jeudi 24 avril 2014

20 - La soif primordiale

Auteur : Pablo de Santis
Éditeur : Métailié
Publié en : 2012

Dans le cadre de l'événement CaroLire consacré au Salon du Livre, j'ai eu l'occasion de découvrir ce roman de l'argentin Pablo de Santis : La soif primordiale.

Nous sommes dans la Buenos Aires des années 50, et nous découvrons le personnage de Santiago, tout juste arrivé de province. Après un passage chez son oncle qui lui a appris comment réparer les vieilles machines à écrire, Santiago se fait embaucher dans un journal, afin de tenir la rubrique ésotérique. Mais le ministère de l'Occulte va également faire appel à ses compétences, et Santiago découvre ainsi des êtres à part, qui se font appeler les Antiquaires, immortels, perdus dans le passé et les vieux livres, vivant dans l'ombre et subissant la soif primordiale, la soif du sang.

Dans La soif primordiale, Pablo de Santis revisite le mythe du vampire, bien loin des classiques, mais on y retrouve pourtant tous les éléments fondateurs.  Ce qui m'avait au premier abord attirée dans ce livre, c'est ce mélange entre le côté historique et culturel de l'Argentine d'une part, et l'aspect fantastique des vampires d'autre part. Mais il faut avouer que le "folklore" argentin, bien présent au début du roman, disparaît très rapidement, et que le vampire n'est ici qu'une pâle copie de ce qu'il peut être dans d'autres œuvres majeures traitant du sujet (je pense bien entendu à Bram Stocker).

Une petite déception donc pour moi... Cela ne veut pas dire que ce roman n'est pas agréable à lire, ni qu'il manque de qualités. Il manquait juste le petit truc qui fait qu'on s'y intéresse pleinement et qu'on a envie de continuer cette histoire. Je tiens quand même à préciser que j'ai particulièrement apprécié les passages qui parlent des livres anciens et du métier de libraire. Des sujets qui me tiennent à cœur et que j'adore explorer.


C'est ainsi que j'ai commencé à lire. Mon attention fut au début attirée par de nombreux livres qui n'étaient pas massicotés. Il ne me vint pas à l'idée que l'on devait soi-même couper les pages, je me disais que ces livres étaient ainsi et qu'il était impératif de les lire avec difficulté, comme un espion. Des livres destinés à garder un secret.

Les études sont pour les femmes un passe-temps qu'elles pratiquent jusqu'à ce qu'elles se marient.

  

vendredi 18 avril 2014

19 - Wicked

Auteur : Gregory Maguire
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2011

C'est la tête encore pleine de ma lecture récente du Magicien d'Oz que je me lance dans Wicked, qui nous relate la Véritable Histoire de la Méchante Sorcière de l'Ouest. Souvenez-vous, cette sorcière est celle que la jeune et innocente Dorothée avait réduite à néant en lui lançant un seau d'eau, un liquide qui lui est fatal. Nous savons donc tous qui est cette sorcière et quelle est sa fin, mais c'est son histoire qui nous est ici contée par Gregory Maguire.

Toute histoire a un commencement, et celle d'Elphaba débute bien entendu par sa naissance. De père pasteur unioniste et de mère aux mœurs douteuses, nul ne sait réellement pourquoi la petite Elphie est née verte avec des dents pointues et acérées, une apparence qui lui vaudra depuis toute petite la répulsion du "commun des mortels". Nous suivrons la future Sorcière au long de ses trois premières années, puis bien plus tard, à l'université, et nous la verrons évoluer au fil du temps et des événements jusqu'à devenir celle que nous connaissons dans l’œuvre de L. Franck Baum. De caractère indépendant et curieux, la jeune Elphaba s'efforcera de comprendre les notions qui gouvernent le pays d'Oz et d'affronter ses injustices. Car Gregory Maguire nous a concocté un pays riche religieusement, culturellement et politiquement, en perpétuel conflit et bien loin de ce "monde des Bisounours" décrit dans l’œuvre originale. Entre religion, dictature, révolutions, ségrégation, sacrifices et esclavage, Elphaba va finir bien malgré elle par trouver sa voie... Et une chose en amenant une autre, il est de mon avis bien impossible de ne pas éprouver finalement de la sympathie pour la Méchante Sorcière de l'Ouest... (et beaucoup d'antipathie pour Dorothée, mais ce n'est pas le sujet).

Une excellente idée que cette histoire, très bien écrite, originale et pleine d'intérêt... Wicked est un livre que je recommande sans hésiter.


- Tu as reconnu que tu étais curieux. Si ! Alors, pourquoi ne pas s'offrir ça pour la fin du trimestre?
- Je regrette d'avoir dit ça. Je suis curieux de la mort, aussi, mais ça peut attendre, merci. 

Peut-être qu'un foyer est l'endroit où l'on n'est jamais pardonné, pour que l'on y reste toujours, enchainé par culpabilité. Et peut-être cela vaut-il le prix a payer.  

- Quelle est la différence entre une étoile filante et une maison qui tombe ? 
- Et bien, l'une exauce un vœu dans un trait de lumière, et l'autre écrase l'odieux dans un pet de sorcière !

vendredi 11 avril 2014

18 - Le Magicien d'Oz

Auteur : L. Franck Baum
Éditeur : Librio
Publié en : 2003

Petit retour en enfance avec cette lecture du Magicien d'Oz. Tout le monde connait plus ou moins cette histoire, je savais en gros de quoi ça parle, quels sont les personnages, à quoi ressemble la Cité d’Émeraude pour avoir vu des extraits du film, mais, honte à moi, je crois bien que je ne l'avais jamais lu ! Et bien c'est désormais chose faite.

Je passe vite fait sur l'histoire archiconnue de Dorothée qui, lors d'un cyclone qui fait s'envoler sa maison, se retrouve seule dans un pays merveilleux. L'atterrissage de la maison a malencontreusement tué la Vilaine Sorcière de l'Est, libérant ainsi tout un peuple de sa méchanceté. Mais Dorothée veut rentrer chez elle, et, pour cela, elle doit se rendre à la Cité d’Émeraude, à la rencontre du Grand Magicien Oz. Sur le chemin, elle fera la connaissance d'un Épouvantail animé qui rêve d'avoir une cervelle, d'un Bûcheron en Fer-Blanc qui rêve d'avoir un cœur, et d'un énorme Lion poltron, qui rêve d'avoir du courage...

Ce conte a beau être très connu, sa lecture n'en est pas moins agréable. J'ai découvert et redécouvert avec plaisir l'épopée de Dorothée et de ses compères. La magie, le merveilleux et la morale sont bien présents, et font du Magicien d'Oz une histoire qu'on imagine très bien lire avec ses enfants dans quelques années (il faudrait déjà avoir des enfants, ce serait un bon début...).

J'ai à présent toutes les clés en main pour me lancer dans la lecture de Wicked, qui nous relate la véritable histoire de la Méchante Sorcière de l'Ouest...


Tous les êtres vivants éprouvent de la peur en présence du danger. Le vrai courage consiste à faire face malgré la peur, et tu n'en manques pas.

Dans les pays civilisés, je crois qu'il ne reste plus aucune sorcière, ni aucun magicien, ni aucune enchanteresse, ni le moindre enchanteur. Mais, vois-tu, le pays d'Oz n'a jamais été civilisé parce que nous sommes coupés du reste du monde. Voilà pourquoi nous avons encore parmi nous des sorcières et des magiciens.  

Moi, je préfère un cœur, parce qu'un cerveau n'a jamais rendu personne heureux, et le bonheur est la meilleure chose au monde. 



mardi 8 avril 2014

17 - Pour quelques milliards et une roupie

Auteur : Vikas Swarup
Éditeur : Belfond
Publié en : 2013

Encore une fois Babelio et son Masse Critique font mon bonheur. Cette fois il s'agit du dernier ouvrage en date de Vikas Swarup, que tout le monde connait pour ses Fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire, plus connu sous son titre d'adaptation au cinéma, Slumdog Millionnaire. Celui-là je ne l'ai pas lu, mais j'avais beaucoup aimé le film. Lorsque plus tard j'ai découvert son ouvrage suivant, Meurtre dans un jardin indien (ma critique ici), j'ai tout de suite compris que c'était un auteur à suivre, ce que confirme aujourd'hui ma lecture de Pour quelques milliards et une roupie.

Nous suivons ici l'histoire de Sapna, jeune indienne vivant à Dehli. Lorsque son père décède quelques années plus tôt, Sapna doit sacrifier ses rêves et ses ambitions, et arrêter ses études pour subvenir difficilement aux besoins de sa mère malade et de sa jeune sœur. C'est dans ce contexte qu'elle fait un jour la rencontre du PDG multimilliardaire d'une des plus grandes entreprises du pays, qui lui propose un marché : Sapna deviendra PDG à sa suite, à condition de réussir 7 épreuves dont elle ne sait rien... Bien sûr la jeune fille refuse farouchement cette proposition plus que suspecte, mais le destin ne va finalement pas lui laisser le choix...

Pour quelques milliards et une roupie nous est vendu par l'éditeur comme un conte, et nous en avons en effet tous les éléments. Une jeune femme dans le besoin qui rencontre un riche bienfaiteur qui lui promet monts et merveilles. Mais ce conte est aussi noir que la corruption en Inde, et une nouvelle fois Vikas Swarup profite de son roman pour peindre un portrait malheureusement trop réaliste de son pays. Au travers des sept épreuves que Sapna devra réussir, nous traverserons les "sept plaies de l'Inde". Corruption, différences de castes, trafics et abus en tous genres font de ce pays si merveilleux en apparence un endroit où il ne fait pas si bon vivre.

Vikas Swarup, par son style toujours aussi direct et sans fioriture, nous offre ici un conte moderne et noir, mais certes pas dépourvu d'espoir, qui se lit très facilement et avec beaucoup de plaisir. Au fur et à mesure le conte se transforme en thriller haletant, et je dois dire que le final m'a bien prise au dépourvu !

Un grand merci aux éditions Belfond et à Babelio pour cette magnifique lecture.


Delhi est une drôle de ville, me dis-je. Ici, le statut n'a rien à voir avec le fait de s'habiller en Armani, de rouler en Mercedes ou de citer Sartre dans les cocktails. Il dépend plutôt du nombre de règles que vous enfreignez et de gens que vous maltraitez. Cette seule distinction vous hisse au rang de VIP. 

Cette obsession de la célébrité me laisse perplexe. La gloire ne vient pas avec le talent, elle est devenue une fin en soi. Et le meilleur moyen d'y parvenir est de passer à la télévision. Les gens sont prêts à tout et n'importe quoi - manger des cafards, insulter leurs parents, faire l'amour, se marier, divorcer, voire accoucher en direct - pour participer à un programme de téléréalité. Et ça va de plus en plus loin. Aujourd'hui, nous avons une émission consacrée aux régressions dans les vies antérieures, comme si cette vie-ci ne suffisait plus.

- L'histoire nous enseigne que, pour réussir une révolution, il faut soit une figure de dirigeant universellement haï, soit une figure d'opposant universellement aimé. Or, en Inde, nous n'avons ni l'un ni l'autre.

      

vendredi 4 avril 2014

16 - Sale gosse

Auteur : Stephen King
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2014 (exclusivité numérique)

L'année dernière, Stephen King nous honorait de sa présence pour la première fois de sa très longue carrière. Pour nous remercier de notre accueil, il nous offre cette nouvelle inédite, parue uniquement en format numérique aux éditions Albin Michel.

Nous suivons la confession d'un prisonnier à son avocat, quelques jours avant sa mise à mort. Hallas a été arrêté pour avoir tué un enfant d'à peine 10 ans de plusieurs balles, et, dans cette nouvelle, l'auteur nous fait revenir sur les différents événements qui ont mené cet homme à commettre de sang froid ce que le commun des mortels considère comme un acte horrible. 

Comme d'habitude, Stephen King nous accroche dès le début du récit, entretient avec brio notre intérêt tout au long de l'histoire et nous laisse avec une boule au ventre au point final. Sale gosse n'est certes qu'une nouvelle, et certainement pas la meilleure, mais qui nous tient en haleine et qu'on découvre avec beaucoup de plaisir.



Je trouve que c’est un don du ciel. Si tout le monde était simple d’esprit, pensez-vous qu’on aurait encore des guerres ? Moi pas.

La Bible dit que le diable a été lâché sur terre pour errer en toute liberté, que même la main de Dieu ne peut l’arrêter. Je ne sais pas si ce sale gosse était le diable, mais c’était un diable, ça oui.


jeudi 3 avril 2014

14 et 15 - Les Cités des Anciens T5 et T6 - Les Gardiens des souvenirs / Les Pillards

Auteur : Robin Hobb
Éditeur : Pygmalion
Publié en : 2012

Je poursuis doucement mais sûrement, et avec toujours autant de passion, mon périple dans l'univers de Robin Hobb. Après avoir dévoré les tomes 3 et 4 des Cités des Anciens il y a quelques mois (ma critique ici), me voici donc avec les deux tomes suivants, toujours avide de parcourir cette histoire aux côtés de ces créatures puissantes, majestueuses et arrogantes que sont les dragons.

D'ailleurs j'en profite pour passer un petit "coup de gueule" contre l'éditeur, qui s'évertue à nous couper les tomes originaux en 2 tomes à chaque fois... histoire de nous faire payer deux fois plus cher ! C'est vraiment abusé. Je pourrais acheter les poches me diriez-vous, mais ne peut-on pas à la fois aimer les belles choses et ne pas se ruiner à chaque achat ? J'aurais plus volontiers acheté un seul tome comme dans la version originale, avec 500 pages à 22 €, plutôt que 2 tomes de 250 pages à 19 €... Enfin bref, revenons à nos moutons... ou plutôt à nos dragons, car avec de tels prédateurs dans les cieux, les moutons n'ont pas la vie longue (et les hommes non plus).

Dans Les Gardiens des souvenirs et Les Pillards, l'intrigue initiée précédemment avance à grands pas. Il y a certes toujours quelques longueurs, mais qui ne me dérangent pas le moins du monde, tant j'aime cet univers, ses personnages et ses dragons... Ces créatures sont toujours aussi fascinantes et j'ai suivi leur évolution avec grand intérêt, ainsi que celle de leurs gardiens. Je n'en dirai pas plus, car il est toujours difficile, lorsqu'on est autant avancé dans une série, d'en parler sans spoiler ceux qui n'en sont qu'au début. Une chose est sûre, c'est que, même si la suite m'attend sagement sur mes étagères et que je meurs d'envie de la découvrir, je vais me forcer à attendre encore un peu, car les prochains tomes seront les derniers et annonceront la fin de cette merveilleuse saga de Robin Hobb. Une fin que je ne suis pas pressée de voir arriver !


"Le bonheur, ça va, ça vient, Tatou ; l'amour pour quelqu'un, ce n'est pas cette attirance folle qu'on éprouve au début ; ça passe - enfin, non, mais ça se calme, et, quelquefois, quand on s'y attend le moins, on voit la personne en question, et toutes les émotions reviennent d'un seul coup. Mais ce n'est même pas ça qu'on recherche ; ce qu'on recherche, c'est ce sentiment que, quoi qu'il arrive, on sera toujours mieux avec cette personne que sans elle, dans les mauvais moments comme dans les bons ; qu'être avec cette personne rend les épreuves plus agréables, ou du moins plus supportables."

[...] or, chez les Marchands de Terrilville, avoir l'air prospère, même en temps de crise, c'était la clé pour être prospère : nul n'avait envie de conclure des marchés avec un homme que la chance avait abandonné.