisant Elric : une intrigue originale, un univers passionnant, magique et envoûtant, des personnages réellement attachants, charismatiques, et surtout cette impression, à chaque fois que j'ouvre le livre et que je me replonge dans l'histoire, d'être dans un conte, dans un rêve, qui me porte bien loin de ma réalité. Et ça fait un bien fou.

La légende de Hawkmoon est un vrai coup de cœur, c'est le genre de livre qui rend heureux, et j'en redemande ! Je n'ai pas pu trouver d'infos sur la sortie du 2e tome de l'intégrale, mais je me jetterai dessus dès qu'il sera en rayon, ça, c'est sûr ! En attendant, j'assouvirai mon impatience à découvrir le 2e cycle, Les chroniques du comte Airain, avec les anciennes éditions... ^_^



Il est écrit: "Celui qui prête serment sur le Bâton Runique imprime à sa destinée un tournant irrévocable. Que le sort lui soit contraire ou favorable, il devra subir la loi inflexible qu'il aura lui-même contribué à forger."

Les barons de Granbretanne s'étaient rendus maîtres de tout le continent; guerriers féroces et habiles stratèges, ils montraient dans les combats un grand mépris pour leur propre vie. L'âme corrompue et l'esprit enfiévré, ils haïssaient tout ce qui, autour d'eux avait échappé à la décadence... Un sourire gourmand aux lèvres, ils assistaient en ce moment à l'embrasement final de la dernière cité d'Europe. L'origine de cette ville se perdait dans la nuit des temps. On l'appelait Athéna. 

Le mistral était ce vent sauvage et glacé, qui soufflait sur la Kamarg pendant des mois et des mois, hurlant son lamento farouche jusqu'au printemps. Le comte aimait à chevaucher lorsque le mistral se levait. Il exposait son visage à la tourmente, jusqu'à ce que la peau couleur de bronze prenne une teinte écarlate. 

 

vendredi 20 novembre 2015

24 - Liavek

Auteurs : Megan Lindholm, Steven Brust & Gregory Frost
Éditeur : ActuSF

Dans les années 80, Emma Bull et Will Shetterly ont imaginé un univers Fantasy appelé Liavek, une cité magnifique de bord de mer, dans laquelle chaque personnage reçoit sa dose de chance à chaque anniversaire. Mais seuls les sorciers peuvent exploiter pleinement ce don. Liavek, avec sa magie, son univers au cœur d'intrigues politiques complexes, au carrefour de différents peuples et de différentes cultures grâce à son port, est ainsi devenu le cadre idéal pour de nombreux auteurs, qui en font fait avec le temps un univers partagé foisonnant et passionnant. De nombreuses nouvelles prennent donc leur essor dans cette cité, et l'anthologie proposée par les éditions ActuSF en regroupe cinq, deux écrites par Megan Lindholm, deux par Steven Brust et enfin la dernière, écrite à trois mains, avec le concours supplémentaire de Gregory Frost.

Cinq nouvelles ici, donc, mais qui ont la particularité de mettre en scène les mêmes personnages, dont Kaloo, une jeune fille qui a été adoptée peu après sa naissance par un couple de taverniers, et qui ne connait ni ses parents, ni son jour de chance, ou encore le comte Dashif, un sorcier qui a perdu ses pouvoirs, et qui est devenu un impitoyable agent de l'Éminence Écarlate, craint par le peuple. Au travers de ces cinq nouvelles, nous allons voir ces personnages évoluer, surtout Kaloo, en un ensemble très cohérent, qui fait qu'on n'a pas du tout l'impression d'être face à des nouvelles, mais bien face à un roman dans son ensemble. Même si l'écriture de Megan Londholm a toujours ce petit plus qui fait d'elle l'un de mes auteurs préférés, Steven Brust et Gregory Frost sont clairement à la hauteur et la transition de l'un à l'autre se fait tout en douceur.

C'est le nom de Megan Lindholm qui m'avait au premier abord attirée vers Liavek, ainsi que cette couverture magnifique (ça ne se voit pas sur l'image ci-dessus, mais les feuilles de la robe et les boucles d'oreilles sont en magnifiques fines dorures). Je ne savais rien de la cité Liavek, des univers de fiction partagés, je n'avais même pas vu que c'était un recueil de nouvelles et que deux autres auteurs y avaient participé. Et au final je ne regrette en rien cet achat, cette lecture qui m'a transportée dans ce monde passionnant et magique, aux côtés de Kaloo, tout au long de sa quête d'elle-même. 

J'ai juste trouvé ça trop court, mais j'ai toujours été gourmande ! Un vrai coup de cœur en tous cas !


PS : quel dommage qu'il y ait une si grosse faute sur la 4e (assasin royal), ça gâche un peu cette magnifique couverture, et j'espère sincèrement qu'elle sera corrigée en cas de réimpression...


Parfois un homme doit boire pour penser juste. Parfois, penser juste fait si mal qu’il vaut mieux s’enivrer.

La coïncidence est le fondement de toute magie.



mercredi 28 octobre 2015

23 - Le Pape, le Kid et l'Iroquois

Auteur : Anonyme
Éditeur : Sonatine

Le dernier Masse Critique a encore une fois fait mon bonheur, puisque j'ai gagné Le Pape, le Kid et l'Iroquois, ouvrage qui se situe dans la continuité de la saga du Bourbon Kid et de Pscyho Killer, de ce mystérieux auteur anonyme. Un grand merci aux éditions Sonatine et à Babelio !!!

Le livre sans nom, L'Œil de la Lune, Le cimetière du diable, Le livre de la mort sont les quatre ouvrages dans lesquels on découvre et on apprend à connaître le fameux Bourbon Kid, tueur sans pitié qui "pète un câble" lorsqu'il boit du whisky et se met à tuer tout le monde. D'un autre côté, Psycho Killer nous présentait l'Iroquois, un meurtrier tout aussi implacable, qui a froidement assassiné la moitié de la ville B Movie Hell. Je vous laisse imaginer ce qui pourrait se passer lorsque le Bourbon Kid reçoit pour mission de tuer l'Iroquois avant que celui-ci ne tue le Pape... et je suis persuadée que même si vous avez beaucoup d'imagination, vous êtes bien loin de la réalité.

Évidemment, plus on est de fous, plus on rit. Les ouvrages de cet auteur regorgent de personnages plus excentriques et déjantés les uns que les autres, et nos deux mastodontes du meurtre ne sont pas venus sans renforts... On retrouve ainsi avec beaucoup de plaisir Rodeo Rex, Elvis, Dante et Kacy, mais également Jack, Jasmine (personnage que j'adore et qui est en très grande forme dans ce tome), Devon Pincent et Bébé. Et bien sûr, toute histoire qui se respecte a son lot de nouveaux personnages, j'ai nommé (entre autres) Frankenstein, le Dr Jeckyll, Mozart... et le Pape. Celui qu'il faut sauver.

Dans Le Pape, le Kid et l'Iroquois, l'intrigue est plutôt du genre roman d'espionnage, comme dans Psycho Killer. Et l'auteur a introduit l'univers fantastique du Bourbon Kid avec brio dans ce thème, mélangeant agents secrets et zombies. De l'humour noir, il y en a toujours autant, ainsi que des références au cinéma populaire, "beaucoup" de sang et d'autres substances malodorantes comme toujours, un budget balistique très conséquent, des personnages tous plus fous les uns que les autres... le tout sur la bande originale de Grease entrecoupée de quelques chansons de Bugs Bunny. Tout ça nous donne un cocktail détonnant, bourré d'action et de rebondissements, et aucune morale. De la pure distraction en somme !

J'adore. Aussi bien le Bourbon Kid, que l'Iroquois, que leurs "amis", que leurs aventures... Tout est à prendre au premier degré, mais qu'est-ce que ça fait du bien de lire ce genre d'histoires de temps en temps ! Arrêtons un peu d'être sérieux. Et, au fait, au cas où vous ne l'auriez pas compris, j'attends impatiemment la suite !



"Oh, mon Dieu, tu l'as tué !"
L'iroquois se pencha par-dessus la falaise et regarda dans le vide. Puis il se retourna face à elle.
"Non, dit-il.
- Tu veux dire qu'il va bien ? il est pas mort ?
- Non. Il est mort.
- Donc, tu l'as tué ?
- Non. Il est tombé.
- Je t'ai vu de mes propres yeux le jeter dans le vide !"
Il y eut une pause le temps que l'Iroquois prenne en compte ce que Bébé venait de dire. "Non, il est tombé, répéta-t-il. Quand j'ai lâché sa jambe."

"Mais le truc, Jasmine, c'est que j'aime quand Denise me torture. Je suis un peu tordu, comme mec. Je prends grave mon pied. Mais toi, je doute que ça te plaise autant. Et Denise, ça la fait vraiment tripper d'entendre ses victimes hurler de douleur. D'ailleurs, tu sais quoi ? J'aimerais beaucoup t'entendre hurler de douleur, aussi.
- Vous n'avez qu'à passer du Justin Bieber", répliqua Jasmine, agacée par son discours à rallonge. 


mardi 13 octobre 2015

22 - Psycho Killer

Auteur : Anonyme
Éditeur : Sonatine


Psycho Killer, de cet auteur mystérieux qui signe Anonyme, nous présente un personnage haut en couleurs, directement sorti des films d'horreur, et surnommé l'Iroquois à cause de sa crête rouge. Un tueur impitoyable, effrayant, qui massacre sans frémir tout ce qui se trouve devant lui... Un psychopathe sanglant, qui vient d'effectuer une arrivée fracassante dans la paisible ville de B Movie Hell (oui, oui, c'est bien un nom de ville), en décapitant un jeune flic alors qu'il se soulageait dans les bois.

Cette nouvelle histoire d'Anonyme est un véritable hommage au cinéma. Aux films d'horreur bien évidemment, les plus célèbres, Halloween, Massacre à la tronçonneuse, et bien d'autres films dont j'ai bien sûr entendu parler mais que je n'ai jamais vus (je déteste les films d'horreur, mais en livre ça ne me dérange pas du tout), mais également à d'autres films tout aussi connus mais bien plus mielleux, comme Dirty Dancing ou Coyote Girls. Et ce mix culturel nous promet une histoire bien palpitante, et elle l'est sans conteste. De l'action, il y en a. De l'humour aussi, ainsi que des personnages comme toujours charismatiques et bien déjantés. Et au milieu de tout ça, une vraie intrigue digne d'un bon polar, avec des flics véreux ou pas, des faux agents du FBI, des innocents pas si innocents, du sexe et du sang bien entendu... et puis aussi, il faut l'avouer, quelques scènes kitsch à la James Bond !

J'avais tout de même un peu peur de me retrouver dans une pâle copie des aventures du Bourbon Kid, et j'espérais que l'auteur saurait se renouveler dans cette nouvelle histoire. Je n'ai pas été déçue, ça n'a rien à voir, et c'est tout aussi jouissif, mais de manière un peu différente, puisque tout en étant (légèrement) plus classique dans le thème du thriller/polar, Anonyme a su garder ce "petit" brin de folie et ce décalage qui m'ont fait adorer ses précédents romans. Et on retrouve bien cet humour noir et ces scènes complètement déjantées et très rock'n roll qu'on avait tant appréciées, toujours à prendre au premier degré, bien sûr !

Je le conseille, à tous les adeptes des ouvrages de l'auteur, aux fans de cinéma et à tous ceux qui souhaitent passer un bon moment sans se prendre la tête et ne se formalisent pas d'un peu de vulgaire et d'un trop plein d'hémoglobine.


- Quoi ? demande Fonseca.
- Le flic, hier, il l'a tué avec un couperet, c'est bien ça ?
- Oui. Pourquoi ?
- Massacre à la tronçonneuse. L'arme préférée du tueur, c'était un couperet.
- Vraiment ? Parce que même si je ne l'ai jamais vu, j'aurais plutôt imaginé que c'était une tronçonneuse.

Il semblait régner un chaos de tous les diables derrière elle, mais elle avait l’horrible sentiment que si elle se retournait pour voir ce qui se passait, elle verrait le psychopathe masqué lui courir après. S'il ressemblait aux tueurs masqués de la plupart des films d’horreur, il marcherait très lentement mais parviendrait tout de même à la rattraper. Aussi se fit-elle la promesse que si elle trébuchait, elle ferait ce qu'il y avait de plus censé à faire, c'est-à-dire se relever immédiatement, contrairement à la plupart des personnages de films d'horreur, qui se mettaient inexplicablement à ramper au lieu de se relever et de courir.

- Ils vont nous tuer ! dit-elle. Ils sont nombreux et armés. Ils vont nous tuer.
- Non, ils ne vont pas nous tuer. Mon premier plan est tombé à l'eau, c'est tout.
- Oh non. C'était quoi, le plan ?
- Partir en courant et tuer tous ceux qui se trouvent sur notre chemin. Mais c'est impossible maintenant. [...]
- Alors qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- Plan B.
- C'est quoi, le plan B ?
- On va sortir lentement et je vais tuer tout le monde.


jeudi 1 octobre 2015

21 - Le livre de la mort

Auteur : Anonyme
Éditeur : Le Livre de Poche

Après Le livre sans nom, L'Oeil de la Lune et Le Cimetière du diable, Le Livre de la mort est le 4e tome des aventures du Bourbon Kid, ce tueur sanguinaire et sans pitié qui "pète un plomb" après avoir bu un verre de Bourbon et tue tout ce qui passe dans son champ de vision. 

On retrouve avec grand plaisir les protagonistes de cette aventure délirante : Sanchez, le patron du Tapioca, toujours aussi pleutre, maladroit mais qui parvient à chaque fois on ne sait comment à s'en sortir ; Ramsès Gaïus, la momie revenue à la vie, qui possède à présent l'Œil de la Lune et les pouvoirs illimités que procure cette pierre magique ; Dante et Kacy, devenus vampires malgré eux et cherchant désespérément à redevenir humains ; Beth, le grand amour du Bourbon Kid et bien entendu le Bourbon Kid lui-même... On les retrouve tous, et plus en forme que jamais ! L'histoire suit directement l'intrigue de L'Œil de la Lune, mais il est nécessaire de lire Le cimetière du diable pour comprendre certains passages du Livre de la mort. Car Ramsès Gaïus a pour ambition de gouverner tout Santa Mondega, puis le monde entier, et, afin de le contrer, le Bourbon Kid a besoin de perdre de nouveau son âme, qu'il avait réussi à récupérer, mais qui l'encombre plus qu'autre chose maintenant qu'il faut agir... Et pour redevenir ce tueur sans pitié qu'il était, et sauver Beth qui a été enlevée par Ramsès, il est prêt à tous les sacrifices.

Dans la droite lignée de ses prédécesseurs, nous avons donc ici un nouvel opus tout aussi délirant, sanglant, fantastique, déjanté, mortel, et purement jouissif. Du pur plaisir ! À prendre au premier degré, bien entendu...


"- Tu vois ? dit Dante en pointant du doigt les taches les plus marronâtres. C'est de la merde. Le Kid a enfoncé son fusil à canon scié dans le cul d'un flic et lui a explosé les boyaux. La merde a giclé dans tous les sens. C'est vraiment dégueulasse.
- Et si on prenait plutôt l'escalier ?" suggéra Kacy.
Dante entra dans la cabine et appuya sur un bouton du cadran qui se trouvait à sa droite.
"Allez, ramène-toi, dit-il. C'est rien que de la merde. Et du sang."
Il jeta un coup d’œil par terre, dans un coin qui restait dissimulé à Kacy. "Et un testicule, apparemment. Super-poilu, pour le coup."


Tex approcha un peu plus son visage de l'écran afin de mieux y voir. "Un des types s'est fait décapiter, dit-il. L'autre s'est fait couper en deux dans le sens de la longueur.
- Coupé en quoi ?
- En deux. À partir du bas de l'abdomen. Dans le sens de la longueur, tu vois. Comme une tartine.
- Putain !
- Tu m'étonnes. Ça doit pas être agréable.  "


"Yo, barman, lança-t-il. C'est quoi ta couleur préférée ?"
Berkley se retourna en un éclair et marmonna un mot, un seul : "Merde."
Le Kid tira un pistolet de l'étui, un Desert Eagle doré avec viseur laser. L'arme pesait dans sa main. Un poids parfait. Il la braqua sur le malheureux barman et le point rouge du laser apparut au milieu de son front.
BANG !
La tête de Berkley explosa, sa cervelle giclant de l'arrière de son crâne pour s'écraser contre le mur qui se trouvait derrière lui. Son corps s'effondra.
Elvis considéra le cadavre par-dessus le comptoir. "Pourquoi est-ce qu'il a répondu 'merde' ? demanda-t-il, perplexe. C'est pas vraiment une couleur, non ?"
Le Kid ignora sa question. "Armes discrètes, mon cul, dit-il en admirant le pistolet qu'il tenait. Passe moi des cartouches pour cette saloperie.
- Il aurait du répondre 'marron', dit Elvis en secouant la tête. Marron, c'est une couleur. La merde, non. La merde, c'est une chose. Ou un état de fait."
 

vendredi 25 septembre 2015

20 - La couleur des sentiments

Auteur : Kathryn Stockett
Éditeur : Éditions Jacqueline Chambon

Jackson, Mississippi, dans les années 60. Aibileen et Miny sont noires et vivent au quotidien, tout comme leurs amies, les injustices, la ségrégation, l'humiliation. Certes, l'esclavage est aboli, mais un Noir ne peut prétendre à rien, ne peut pas dire ce qu'il pense, ne peut aller dans le même hôpital, la même école, les mêmes magasins que les Blancs, n'a même pas le droit d'utiliser les mêmes toilettes que les Blancs. La moindre digression peut l'envoyer en prison, voire pire. Mais tous les Blancs ne pensent pas de cette manière, et lorsque Miss Skeeter se met en tête d'écrire en secret un livre, recueil de témoignages des bonnes Noires de Jackson, Aibileen et Miny décident de passer outre leur peur et de convaincre d'autres bonnes de se joindre à elles pour raconter à Miss Skeeter leur quotidien. Cela donnera lieu à des témoignages durs, qu'on peut difficilement imaginer, mais également à des récits plus émouvants. Car heureusement les mentalités changent petit à petit, et Miss Skeeter n'est pas la seule Blanche comprendre les injustices subies par les Noirs... Reste la question du livre. Quel sera son accueil dans cette ville du Mississippi si empêtrée dans ses traditions ? Et, surtout, quelles en seront les conséquences ?

La couleur des sentiments est un livre très prenant, très dur, mais également très émouvant, à l'image de ces témoignages qu'on découvre au fur et à mesure de l'histoire. C'est très bien écrit, et, une fois qu'on a passé outre le dégoût et la honte de ce que ces personnes ont pu subir (et subissent malheureusement encore de nos jours), on prend beaucoup de plaisir à suivre Aibileen, Miny et Miss Skeeter, et on s'y attache très facilement. D'autres personnages secondaires sont tout aussi sympathiques et émouvants, aussi bien des Blancs (Miss Celia, Mae Mobly) que des Noirs (Constantine). Et on a juste envie de trucider (excusez-moi du terme) certains autres, encore une fois Blancs (Miss Hilly) ou Noirs (le mari de Miny). Et c'est l'un des aspects que j'ai particulièrement apprécié ici, cette manière qu'a Kathryn Stockett de nous immerger dans une société où Blancs et Noirs sont totalement séparés par les mentalités, les lois et les traditions, tout en nous montrant que chez les uns ou chez les autres il peut y avoir du bon comme du mauvais, et qu'au fond ils ne sont pas dissemblables.

Ce qui ressort de cette lecture, au final, c'est l'espoir. Oui, c'est un témoignage dur, sans concession, de la ségrégation, mais qui ne s'attarde pas tant que ça sur ce qui est, en s'attachant tout particulièrement à ce qui peut être changé, et à la volonté de certaines personnes appartenant à ces deux peuples, qui se battent pour la paix et l'égalité, pour la reconnaissance des droits de chacun, à une période où Martin Luther King soulève les foules et proclame haut et fort les paroles que nous connaissons aujourd'hui par cœur, et qui vont profondément marquer nos esprits.


Hilly Holbrook présente sa proposition de loi pour des installations sanitaires réservées aux domestiques. Une mesure de prévention des maladies. Installation de toilettes à bon marché dans votre garage ou dans un appentis extérieur pour les maisons ne disposant pas encore de cet important équipement. Mesdames, savez-vous que : 
— 99 % des maladies des Noirs sont transmises par l’urine. 
— Nous pouvons être handicapés à vie par la plupart de ces maladies, faute d’être protégés par les facteurs d’immunité que les Noirs possèdent en raison de leur pigmentation plus foncée. 
— Les Blancs sont porteurs de certains germes qui peuvent également être nocifs pour les Noirs. 
Protégez-vous. Protégez vos enfants. Protégez votre bonne. Ne nous remerciez pas ! 
Signé : Les Holbrook. 

Vous voyez, je pense que si le Bon Dieu avait voulu que des Blancs et des Noirs restent aussi longtemps ensemble et aussi près pendant la journée, il nous aurait fait incapables de voir la couleur. 

Nous sommes simplement deux personnes. Il n’y a pas tant de choses qui nous séparent. Pas autant que je l’aurais cru.

  

mercredi 16 septembre 2015

19 - Qui a peur de la mort ?

Auteur : Nnedi Okorafor
Éditeur : Eclipse

Cela fait déjà un moment que ce livre me fait de l’œil, et son succès m'a fait sagement attendre mon tour à la bibliothèque. Lorsque j'ai enfin pu en lire les premières lignes, j'ai difficilement pu le refermer jusqu'à la dernière...

Onyesonwu, dont le nom signifie littéralement Qui a peur de la mort ?, est une ewu, c'est-à-dire née du viol d'une femme Okeke par un homme Nuru. Dans cette Afrique post-apocalyptique, être ewu est une malédiction. Rejetée par les Okeke aussi bien que par les Nurus, Onye, guidée par la colère et le désir de vengeance envers son père et envers les cruautés subies par le peuple Okeke, va au devant de sa destinée, étant tout à fait consciente que sa route est semée d'embûches et que seule la mort l'attend au bout du chemin. Heureusement elle pourra compter sur ses amies, qui ont su passer outre sa nature d'ewu et comprendre son combat, et sur son compagnon, un ewu comme elle.

Qui a peur de la mort ? nous confronte aux traditions africaines les plus secrètes, les plus cruelles, comme l'esclavage, l'excision, le viol, la place des femmes au sein de la société... Mais nous sommes également plongés au cœur des croyances, de la religion, de la magie, du folklore africain. Ce mélange de réel et de fantastique en fait un roman tout à fait prenant, à la fois documentaire et quête initiatique, même si le lecteur lambda (donc moi) est bien incapable de savoir à quel point les faits sont inspirés des réalités de ces pays d'Afrique dont on sait si peu de choses. Et pour ne rien gâcher, l'écriture est belle, fluide, et facile...

J'ai adoré ce livre, malgré quelques longueurs dont on aurait bien pu se passer, et je le recommande chaudement.


Nous restâmes là, à nous regarder, un instant.
- Tu as des yeux de tigre, dit-il. Et ces animaux se sont éteints voilà des décennies.
- Vous avez des yeux de vieillard, rétorquais-je. Et les vieillards n'en ont plus pour longtemps. 

Selon une ancienne loi, le premier fils né hors mariage du chef devait remplacer son père. Le père du chef avait contourné cette règle en se mariant avec toutes les femmes avec qui il avait des relations. À sa mort, il avait plus de 300 épouses.

  

18 - Tiré à quatre épingles

Auteur : Pascal Marmet
Éditeur : Michalon Éditions

J'ai eu la chance récemment de pouvoir participer à un Masse Critique spécial, et d'être sélectionnée pour la lecture de ce polar français de Pascal Marmet, Tiré à quatre épingles. Tout d'abord, un grand merci à Babelio et à l'éditeur pour ce nouveau concours, et un grand merci à l'auteur pour la petite dédicace du livre.

Tiré à quatre épingles, ou une aventure du commandant François Chanel au cœur d'un Paris haut en couleurs, qui nous fait voyager dans les croyances africaines. Une enquête bien ficelée, même si on en aperçoit rapidement les tenants et aboutissants, une histoire qui se lit très bien, des pages qui se tournent toutes seules. Et surtout des personnages très réalistes, auxquels on s'attache sans y penser, notamment ce François Chanel bien sympathique, qu'on espère de tout cœur retrouver dans d'autres aventures. En bref, une parfaite lecture d'été !


Elle avait l'air d'une quiche, avait le goût de la quiche pas cuite et, en réalité, nous avions affaire à une pâte d'acier trempé.

- On parle de quoi alors ? De la pluie et du beau temps ?
- Pourquoi pas ? Au Japon, on ne dit pas "je t'aime", mais "la lune est belle". N'est-ce pas là un excellent sujet de conversation et un joli détour pour se rencontrer ?
- C'est des conneries pour Blanche-Neige au bois boueux !


  

mardi 21 juillet 2015

17 - Le trône de fer T1

Auteur : Georges R. R. Martin
Éditeur : J'ai Lu

Il y a 5 ans lorsque la série Game of thrones était annoncée, j'avais commencé la lecture des deux premiers tomes du Trône de fer. J'y avais trouvé une saga fantasy sympa, mais compliquée, avec tous ces personnages, ces grandes familles qui intriguent et complotent pour le si convoité trône. J'avais donc fini par laisser tout ça de côté, et je me suis avidement plongée dans la série télévisée. J'en suis aujourd'hui une fan inconditionnelle, et, les rumeurs prétendant que la série s'éloigne de plus en plus de l'histoire des livres, j'ai eu de nouveau envie de découvrir la version écrite de Game of thrones.

Je viens donc tout juste de terminer une nouvelle fois le tome 1. Bon, le synopsis, je ne pense pas qu'il soit utile de le rappeler, étant donné le succès de la saga, aussi bien des livres que de la série. Contrairement à ma première lecture il y a 5 ans, que j'avais trouvée fastidieuse, j'ai pu cette fois ci savourer pleinement chaque détail de cette histoire, étant déjà bien habituée aux différents protagonistes. Et même si comparer série et livre n'est pas ici mon propos, il se trouve que la 1re saison est un portrait plus que fidèle du 1er tome, ce que j'ai beaucoup apprécié.

Passé ce problème de complexité des personnages, l'histoire se lit toute seule, facilement, sans non plus sa hâter mais à un bon rythme. On perd souvent la notion du temps lorsque l'on se plonge dans ces pages...

D'ailleurs je vais me plonger dans la suite dès maintenant. C'est parti pour le tome 2, Le donjon rouge !


Un négociant de Qarth m’a dit un jour que les dragons venaient de la lune », intervint Doreah la blonde, qui faisait chauffer des serviettes au-dessus du feu. [...]
« De la lune ? » s’émut Daenerys en se retournant vivement, l’œil allumé de curiosité derrière l’averse des mèches argentées.
« À l’en croire, la lune est un œuf, Khaleesi. Il y avait jadis deux lunes au firmament, mais l’une d’elles alla flâner trop près du soleil, la chaleur la fissura, et mille milliers de dragons se ruèrent boire le feu du soleil. De là vient qu’ils crachent des flammes. Un de ces jours, la seconde lune embrassera le soleil à son tour, se fissurera de même, et les dragons reparaîtront. »

jeudi 9 juillet 2015

16 - Le roi disait que j'étais diable

Auteur : Clarz Dupont-Monod
Éditeur : Grasset


Le roi disait que j'étais diable fait partie des "perdants" de la nouvelle session de mon club de lecture. J'avais bien évidemment voté pour, mais il n'a pas été retenu. Qu'à cela ne tienne, je le lis quand même, na !

C'est tout d'abord le sujet qui m'a attirée. Aliénor d'Aquitaine... Une femme et une reine que j'admire énormément, un sujet que j'aime découvrir, redécouvrir au travers des nombreuses œuvres qui s'en emparent. Pourquoi une telle fascination ? Mais je vous retourne la question, comment pourrait-elle ne pas fasciner ? Descendante d'une lignée d'hommes forts, craints et respectés, Aliénor se marie à 13 ans avec le futur roi de France, Louis VII, alliant ainsi le puissant duché d'Aquitaine au royaume franc. Jeune femme fière, élevée selon des valeurs de courage, de guerre, d'autorité, mais également éduquée à l'amour de la musique, de l'art et du luxe, Aliénor se voit mariée à un homme trop pieux, trop austère, dans un palais trop triste. 

Le roi disait que j'étais diable est ainsi un roman à deux voix, alternant celle d'Aliénor et celle de Louis, roi de France, meurtri entre son amour pour Dieu et sa passion dévorante pour sa femme, qu'il sait inaccessible et indomptable. Nous suivons donc ces deux êtres que tout oppose depuis le jour de leur mariage, jusqu'à son annulation plusieurs années plus tard, pour cause de consanguinité. Des années pendant lesquelles la jeune Aliénor subit les coups du sort, se bat, se perd puis se retrouve, fidèle au sang de ses ancêtres qui coulent dans ses veines ; des années pendant lesquelles la jeune fille se transforme en celle qui sera plus tard la reine d'Angleterre, la femme indomptable, crainte et respectée que l'histoire retiendra.

Oui, ce sujet me fascine. Mais je n'ai pourtant pas été transcendée par ce roman, que j'admets bien écrit, mais qui m'a par moments royalement ennuyée... Il est court, et c'est une bonne chose. Juste le temps pour moi de me plonger avec délices dans ces quelques années de la vie d'Aliénor, sans m’appesantir plus sur la manière dont cette histoire nous est contée.


   

vendredi 3 juillet 2015

15 - Les racines du mal

Auteur : Maurice G. Dantec
Éditeur : Folio
Grand prix de l'Imaginaire, roman francophone, 1996
Prix Rosny aîné, 1996


Andreas Schaltzmann vit dans un monde où les aliens se sont alliés au nazis pour gouverner la Terre et assujettir ses habitants. Il se sent contaminé par un virus qui le fait pourrir de l'intérieur. Mais Andreas ne lâche pas le morceau, il se révolte et essaie tant bien que mal de rester fidèle à ce qu'il est, en tuant les agents de la Gestapo ou les collabos qu'il croise.

Le lecteur sait et devine très rapidement qu'Andreas Schaltzmann vit dans son propre monde intérieur, un univers psychologique dans lequel il est traqué, mort de peur, et qui fait de lui l'un des tueurs en série les plus craints du "commun des mortels". Finalement arrêté, sa folie est étudiée par une cellule psychologique, composée d'un cogniticien, d'une psychologue et de notre protagoniste, Darquandier (alias Dark), concepteur d'une neuromatrice ultra-performante capable de simuler un cerveau humain afin de le comprendre et de prévoir ses réactions.

Passée la courte introduction du tueur en série paranoïaque, c'est donc l'histoire de Dark que nous relate ce roman de Maurice G. Dantec. Écrit en 1995, ce livre est réellement futuriste dans les technologies de pointe qu'il utilise, ne manquant certainement pas d'imagination alors que le monde n'en était qu'à l'aube de l'Internet. D'ailleurs en ce qui me concerne, cette superbe neuromatrice (qui m'a souvent fait penser au Jarvis d'Iron Man en passant), est le personnage central de cette histoire. C'est de la science-fiction bien entendu, mais je trouve qu'il serait beaucoup plus représentatif de parler de ce roman comme d'un polar scientifique, qui aborde des sujets aussi vastes et variés que la psychologie, la sociologie, l'intelligence artificielle, la philosophie, l'ésotérisme, et j'en passe...

Malgré quelques passages trop longs à mon goût (trop de blabla scientifique pour moi), j'ai adoré ce roman, que j'ai lu avec avidité jusqu'à un épilogue à la hauteur de mes espérances (j'avais un peu peur d'être déçue par une fin trop facile) et je le recommande chaudement !

PS : faut quand même parfois avoir le cœur bien accroché, je vous préviens...



La manie du secret n'épargne personne, dès lors qu'on fait partie d'un système dont la principale source d'énergie réside dans le jeu ô combien excitant du pouvoir.

Il faut bien comprendre que les "véritables scientifiques" sont avant tout des êtres doués d'imagination. C'est-à-dire capables de faire "rupture" avec l'ordre informationnel qui les entoure. Il faut de l'imagination pour entrevoir les structures cachées qui sous-tendent l'univers, au-delà de ce que nous donnent à voir nos sens et nos instruments.

L'amour ressemble à s'y méprendre au mécanisme des bombes atomiques, deux morceaux de matière fissile rassemblés brusquement pour atteindre la masse critique.
Réaction en chaîne.

Haute énergie.


mardi 23 juin 2015

Les vestiges du jour

Auteur : Kazuo Ichiguro
Éditeur : 10/18
Publié en : 2002

C'est dans le cadre de l'un de mes clubs de lecture que j'ai essayé de lire ce roman de Kazuo Ichiguro, Les vestiges du jour. Je dis bien essayé, car après 50 pages d'ennui mortel, rien n'a attiré mon attention, rien ne m'a donné envie de ne pas refermer définitivement ce livre.

Au vu des critiques de mes amis, je me suis dit que j'allais persévérer un peu, que ça n'allait pas tarder à éveiller mon intérêt ou ma curiosité ? Mais l'ennui est toujours là, et le plaisir de lire bien loin...  Au final, je n'ai tout simplement eu ni la force, ni la volonté de persévérer dans cette lecture fastidieuse et soporifique.

Au moins j'ai essayé !

lundi 15 juin 2015

14 - Ne lâche pas ma main

Auteur : Michel Bussi
Éditeur : Les Presses de la Cité
Publié en : 2014

J'ai eu la chance il y a peu de rencontrer Michel Bussi dans les locaux de Babelio, et j'ai découvert à cette occasion qu'il avait écrit Ne lâche pas ma main lors de vacances à la Réunion, utilisant l'île comme cadre de son histoire. Étant réunionnaise, il ne m'en a pas fallu plus pour me donner envie de découvrir ce thriller tropical.
 
Martial, sa femme Liane et leur fille Sofa sont en vacances à l'hôtel Alamanda, à Saint-Gilles. Lors d'un après-midi au bord de la piscine, Liane remonte dans sa chambre. Une heure plus tard, Martial, inquiet, la rejoint, et trouve une chambre déserte, vidée des affaires de sa femme, et une moquette tâchée de sang... Liane a disparu.
 
Ne lâche pas ma main est le 3e roman de Michel Bussi que je découvre, et encore une fois je me suis laissée prendre au jeu de ces intrigues très bien ficelées et pleines de suspense. De nombreux indices sont parsemés tout au long de l'histoire, et c'est vraiment amusant d'essayer de recoller tous les morceaux afin de démêler ce sac de nœuds. Mais Michel Bussi sait y faire, laissant juste ce qu'il faut d'indices pour titiller notre cerveau, mais pas assez pour qu'on ne puisse pas se priver du plaisir de la grande révélation finale. J'ai beaucoup apprécié certains personnages, comme Imelda par exemple, ou encore Christos. Ce que j'ai un peu moins aimé, principalement au début, c'est la vision que l'auteur nous propose de la Réunion. Mais il est vrai que j'ai quitté l'île il y a plus de 10 ans, et que les choses et les mentalités changent beaucoup avec le temps. Je ne me suis donc pas arrêtée là dessus, et j'ai été bien contente de retrouver les paysages, les lieux de cette île que j'aime tant dans la suite de l'intrigue.
 
Encore un roman de Michel Bussi qui m'a fait passer un bon moment, je poursuivrai bien évidemment bientôt ma découverte de son œuvre.
 
 
— Tu sais comment je fais, moi, pour pas la perdre, ma femme ?
Imelda ne répond pas. Elle tire sur les draps avec énergie et dégage la marmaille.
— Comme pour pas perdre mes clés, en fait.
Toujours pas de réponse. Imelda se baisse pour ramasser les coussins éparpillés dans la chambre.
— Je fais des doubles !
Christos sort de la pièce en éclatant de rire, juste avant de se prendre trois coussins dans la gueule.
 
Je voudrais pas te faire de peine, Aja, mais si j’accroche ces X-Men à une voile et que je les lâche dans les alizés, ils vont se retrouver au milieu du Dolomieu, grillés comme des moustiques sur un halogène.
 
Comme tu veux, papa.
Si tu crois que la police est plus efficace que les fées contre les sorcières.
 
 

lundi 8 juin 2015

13 - La nuit des temps

Auteur : René Barjavel
Éditeur : Pocket
Publié en : 2005

Au cours d'une expédition au pôle Sud, des scientifiques français découvrent un étrange signal provenant de la glace qu'ils sont en train de sonder. Mieux encore, leur appareil révèle la présence de ruines, qui pourraient dater d'il y a 900 000 ans, le signal provenant du cœur de ces ruines. Il ne leur en faut pas plus pour comprendre qu'il sont à l'aube de découvertes cruciales qui remettraient en cause toute l'histoire de l'Humanité.

Wouaouh.
C'est le seul mot qui me vient à l'esprit après avoir lu ce roman. Un petit bijou de beauté et d'originalité. On m'avait vanté cette histoire comme étant la plus belle histoire d'amour de la science-fiction, je trouve que ce n'est pas encore assez pour décrire le lien qui unit Eléa et Païkan. Mais La nuit des temps ne se résume pas du tout à une histoire d'amour, aussi belle soit elle. C'est également l'histoire d'une civilisation merveilleuse, intelligente, très avancée techniquement, mais qui s'est laissé déborder par sa technologie à tel point qu'elle est sur le point de se détruire elle-même. C'est l'histoire de scientifiques passionnés qui s'unissent malgré les différences politiques de leurs pays respectifs afin de comprendre des concepts et technologies qui pourraient résoudre les maux de notre monde, tels que la famine, la maladie, la pauvreté. La nuit des temps est une épopée entre présent et passé futuriste, une quête de la vérité, la révélation de l'amour le plus pur et parfait qui puisse exister. Et il y avait bien longtemps qu'un livre ne m'avait pas autant émue...

Un véritable coup de cœur, et un véritable coup au cœur. À lire et relire sans modération !


On n’avait jamais vu d’yeux aussi grands, d’un bleu aussi profond. Ils avaient un peu pâli, ils n’étaient plus du bleu de fond de la nuit, mais du bleu d’après le crépuscule, du côté d’où la nuit vient, après la tempête, quand le grand vent a lavé le ciel avec les vagues. Et des poissons d’or y sont restés accrochés.

Devant l’énormité de l’enjeu, personne, bien que ne doutant de personne, n’osait faire confiance à personne – pas même à soi.
- Coban sait... Pensez-vous que cet homme représente un danger pour l’humanité, ou pensez-vous au contraire qu’il va lui apporter la possibilité de faire de la Terre un nouvel Eden ?
- Moi, l’Eden, hein... on n’y a pas été !... On sait pas si c’était tellement formidable !


mercredi 3 juin 2015

12 - Maman a tort

Auteur : Michel Bussi
Éditeur : Les Presses de la Cité
Publié en : 2015

Marianne Augresse, commandante au commissariat du Havre, patine sur l'enquête du casse de Deauville, qui a causé la mort de 2 des malfaiteurs, la fuite d'un 3e, Timo Soler, blessé, et le soupçon d'un 4e complice, le dangereux Alexis Zerda. Proche de la quarantaine, Marianne est pourtant obsédée par une chose, devenir mère. C'est très certainement cette sensibilité sur les enfants qui va l'amener à croire ce psychologue scolaire, Vasile, venu lui faire part d'un cas étrange : Malone lui a raconté qu'avant il avait un autre nom, qu'il vivait près de la mer et d'un château à 4 tours, il se souvient d'un bateau pirates, d'une forêt d'ogres, et surtout... Malone lui a avoué, du haut de ses 3 ans, que sa mère n'est pas sa mère. Et il semblerait que ce soit son doudou, une sorte de rat bizarre nommé Gouti, qui lui raconte tous les soirs des histoires pour l'aider à se souvenir de sa vraie maman...

Maman a tort est mon second livre de Michel Bussi, et contrairement à N'oublie jamais, pour lequel je suis assez mitigée, celui-ci m'a beaucoup plu. Les personnages tout d'abord, que j'ai trouvé très réels, surtout Marianne (et Malone, bien entendu, comment ne pas s'attacher à ce petit bout de chou ?). L'histoire ensuite, que j'ai trouvé très bien construite, avec des rebondissements là où il faut. Et même si j'avais un peu deviné un des points clés dès la moitié du livre, je me suis laissée porter sans peine par le récit jusqu'au bout, avide d'en connaître tous les tenants et aboutissants. La fin n'est pas tout à fait à la hauteur du livre, mais bon, ça passe quand même.

Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour cette opération spéciale Michel Bussi, j'ai hâte de le rencontrer demain et d'écouter ce qu'il a à nous dire sur ce roman bien sûr, et sur son œuvre dans son ensemble !

Ce psy avait des yeux étoilés à vous persuader qu'il existe une vie sur Mars, à vous convaincre de monter à deux dans une fusée pour aller la repeupler. 

Tout se joue dans les premières années de notre existence. Tout est gravé à jamais! Mais par contre, du point de vue strict de la mémoire directe des faits... rien! C'est assez stupéfiant comme paradoxe, non? Notre vie est guidée par des évènements, des actes de violence ou des marques d'amour dont nous n'avons aucune preuve. Une boite noire à laquelle nous n'aurons jamais accès.

Tu vois, Gouti, les vrais trésors ne sont pas ceux qu'on cherche toute sa vie, ils sont cachés près de nous depuis toujours. Si on les plante un jour, si on les cultive et on les arrose tous les soirs, en oubliant même pourquoi à la fin, ils fleuriront un beau matin alors qu'on ne les espérait plus.

lundi 11 mai 2015

11 - N'oublier jamais

Auteur : Michel Bussi
Éditeur : Pocket
Publié en : 2015

Grâce à Babelio, j'aurai très bientôt la chance de rencontrer Michel Bussi. Deux de ses livres m'ont été envoyés pour l'occasion, N'oublier jamais et Maman a tort. On m'avait déjà vivement conseillé de lire son Nymphéas noir, mais je n'ai encore jamais eu l'occasion de me plonger dans l'un des romans de l'auteur. C'est maintenant chose faite...

Jamal est un jeune arabe du 9-3, unijambiste mais très sportif grâce à sa prothèse qui lui permet de courir. Jamal est en vacances à Yport lorsqu'il croise au hasard de son jogging quotidien une jeune fille en haut d'une falaise, en pleurs, visiblement terrifiée et vêtue d'une robe déchirée. Il utilise alors une écharpe rouge trouvée sur le chemin un peu plus tôt pour essayer de la ramener en lieu sûr, mais la jeune fille ne le suit pas et se jette de la falaise. Jamal retrouve très rapidement son cadavre au pied de la falaise, l'écharpe étrangement enroulée autour du cou. Et c'est là que les ennuis commencent...

On s'en pose des questions, dans ce roman de Michel Bussi. On se triture les méninges pour essayer de comprendre le pourquoi du comment de cette histoire totalement folle. En ce qui me concerne, je n'avais rien deviné du dénouement final, la surprise a été totale et c'est un bon point pour ce roman, même si j'ai trouvé que l'intrigue est vraiment tirée par les cheveux. Le suspense est tout de même bien présent, et malgré quelques longueurs j'ai bien aimé.

Allez, trêve de bavardage, je me plonge tout de suite dans Maman a tort !


Leur mariage fut programmé pour le 2 octobre 2004. Le cadavre de Myrtille portait à l'annulaire sa bague de fiançailles.
Il y aurait eu beaucoup de monde au mariage de Myrtille.
Beaucoup, mais peut-être pas autant qu'il y en eut à son enterrement.  

J'ai cherché à me rappeler son vrai nom, celui qu'il avait donné aux flics le matin. Ça m'est revenu au bout de quelques minutes. Un nom à se foutre une balle pour un type qui avait sacrément l'air victime du système. Le Medef. Christian Le Medef. 

Une vieille dame tenait au bout d'une laisse interminable un petit chien ridicule, genre modèle qui fonctionnerait avec une télécommande et des piles, prétentieux au point d'insulter les mouettes à coups de jappements hystériques. 

 

vendredi 1 mai 2015

10 - La Mort du Disque-Monde 1/3 - Mortimer

Auteur : Terry Pratchett
Éditeur : L'Atalante
Publié en : octobre 2011 (pour cette édition)

Ce recueil de Terry Pratchett regroupe trois tomes des Annales du Disque-Monde, mettant en scène le célèbre personnage de la Mort : Mortimer, Le faucheur  et Accros du roc. Je viens tout juste de terminer le premier, et malgré la folle envie que j'ai de poursuivre, j'ai des petites "urgences" à lire avant de m'attaquer au Faucheur. Je ne vous parle donc dans un premier temps que des aventures de Mortimer, alias Morty, un jeune garçon bien maladroit dont personne ne veut s'empêtrer et qui finit par se faire embaucher comme apprenti par... la Mort.
 
Mais voilà, il se trouve que la Mort n'a qu'une envie : prendre du bon temps, se poser, se changer les idées. Il (car oui, la Mort est un "il") laisse donc les rênes de son travail à Morty, encore bien peu au fait des conséquences de ses actes...
 
Comme pour beaucoup de lecteurs, la Mort est l'un de mes personnages préférés du Disque-Monde. Et pourtant je ne l'avais pas encore beaucoup croisé dans les quelques aventures de Terry Pratchett que j'ai lues. Il se trouve que c'est juste l'un des personnages les plus drôles, originaux et fascinants de cet univers rocambolesque. Mortimer nous en apprend plus sur la Mort, sur son travail au quotidien, sur sa solitude, sur sa "vie". J'ai beaucoup aimé, j'ai beaucoup rigolé, mais j'ai été quand même un peu déçue par la fin, que j'ai trouvée plutôt bâclée, en tous cas trop rapide.
 
J'ai tout de même hâte de me plonger dans Le faucheur, et c'est pour très bientôt ! ^_^


- Mais vous êtes la Mort. Votre travail, c’est de tuer les gens !
- MOI ? TUER ? fit la Mort, visiblement offensé. CERTAINEMENT PAS. LES GENS SE FONT TUER, MAIS ÇA, C’EST LEUR AFFAIRE. MOI, JE NE PRENDS LE RELAIS QU’À CE MOMENT-LÀ. APRÈS TOUT, CE SERAIT UN MONDE SACRÉMENT IMBÉCILE SI LES GENS SE FAISAIENT TUER SANS MOURIR, NON ?


 

mercredi 22 avril 2015

09 - La Cour des Miracles

Éditeur : Le Grimoire, collection Mille Saisons
Publié en : 2015

J'ai acheté ce recueil de nouvelles à l'occasion du Salon du Livre de cette année, car j'ai trouvé le concept original et sympathique. Cet ouvrage regroupe une 20e de nouvelles placées sous le signe des littératures de l'imaginaire, toutes ayant un rapport avec le thème très général de la Cour des miracles. À la fin de sa lecture, le lecteur est invité à voter pour sa nouvelle préférée. L'auteur gagnant aura la possibilité de publier un roman issu de la nouvelle. J'ai eu la chance au Salon de pouvoir rencontrer quelques uns de ces auteurs, et deux illustratrices, qui ont tous rendu mon exemplaire unique en son genre. Très sympathiques, enjoués, motivés et passionnés, je leur souhaite à tous bonne chance dans ce concours !

Illustratrice : Amélie Grossmann

Auteur : Olivier Vanderbecq

Auteur : Philippe Aurèle Le Roux

Auteur : Jean-Pierre Favard

Auteur : Kéti Touche / Illustratrice : Morganne Lemaire

J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces nouvelles. Si certaines m'ont semblé trop faciles, plusieurs m'ont intéressée et intriguée. J'ai un peu hésité pour mon vote, car deux nouvelles très différentes m'ont beaucoup plu, Les enfants du rêve, de Jonathan Millet et Le tyran malgré lui, de Jean-Michel Mengoli.

Dans Les enfants du rêve, un capitaine arrête une jeune femme aveugle et pleine d'étranges tatouages, et nous suivons son procès. Nous découvrons donc à travers ses aveux son crime, ses motivations, mais également, et surtout, le monde dans lequel elle vit. C'est principalement cet univers créé par l'auteur qui m'a séduite, certes classique, mais avec une pointe de magie et beaucoup d'originalité. La plume également m'a beaucoup touchée, et m'a donné envie de découvrir plus en profondeur cet auteur. Une nouvelle toute en émotion, donc...

L'intrigue que l'on découvre dans Le tyran malgré lui est d'un genre littéraire très différent. Dans un monde où on a la possibilité de voir des bribes de son futur, le jeune Lysandre se voit devenir un véritable tyran qui asservit toutes les nations. Afin d'éviter de devenir ce monstre qu'il a entraperçu, Lysandre se fait enfermer dans une prison de haute sécurité. Plusieurs années plus tard, Christopher Solary le fait libérer, car il pense avoir trouvé le moyen de détourner les visions, en les déguisant pour qu'elles se réalisent sous forme de mascarade... J'ai trouvé ce sujet très original, et l'intrigue très bien menée, même si j'ai eu des soupçons dans les nombreuses hypothèses que mon esprit (rarement au repos dans ce genre de lecture) a envisagé. 

Si beaucoup de nouvelles m'ont plu, Les enfant du rêve et Le tyran malgré lui sont les seules à m'avoir réellement donné envie de lire le roman de l'auteur (qui, selon les règles du concours, doit se passer dans le même univers). Mais ces deux nouvelles sont tellement différentes qu'il a été très difficile de les départager. Après de longues tergiversations, j'ai décidé de voter pour Les enfants du rêve, qui a été mon premier coup de cœur.

Concernant les illustrations, je laisse le choix de la meilleure à mon amoureux, c'est plus son domaine que le mien. Et puis les dédicaces nous sont dédiées à tous les deux, faut bien qu'il participe aussi au vote ! ^_^

Merci aux Mille Saisons pour ce concours qui m'a bien amusée ! Et si vous êtes intéressés, sachez que les votes sont ouverts jusqu'à la fin de l'année (chaque livre possède en 3e de couverture un code unique permettant un vote unique).

  
Drak concentrait les problèmes : il s'agissait tout de même du genre de lieu où, lors d'un cas avéré de nécrophilie, la première étape était de savoir si la victime était consentante au moment des faits. (Debout les morts !, Mélaine Legrand)

Si tu dois faire quelque chose de pas bien catholique, mais pas trop quand même, fais-le. Les remords s'effacent un jour ou l'autre, la misère laisse des cicatrices qui ne se referment pas.
(La vie des gueux amadouée en proverbes, Jean-Pierre Misset) 

- Il est gentil, ce prêtre... Un peu alcoolique mais on peut pas lui en vouloir. La voix du Christ ne peut pas venir toute seule.
(La valse des miracles, Ethel Karskens)

  


vendredi 3 avril 2015

08 - Manderley for ever


Auteur : Tatiana de Rosnay
Éditeurs : Albin Michel / Héloïse d'Ormesson
Publié en : 2015

Ce début d'année, les librairies ont accueilli à la fois la nouvelle traduction du très célèbre Rebecca de Daphné du Maurier, que je viens tout juste de relire avec beaucoup de plaisir, et la biographie de cette auteur, écrite par Tatiana du Rosnay. Je ne suis pas très fan des biographies en temps normal, mais dans ce cas particulier il m'a semblé intéressant d'enchaîner les deux...

Deux mots sur Tatiana du Rosnay dans un premier temps... Écrivaine et journaliste française, nous la connaissons tous pour son best-seller Elle s'appelait Sarah (que je n'ai pas encore lu !). Depuis toujours, Daphné du Maurier est sa romancière préférée, et c'est tout naturellement qu'elle en est venue à s'intéresser plus profondément à la vie de l'auteur et à en écrire la biographie.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire Manderley for ever, à suivre Tatiana du Rosnay sur les traces de son auteur favorite. On oublie rapidement qu'on est dans une biographie, et on se plonge sans difficultés dans la vie de Daphné, qui, depuis son plus jeune âge, a toujours été différente, en marge de la société dans laquelle elle a grandi. On comprend d'où lui vient son goût de l'écriture, quels événements ont inspiré telle ou telle histoire, ses déboires, ses doutes, jusqu'à la parution de Rebecca, qui a marqué un tournant dans sa vie d'écrivaine. Mais on découvre également la jeune fille, l'adolescente, la femme, la mère, l'épouse, à travers ses amours, ses passions, ses craintes, ses envies. Tout en étant extrêmement bien documenté, cette biographie ne laisse pas de côté les tourments intérieurs de l'auteur. Daphné du Maurier écrivait beaucoup, dans son journal et à ses proches, et il est tout à fait possible de retracer ainsi son état d'esprit au fil des années, ce que parvient très bien à faire Tatiana du Rosnay.

Manderley for ever m'a laissée avec un sentiment de nostalgie vis à vis de Daphné du Maurier, que j'ai découvert et appris à aimer tout au long de ces 400 et quelques pages. Elle m'a donné l'image d'une femme forte, qui a croqué la vie à pleines dents, vivant selon ses envies sans laisser le monde et ses règles prendre le pas sur ce qu'elle était vraiment. Je suis à présent curieuse de découvrir son œuvre, les nombreux romans, biographies et nouvelles qu'elle nous a laissés.


La magie des livres est une drogue, un sortilège, une échappatoire, aussi puissante, aussi envoûtante que le Pays Imaginaire de Peter Pan.

Daphné fait partie de ces écrivains qui préfèrent regarder en arrière, pas de l'avant, qui sont capables de noircir des pages entières sur ce qui fut, un lieu, une trace, mettre des mots sur la fugacité de l'instant, la fragilité du souvenir qu'il faut embouteiller comme un parfum.


Daphné regarde les vagues se briser sur la falaise. Elle ouvre la fenêtre, respire l'air salé de la mer. Cela lui fait du bien, quelques instants. Mais la douleur revient, lancinante. Un romancier qui n'écrit plus est une entité sans vie. Un mort vivant. 




mardi 24 mars 2015

07 - Rebecca

Auteur : Daphné du Maurier
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2015 (pour la nouvelle traduction)

J'étais encore au lycée lorsque j'ai lu pour la première fois Rebecca. Malgré les années qui ont passé, j'en avais gardé le souvenir d'un roman angoissant et génial, qui m'avait vraiment captivée à l'époque. J'ai donc profité de la nouvelle traduction qui vient de sortir en librairie pour redécouvrir ce classique de la littérature anglaise. D'ailleurs la jaquette de cette nouvelle édition particulièrement réussie, et bien représentative de l'atmosphère de cette histoire...

Dans Rebecca, nous suivons une narratrice jeune et naïve, ni particulièrement belle, ni particulièrement intelligente, sans perspective d'avenir, qui rencontre lors d'un voyage un riche anglais, Maximilien de Winter, bien plus âgé qu'elle, et veuf depuis peu. Ces deux protagonistes vont tomber amoureux, se marier, et l'histoire commence réellement lorsque Max ramène sa jeune épouse dans sa célèbre et magnifique propriété de Manderley, encore très fortement hantée par la présence de la première Madame de Winter, Rebecca... 

Le suspense psychologique est la spécialité de Daphné du Maurier, et Rebecca en est l'un des meilleurs représentants. Le tour de force est bien entendu de faire d'une personne décédée son personnage principal, qu'on ne voit donc jamais, mais qui envahit tout le récit de sa présente pesante, angoissante et mystérieuse. Et c'est cette atmosphère qui nous tient en haleine tout au long de l'histoire. On veut savoir, on se doute, on émet des hypothèses, jusqu'à ce que la vérité éclate au grand jour et nous permette enfin de lâcher prise et de refermer le livre. J'ai adoré également la propriété de Manderley, sa maison, ses jardins, sa crique en bord de mer, et ses habitants. On ne peut qu'éprouver de la fascination pour ce domaine, on ne peut que l'aimer et rêver d'y aller un jour, d'en savourer chaque décor, chaque odeur, chaque couleur si bien décrits par l'auteur...

Rebecca est (malheureusement) le seul roman de Daphné du Maurier que j'ai lu, et je compte bien prendre le temps d'y remédier. L'univers et la plume de cette écrivaine semblent si riches et fascinants, je ne peux pas risquer de passer à côté d'autres chefs-d'œuvre ! 


- Si seulement on pouvait inventer quelque chose, dis-je vivement, qui conserve un souvenir dans un flacon, comme un parfum, et qui ne s'évapore, ne s'affadisse jamais. Quand on en aurait envie, on pourrait déboucher le flacon et on revivrait l'instant passé. 

Je me demandais combien il pouvait y avoir de gens dans le monde souffrant et continuant de souffrir parce qu'ils ne parvenaient pas à briser leur filet de timidité et de réserve, et qui dans leur aveugle folie construisaient devant eux un grand mur qui cachait la vérité. 

C'était Manderley, notre Manderley secret et silencieux comme toujours avec ses pierres grises luisant au clair de lune de mon rêve, les petits carreaux des fenêtres reflétant les pelouses vertes et la terrasse. Le temps n'avait pas pu détruire la parfaite symétrie de cette architecture, ni sa situation qui était celle d'un bijou au creux d'une paume.

samedi 14 mars 2015

06 - Légende

Auteur : David Gemmel
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2010

On m'a dit un jour qu'en fantasy David Gemmel est une référence, et qu'il faut absolument le lire. J'avais donc à l'époque acheté son célèbre Légende, afin de m'y plonger. Mais le temps a passé et ma liste de livres à lire n'a fait que grandir, Légende a donc été mis de côté. J'ai finalement profité de l'événement de CaroLire pour l'y inscrire, et le propulser enfin en tête de mes livres à lire...

Légende, c'est l'histoire d'une guerre. Ou plutôt d'une bataille perdue d'avance opposant environ 10 000 Drenaïs essayant de défendre Dros Delnoch aux centaines de milliers de Nadirs qui tentent de détruire la cité. La mission est impossible, mais c'est sans compter sur l'aide de Druss la Légende, le Marche-Mort, un héros invaincu qui a maintes fois inversé le sort d'une bataille... et qui a aujourd'hui une bonne soixantaine d'années. Un héros rouillé, qui va tout donner encore une fois pour que Dros Delnoch résiste le plus longtemps possible, sans non plus se faire d'illusions sur l'issue de la bataille. Druss est venu à Dros Delnoch y affronter la Mort une dernière fois.

Il s'agit donc ici d'une guerre, mais la bataille à proprement parler est très brève dans le récit. Nous passons bien plus de temps à la préparer, en voir tous les enjeux, les différents acteurs, les tactiques, ou encore comment la simple présence d'un héros peut remonter le moral des troupes et redonner un nouvel espoir à un peuple désespéré. J'avais un peu peur que la guerre soit omniprésente, et j'ai été bien contente de voir que ce n'est pas le cas. Et c'est selon moi ce qui fait tout l'intérêt de cette histoire. On ne peut que trouver Druss sympathique, héros vieillard qui n'a de cesse de défier la Mort, mais les personnages secondaires le sont tout autant, comme Rek, le berserk, Virae, Flécheur ou encore les Trente et leur magie puissante.

J'ai bien aimé. Légende est plaisant à lire, le sujet est intelligemment conté. Mais c'est tout. Je n'ai pas eu cet élan que j'attends des grandes sagas fantastiques, qui me fait frémir à chaque fois que j'ouvre le livre ou que j'y pense. Je n'ai pas eu de coup de cœur. Oui, c'était bien, j'ai passé un bon moment, mais c'est tout, et je dois avouer que j'en suis assez déçue, on m'avait tellement vanté les mérites de l'œuvre de Gemmel !
Je lirai très certainement un jour Druss la légende, et également La Légende de Marche-Mort, mais bien plus par envie de retrouver le héros et d'en apprendre plus sur lui que par intérêt pour le Cycle de Drenaï.

Druss la légende. L'homme le plus puissant de son époque. Une machine à tuer, un guerrier. Et pourquoi ? Parce que je n'ai jamais eu le courage d'être un fermier, se dit Druss.

Le prophète dit : "Par définition, seul le lâche est capable du plus grand héroïsme."
- Nous devons être à l'aise ensemble, et davantage: nous devons devenir des amis.
- Pourquoi ça ? s'enquit Rek.
- Parce que nous sommes sur le point de partager quelque chose qui ne survient qu'une fois dans la vie d'un homme, lui répondit Serbitar, nous allons mourir.

 





mardi 3 mars 2015

05 - Éternité, l'intégrale de la trilogie

Auteur : Magali Ségura
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2014

Terre de Sel est un pays gouverné par l'Acier et la Magie, qui assurent son équilibre. L'Acier étant représenté par de puissants guerriers, et la Magie par des sorciers, les Majeurs, et leurs esclaves, les Mineurs. Une sorcière Mineure, Naslie, se voit confier par les dieux la graine d'Éternité, et la jeune femme décide d'en faire don à sa terre, ce qui est loin de plaire à l'Ancien, un sorcier Majeur auquel elle a ainsi désobéi... Contrairement à l'ordre établi, Naslie survit à cette épopée, et c'est un grand guerrier de l'Acier, Yshem, qui se charge de la mettre en lieu sûr, la protège pendant quelques mois, avant de repartir à la rencontre de son destin... sans savoir que Naslie attend leur enfant.

Cette nouvelle trilogie de Magali Ségura commence presque 9 ans après l'épopée de la graine d'Éternité...  9 ans pendant lesquels la Mineure et son fils, Jelis, ont fui sans arrêt, se sont cachés de village en village, craignant les foudres de l'Ancien. Jelis ignore tout de son père. Il ne sait même pas qu'il est le fruit de l'union de l'Acier et de la Magie, devenant ainsi une menace pour l'équilibre de son monde...

L'histoire d'Éternité est complexe et difficile à aborder simplement en quelques mots. Tout ce que je peux vous conseiller, si vous souhaitez en savoir plus, c'est de vous plonger dans cet univers, de découvrir ses personnages, comme je viens de le faire. Car l'expérience est magique et mérite qu'on s'y arrête. J'étais déjà tombée amoureuse de l'écriture de Magali Ségura en lisant Leïlan. J'ai retrouvé dans Éternité tout ce que j'avais aimé à l'époque, une écriture simple et sensible, très féminine, qui nous fait vivre pleinement les sentiments des protagonistes. Les personnages débordent d'humanité, et par là même de crédibilité. L'histoire en elle-même commence comme tout roman de Fantasy, au premier abord rien d'original, mais elle évolue rapidement vers une épopée plus sombre, plus dure et cruelle, d'une noirceur à laquelle on ne s'attend pas forcément de la part de Magali Ségura quand on a lu Leïlan.

J'ai adoré, j'ai été complètement envoûtée par cette nouvelle trilogie et je ne peux que vous recommander de vous y plonger à votre tour, vous ne le regretterez pas.


Quand il parlera aux dieux, il...Il faudra qu'il leur donne quelque chose pour les remercier du don qu'ils lui accordent. Il pourra leur offrir sa richesse, sa jeunesse, sa loyauté... Plus son sacrifice sera grand, plus il sera puissant. C'est de là que viennent la cupidité et les ambitions de tous les sorciers.

De tout temps à jamais, mourir après son enfant restera absurde et inconcevable.  

- Tu sais pourquoi on pense qu'ils sont plusieurs, les dieux ?
- Non, répondit Jelis.
- Parce qu'on n'arrive pas à les comprendre s'ils sont une seule et même personne. Mais si tu imagines qu'ils sont plusieurs, alors tout devient plus cohérent. Ils ne sont pas d'accord entre eux.
- C'est ça ton explication.
- Si tu en as une meilleure, je t'en prie, sans rancune, monte une nouvelle religion ! 

mardi 10 février 2015

04 - L'Océan au bout du chemin

Auteur : Neil Gaiman
Éditeur : Au Diable Vauvert
Publié en : 2014

Un roman de Neil Gaiman, on ne peut pas ne pas s'y arrêter. Et même s'il n'avait pas été tiré au sort à l'occasion de la nouvelle session de CaroLire, je m'y serais penchée un jour ou l'autre, avec beaucoup d'attente, de frissons et de plaisir anticipé...

Car Neil Gaiman est un conteur né, et à chaque lecture il nous le prouve. Dans L'Océan au bout du chemin, l'auteur s'adresse directement à l'enfant que nous avons été, nous rappelant à quel point la vie peut être magique et effrayante à cet âge béni de tous les possibles. Le narrateur se souvient de ses 7 ans, de sa seule amie, Lettie, et des aventures irréelles qu'il a vécues au côté de cette jeune fille de 11 ans pour qui la mare au canard du bout du chemin était son Océan...

Dès les premières pages on se laisse emporter par la magie de ce conte, original et surprenant, qui se lit vite, mais qu'on prend le temps de savourer, de découvrir, et qu'on n'a pas du tout envie de quitter une fois la dernière page tournée. L'Océan au bout du chemin fait partie de ces livres que je relirai très certainement encore, et encore, pour en savourer chaque détail.

C'est le problème, avec les êtres vivants. Ça dure pas très longtemps. Chatons un jour, vieux matous le lendemain. Et après, plus que des souvenirs. Et les souvenirs s'effacent, se mélangent et se brouillent tous ensemble...

Les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.

Il y a des monstres de toutes les formes et de toutes les tailles. Certains sont des créatures dont les gens ont peur. D’autres sont des créatures qui ressemblent à des choses qui faisaient peur aux gens il y a très longtemps. Parfois, les monstres sont des choses dont les gens devraient avoir peur, mais ils en ont pas peur. 


jeudi 5 février 2015

03 - Passent les heures

Auteur : Justin Gakuto Go
Éditeur : Les Escales
Publié en : 2014

Tristan est un jeune Américain tout juste diplômé lorsqu'il reçoit un curieux courrier d'un prestigieux cabinet d'avocats à Londres, lui demandant de les contacter de toute urgence. Il découvre ainsi qu'au début du siècle, un certain Ashley, jeune homme féru d'escalade, ayant participé à la Grande Guerre et extrêmement fortuné, a vécu une histoire d'amour avec Imogen, qui était la sœur de son arrière grand-mère, Eleanor. Lorsqu'Ashley meurt, il lègue la plus grande partie de sa fortune à Imogen et à tout descendant direct. Sauf qu'Imogen disparait, et que personne ne vient réclamer cet héritage, bloqué pendant 80 ans dans un trust aux conditions très compliquées. Les avocats ont fini par découvrir que la grand-mère de Tristan serait peut-être la fille illégitime et cachée d'Imogen et Ashley, faisant de lui le dernier descendant direct encore vivant. Le seul hic, c'est qu'il n'y a aucune preuve, et que les avocats sont contraints par les clauses du contrat à ne mener aucune enquête, à n'engager personne, à n'en parler à personne. Et pour couronner le tout, il ne reste que 2 mois à peine à Tristan pour recoller les morceaux de ce puzzle familial, car les 80 ans arrivent à leur terme...

C'est donc une course contre la montre que nous propose ici Justin Gakuto Go, pendant laquelle on suit Tristan dans ses recherches sur ses origines et le passé de ses ancêtres. Mais cette trame principale est également un prétexte à d'autres histoire, celle d'un amour impossible, certes, mais également un récit plutôt bien documenté sur la Grande Guerre, et enfin un voyage à travers le monde aux côtés des différents protagonistes, qui va nous mener jusqu'au sommet de l'Everest, où Ashley a trouvé la mort. Les pages se tournent toutes seules, et j'aime cette attente entre deux séances de lecture, qui prouve bien à elle seule que le livre nous captive...

Il s'agit certes d'un premier roman, avec des imperfections, des longueurs, un rythme un peu saccadé, mais que j'ai pourtant trouvé très prometteur. Les récits de la guerre notamment m'ont passionnée, ils sont documentés sans être pédagogiques et on est très facilement transporté à chaque époque, dans chaque lieu, aux côtés d'Imogen, d'Ashley et de Tristan. La fin se tient bien, on s'y attend un peu en se demandant comment l'auteur va nous y amener, et il le fait tout en douceur, chose que j'ai beaucoup appréciée.

Une très belle découverte donc, et un auteur que je vais suivre avec beaucoup d’intérêt.


- Vous m'excuserez, mais vous ne paraissez pas très belliqueux pour un soldat. J'ai toujours imaginé qu'un militaire a des idées arrêtées sur tout.
- Un homme qui réfléchit ne peut nourrir aucune certitude sur rien. Encore moins sur les choses compliquées. Et la guerre est fichtrement compliquée.


Avant d'avoir été au front, Ashley avait souvent songé au destin de ces êtres dont la naissance est désirée, qui sont nourris, lavés et embrassés par des mères aimantes ; éduqués avec soin par des enseignants, soignés par des médecins et caressés par des femmes amoureuses, jusqu'au jour où des hommes qui n'ont aucune raison de les haïr leur arrachent tendon après tendon. C'était absurde, de quelque côté que ce soit. 

- Il pue la pisse, non ? Une vraie infection.
- Il y a des odeurs encore pires. Un peu de pisse, ça désinfecte mieux une tranchée qu'une savonnette. Je dis que c'est l'eau de Cologne de la Somme.
- N'empêche, il pue la pisse.

  

vendredi 23 janvier 2015

02 - Joujou

Auteur : Eve de Castro
Éditeur : Robert Laffont
Publié en :2014

Joseph Boruwlaski est le fils d'un comte et d'une comtesse polonais. Il a à peine 9 ans lorsque son père se suicide, laissant sa mère et leurs enfants dans une misère telle qu'elle se voit contrainte de laisser cet enfant qu'elle aime tant à une riche starostine, qui promet de prendre soin de lui. Car Joseph n'est pas un enfant ordinaire, c'est un Lilliputien. Pas un nain, non, car malgré sa petite taille, son corps a conservé des proportions tout à fait normales et harmonieuses. Neuf ans, c'est tôt pour quitter une mère qu'on aime tant... et pour découvrir la cruauté de la vie. Car la starostine n'a d'autre idée en tête que d'en faire son attraction principale, un monstre de foire qu'elle renomme "affectueusement" Joujou, et le traite comme le jouet qu'elle pense qu'il est...

Préambule où nous parlerons d'une malédiction, des plombs de l'horloge, 
d'une famille aux abois et d'une fausse fée polonaise

Ainsi se nomme le premier chapitre de Joujou, donnant tout de suite au lecteur le ton de l'histoire... Car même si le fond de l'intrigue est hautement cruel, et que les expériences et humiliations que Joseph devra surmonter tout au long de sa vie sont innommables, Eve de Castro nous raconte tout ça comme un conte, avec un détachement qui nous permet d'apprécier l'histoire sans en être véritablement touché. On peut ainsi lire sans peine la vie telle que Joseph la vit, à la découverte de lui-même, de son esprit avide de connaissances, de musique et de découvertes en tous genres, de son corps avide d'expériences que tout jeune homme normal a envie de connaître, de son cœur sensible comme tout un chacun à la maladie d'amour et au besoin de reconnaissance pour l'homme qu'il est et non la distraction qu'il peut apporter...

Ce livre m'intriguait par son sujet, et avec du recul je pense qu'un récit classique m'aurait vite lassée. Mais l'histoire telle que la raconte Eve de Castro a su me tenir sans peine de la première à la dernière page, et j'ai au final passé un très bon moment de lecture. Écrit comme un conte, j'ai fini par me persuader que c'en était un, mais dans ses remerciements l'auteur nous apprend que Joseph Boruwlaski, le célèbre nain polonais, a réellement existé. Quelle est la part de fiction et de réalité dans ce récit ? Je l'ignore, mais tout ce qui est écrit dans cet article de Wikipedia se retrouve dans ce roman, qui m'apparait à présent sous un jour tout nouveau... Joseph est mort à 97 ans, mesurant 99 cm, après une vie dans laquelle il a côtoyé tellement de passions, d'humiliations et de misère qu'on ne peut que l'admirer d'avoir vécu aussi longtemps.

Merci à La Griffe Noire de m'avoir donné l'envie de découvrir ce curieux personnage, et merci à mon cher et tendre pour ce merveilleux cadeau d'anniversaire.

Il s'empourpre jusqu'à la perruque. Voilà des années qu'il n'a rougi ainsi. Les flammes ne sont donc pas réservées à l'enfer, on peut aussi brûler devant la porte du paradis. La demoiselle est juste de l'autre côté. Comment pousse-t-on cette porte-là ?

- Votre Joujou, comtesse, a atteint ses quarante ans. Pour les gens de sa sorte, c'est un grand âge. Si vous tardez à le marier, il mourra sans descendance. Que diriez-vous de lui donner une épouse de son format et d'un beau noir luisant ? La demoiselle à laquelle je pense est nubile, véritablement exotique, et quand on la menace du fouet elle fait tout ce qu'on veut. Le produit de cette union serait une nouveauté absolue, un progrès inestimable pour l'agrément et pour la science. N'est-ce pas là une belle et bonne idée ?