Auteur : Vikas Swarup
Éditeur : 10/18
Écrit en : 2008
Vicky Rai est un escroc et un assassin détesté de tous et surprotégé par sa fortune et son père. Un soir, alors qu'il donne une réception dans sa demeure, il se fait assassiner dans son jardin. Six personnes portaient une arme ce soir-là. Six suspects qui ont tous des raisons d'en vouloir à mort à Vicky Rai.
Meurtre dans un jardin indien nous raconte par de longs paragraphes consacrés à chacun de ces six suspects qui ils sont dans un premier temps, puis ce qui les a amenés à haïr et vouloir la mort de Vicky Rai jusqu'à un final épatant et plein de rebondissements...
Mohan Kumar, un ex-secrétaire général du gouvernement véreux, possédé par l'âme de Gandhi...
Munna Mobile, un voleur qui est tombé amoureux de la soeur de Vicky Rai...
Jagannath Rai, le propre père de la victime, parrain de la mafia et ministre, qui doit choisir entre conserver le pouvoir ou protéger son fils...
Larry Page (homonyme du célèbre co-inventeur de Google), un américain fraîchement débarqué à Dehli afin d'y rencontrer sa fiancée indienne, qu'il ne connait qu'à travers une correspondance platonique...
Eketi, un aborigène qui quitte son île afin de retrouver la pierre sacrée de son peuple, qui leur a été dérobée par un Indien...
Shabnam Saxena, l'une des actrices les plus en vogue en Inde, qui découvre une jeune femme qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau...
Au travers de ces différents personnages, c'est un portrait réaliste et peu flatteur de la société indienne que nous livre ici Vikas Swarup. Les fraudes et magouilles politiques en tous genres, les différences de castes et l'injustice... tout y passe. J'ai eu la chance lorsque j'étais enfant de passer quelques jours en Inde, et c'est un séjour qui m'a marquée à jamais. La pauvreté, les énormes inégalités de ce pays pourtant si magnifique sont malheureusement des éléments inoubliables de la culture indienne. J'ai retrouvé ces sentiments dans les descriptions de l'auteur. Mais l'Inde, ce n'est heureusement pas que cela. C'est une culture colorée, qui possède de multiples coutumes et croyances toutes plus passionnantes les unes que les autres. Et on retrouve aussi cet aspect dans ce roman, qui est, je pense, une représentation fidèle de ce pays, sans tabou et sans concession. Malgré toutes ces dénonciations, c'est l'espoir qui sort du lot au final. L'espoir d'une Inde nouvelle.
En ce qui concerne l'histoire, l'écriture est fluide et agréable, il n'y a aucun temps mort. Au contraire, l'auteur maîtrise bien son récit et sait quand il faut relancer l'intrigue. J'ai bien aimé également le fait que la traduction laisse de nombreux mots de la culture indienne, dans les dialogues notamment, avec les surnoms et marques de respect qu'on emploie lorsqu'on s'adresse à une femme ou un homme d'une caste supérieure ou inférieure, par exemple. Même si parfois on a du mal à s'y retrouver, ça facilite grandement l'immersion dans cette culture.
Un roman que j'ai dévoré, qui m'a passionnée, que j'ai adoré.
"- Un bidonville, madame, n'est pas une attraction touristique. Pour avoir une idée de cette vie-là, il faut y être né."
"La vie c'est comme un sandwich à la crotte, plus tu as de pain, moins tu mangeras de merde."
"Pour l'homme de la rue, la justice reste un rêve."