Auteur : Joann Sfar
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2013
Je l'attendais avec beaucoup d'excitation, ce premier roman de Joann Sfar. J'aime beaucoup son œuvre (du moins le peu que j'en ai vu et lu), et l'humour qu'il glisse au travers de ses histoires. Et, autant le dire tout de suite, je n'ai pas du tout été déçue par L’Éternel, qui m'a fait passer un très bon moment.
Ce roman est du grand n'importe quoi, mais dans le bon sens du terme. Dès qu'on croit qu'on comprend de quoi ça parle et quelle est l'histoire, un rebondissement nous ramène au point de départ, et nous devons changer systématiquement notre point de vue sur l'histoire. Tantôt récit de guerre avec ses horreurs, ses victimes, ses viols... tantôt récit fantastique, avec la naissance du vampire et la découverte de sa condition... tantôt conte avec son lot de créatures surnaturelles... tantôt réaliste avec le retour à la psychanalyse terre à terre... tout ça pour mener à un grand tout qu'on ne peut catégoriser, mais un grand tout franchement distrayant ! J'ai été écœurée par certains passages, émue par d'autres puis j'ai éclaté de rire à plusieurs reprises, et à aucun moment je ne me suis ennuyée. Alors oui, je m'attendais à aimer ce livre, mais je ne m'attendais pas du tout à ce genre d'histoire et j'ai été très agréablement surprise...
Certes, on peut dire qu'il s'agit d'un énième roman de vampires, et je n'irai pas jusqu'à clamer que Joann Sfar a renouvelé le genre. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il parvient avec cet Éternel à surprendre et à distraire. Que demander de plus ?
"Le vampire poussa un cri qu'il ne connaissait pas. Si l'on avait écrasé une scolopendre et qu'en expirant elle se fût vidée de son air, et si l'air expurgé avait traversé une crécelle, peut-être aurait-on obtenu un bruit semblable."
"Il se force à ne pas me sauter dessus. Il essaie de se convaincre que je ne suis pas son dîner, ou qu'il n'a pas faim. Combien de temps ça reste efficace, chez un vampire, le surmoi ?"
"Mon petit, lâcha-t-il, un chrétien qui s'adonne à la psychanalyse me semble aussi incongru que Madonna avec son bracelet de kabbaliste !"
"Il se force à ne pas me sauter dessus. Il essaie de se convaincre que je ne suis pas son dîner, ou qu'il n'a pas faim. Combien de temps ça reste efficace, chez un vampire, le surmoi ?"
"Mon petit, lâcha-t-il, un chrétien qui s'adonne à la psychanalyse me semble aussi incongru que Madonna avec son bracelet de kabbaliste !"