mardi 10 février 2015

04 - L'Océan au bout du chemin

Auteur : Neil Gaiman
Éditeur : Au Diable Vauvert
Publié en : 2014

Un roman de Neil Gaiman, on ne peut pas ne pas s'y arrêter. Et même s'il n'avait pas été tiré au sort à l'occasion de la nouvelle session de CaroLire, je m'y serais penchée un jour ou l'autre, avec beaucoup d'attente, de frissons et de plaisir anticipé...

Car Neil Gaiman est un conteur né, et à chaque lecture il nous le prouve. Dans L'Océan au bout du chemin, l'auteur s'adresse directement à l'enfant que nous avons été, nous rappelant à quel point la vie peut être magique et effrayante à cet âge béni de tous les possibles. Le narrateur se souvient de ses 7 ans, de sa seule amie, Lettie, et des aventures irréelles qu'il a vécues au côté de cette jeune fille de 11 ans pour qui la mare au canard du bout du chemin était son Océan...

Dès les premières pages on se laisse emporter par la magie de ce conte, original et surprenant, qui se lit vite, mais qu'on prend le temps de savourer, de découvrir, et qu'on n'a pas du tout envie de quitter une fois la dernière page tournée. L'Océan au bout du chemin fait partie de ces livres que je relirai très certainement encore, et encore, pour en savourer chaque détail.

C'est le problème, avec les êtres vivants. Ça dure pas très longtemps. Chatons un jour, vieux matous le lendemain. Et après, plus que des souvenirs. Et les souvenirs s'effacent, se mélangent et se brouillent tous ensemble...

Les souvenirs d'enfance sont parfois enfouis et masqués sous ce qui advient par la suite, comme des jouets d'enfance oubliés au fond d'un placard encombré d'adulte, mais on ne les perd jamais pour de bon.

Il y a des monstres de toutes les formes et de toutes les tailles. Certains sont des créatures dont les gens ont peur. D’autres sont des créatures qui ressemblent à des choses qui faisaient peur aux gens il y a très longtemps. Parfois, les monstres sont des choses dont les gens devraient avoir peur, mais ils en ont pas peur. 


jeudi 5 février 2015

03 - Passent les heures

Auteur : Justin Gakuto Go
Éditeur : Les Escales
Publié en : 2014

Tristan est un jeune Américain tout juste diplômé lorsqu'il reçoit un curieux courrier d'un prestigieux cabinet d'avocats à Londres, lui demandant de les contacter de toute urgence. Il découvre ainsi qu'au début du siècle, un certain Ashley, jeune homme féru d'escalade, ayant participé à la Grande Guerre et extrêmement fortuné, a vécu une histoire d'amour avec Imogen, qui était la sœur de son arrière grand-mère, Eleanor. Lorsqu'Ashley meurt, il lègue la plus grande partie de sa fortune à Imogen et à tout descendant direct. Sauf qu'Imogen disparait, et que personne ne vient réclamer cet héritage, bloqué pendant 80 ans dans un trust aux conditions très compliquées. Les avocats ont fini par découvrir que la grand-mère de Tristan serait peut-être la fille illégitime et cachée d'Imogen et Ashley, faisant de lui le dernier descendant direct encore vivant. Le seul hic, c'est qu'il n'y a aucune preuve, et que les avocats sont contraints par les clauses du contrat à ne mener aucune enquête, à n'engager personne, à n'en parler à personne. Et pour couronner le tout, il ne reste que 2 mois à peine à Tristan pour recoller les morceaux de ce puzzle familial, car les 80 ans arrivent à leur terme...

C'est donc une course contre la montre que nous propose ici Justin Gakuto Go, pendant laquelle on suit Tristan dans ses recherches sur ses origines et le passé de ses ancêtres. Mais cette trame principale est également un prétexte à d'autres histoire, celle d'un amour impossible, certes, mais également un récit plutôt bien documenté sur la Grande Guerre, et enfin un voyage à travers le monde aux côtés des différents protagonistes, qui va nous mener jusqu'au sommet de l'Everest, où Ashley a trouvé la mort. Les pages se tournent toutes seules, et j'aime cette attente entre deux séances de lecture, qui prouve bien à elle seule que le livre nous captive...

Il s'agit certes d'un premier roman, avec des imperfections, des longueurs, un rythme un peu saccadé, mais que j'ai pourtant trouvé très prometteur. Les récits de la guerre notamment m'ont passionnée, ils sont documentés sans être pédagogiques et on est très facilement transporté à chaque époque, dans chaque lieu, aux côtés d'Imogen, d'Ashley et de Tristan. La fin se tient bien, on s'y attend un peu en se demandant comment l'auteur va nous y amener, et il le fait tout en douceur, chose que j'ai beaucoup appréciée.

Une très belle découverte donc, et un auteur que je vais suivre avec beaucoup d’intérêt.


- Vous m'excuserez, mais vous ne paraissez pas très belliqueux pour un soldat. J'ai toujours imaginé qu'un militaire a des idées arrêtées sur tout.
- Un homme qui réfléchit ne peut nourrir aucune certitude sur rien. Encore moins sur les choses compliquées. Et la guerre est fichtrement compliquée.


Avant d'avoir été au front, Ashley avait souvent songé au destin de ces êtres dont la naissance est désirée, qui sont nourris, lavés et embrassés par des mères aimantes ; éduqués avec soin par des enseignants, soignés par des médecins et caressés par des femmes amoureuses, jusqu'au jour où des hommes qui n'ont aucune raison de les haïr leur arrachent tendon après tendon. C'était absurde, de quelque côté que ce soit. 

- Il pue la pisse, non ? Une vraie infection.
- Il y a des odeurs encore pires. Un peu de pisse, ça désinfecte mieux une tranchée qu'une savonnette. Je dis que c'est l'eau de Cologne de la Somme.
- N'empêche, il pue la pisse.