vendredi 30 novembre 2012

51 - Meurtre dans un jardin indien

Auteur : Vikas Swarup
Éditeur : 10/18
Écrit en : 2008

Vicky Rai est un escroc et un assassin détesté de tous et surprotégé par sa fortune et son père. Un soir, alors qu'il donne une réception dans sa demeure, il se fait assassiner dans son jardin. Six personnes portaient une arme ce soir-là. Six suspects qui ont tous des raisons d'en vouloir à mort à Vicky Rai.

Meurtre dans un jardin indien nous raconte par de longs paragraphes consacrés à chacun de ces six suspects qui ils sont dans un premier temps, puis ce qui les a amenés à haïr et vouloir la mort de Vicky Rai jusqu'à un final épatant et plein de rebondissements...

Mohan Kumar, un ex-secrétaire général du gouvernement véreux, possédé par l'âme de Gandhi...
Munna Mobile, un voleur qui est tombé amoureux de la soeur de Vicky Rai...
Jagannath Rai, le propre père de la victime, parrain de la mafia et ministre, qui doit choisir entre conserver le pouvoir ou protéger son fils...
Larry Page (homonyme du célèbre co-inventeur de Google), un américain fraîchement débarqué à Dehli afin d'y rencontrer sa fiancée indienne, qu'il ne connait qu'à travers une correspondance platonique...
Eketi, un aborigène qui quitte son île afin de retrouver la pierre sacrée de son peuple, qui leur a été dérobée par un Indien...
Shabnam Saxena, l'une des actrices les plus en vogue en Inde, qui découvre une jeune femme qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau...

Au travers de ces différents personnages, c'est un portrait réaliste et peu flatteur de la société indienne que nous livre ici Vikas Swarup. Les fraudes et magouilles politiques en tous genres, les différences de castes et l'injustice... tout y passe. J'ai eu la chance lorsque j'étais enfant de passer quelques jours en Inde, et c'est un séjour qui m'a marquée à jamais. La pauvreté, les énormes inégalités de ce pays pourtant si magnifique sont malheureusement des éléments inoubliables de la culture indienne. J'ai retrouvé ces sentiments dans les descriptions de l'auteur. Mais l'Inde, ce n'est heureusement pas que cela. C'est une culture colorée, qui possède de multiples coutumes et croyances toutes plus passionnantes les unes que les autres. Et on retrouve aussi cet aspect dans ce roman, qui est, je pense, une représentation fidèle de ce pays, sans tabou et sans concession. Malgré toutes ces dénonciations, c'est l'espoir qui sort du lot au final. L'espoir d'une Inde nouvelle.

En ce qui concerne l'histoire, l'écriture est fluide et agréable, il n'y a aucun temps mort. Au contraire, l'auteur maîtrise bien son récit et sait quand il faut relancer l'intrigue. J'ai bien aimé également le fait que la traduction laisse de nombreux mots de la culture indienne, dans les dialogues notamment, avec les surnoms et marques de respect qu'on emploie lorsqu'on s'adresse à une femme ou un homme d'une caste supérieure ou inférieure, par exemple. Même si parfois on a du mal à s'y retrouver, ça facilite grandement l'immersion dans cette culture.

Un roman que j'ai dévoré, qui m'a passionnée, que j'ai adoré.



"- Un bidonville, madame, n'est pas une attraction touristique. Pour avoir une idée de cette vie-là, il faut y être né."

"La vie c'est comme un sandwich à la crotte, plus tu as de pain, moins tu mangeras de merde."

"Pour l'homme de la rue, la justice reste un rêve."



vendredi 23 novembre 2012

50 - La faute d'orthographe est ma langue maternelle

Auteur : Daniel Picouly
Éditeur : Albin Michel
Écrit en : 2012

Daniel Picouly est un aujourd'hui un auteur reconnu et primé. Mais cela n'a pas toujours été le cas. 11e né d'une famille antillaise de 13 enfants, élevé en banlieue parisienne dans un quartier très populaire, il a subi de nombreuses humiliations lors de sa scolarité. Dans ce court roman écrit comme une pièce de théâtre, l'auteur revient sur cette période où un double zéro en dictée lui avait valu l'humiliation de sa vie par un professeur remplaçant. Il nous parle, à travers un dialogue fictif "élèves/écrivain", de son enfance, de ce qui l'a amené à lire, puis à écrire.

Une histoire sympathique, qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais qui m'a fait sourire gentiment à plusieurs reprises. Daniel Picouly nous offre ici de belles tournures de phrases, de belles métaphores, et de bons sentiments enfantins. Mais rien de plus. Un livre vite lu, et agréablement, mais vite oublié également.


"Je me suis toujours demandé pourquoi on gâchait les récréations en mettant des cours autour. "

"Quand Proust respire un buisson d'aubépine,
il en fait trente pages.
Moi, je dis : ça sent bon !"


"Le soir, quand on lit son texte, c'est de la passion amoureuse.
Ce qu'on a écrit et ce qu'on voulait écrire sont au lit ensemble.
Deux corps mêlés de sueur.
On ne fait plus de différence entre le désir du texte et le texte.
Le lendemain matin, on tend la main et...les draps sont froids.
Il ne reste que le texte nu.
Et maintenant on doit le rhabiller.

Il faut écrire en amant et relire en mari."

 

jeudi 22 novembre 2012

49 - Lucile Rhodes

Auteur : Jean-Claude Mouëza
Éditeur : Oliane
Écrit en : 2012

Quelle belle invention que Babelio. Cette communauté nous invite à la découverte de nombreux ouvrages,  rapproche les lecteurs, mais également les auteurs. C'est ainsi que Jean-Claude Mouëza m'a contactée par ce biais, afin de me faire découvrir son roman : Lucile Rhodes. Après avoir été intriguée par un 1er chapitre plein de promesses (que vous pouvez télécharger ici), M. Mouëza m'a gentiment envoyé ce livre que je m'empresse de découvrir.

C'est une histoire riche et complexe que nous propose l'auteur. Pour essayer de faire simple, au début de la narration, il y a deux Lucile Rhodes.
La première que nous rencontrons suit son père pour un voyage en train qui sera le dernier avant la fin du Monde, et se met à la recherche d'une sphère d'emnobalt qu'elle doit protéger d'un homme malfaisant et très puissant : Jewel. L'emnobalt est un minerai qui possède un grand pouvoir, permettant entre autres de produire de l'électricité dans ce monde où tout est fait à base de charbon, matière première de plus en plus rare... ou, plus dangereusement, ce minerai permettrait de contrôler l'esprit des hommes et les asservir.
La seconde Lucile Rhodes vit une vie aisée de lycéenne, est curieuse, passionnée et intrépide. Jusqu'au jour où elle reçoit par courrier un manuscrit moyenâgeux et prophétique lui contant la vie de l'autre Lucile, sa propre vie en fait. Elle va vite se rendre compte que le monde dans lequel elle évolue est loin d'être celui qu'elle semblait connaître, et de nombreuses responsabilités vont bientôt reposer sur ses épaules...

Bon, c'est un peu brouillon comme présentation, mais je ne voudrais pas en dire trop, de peur de spoiler inutilement cette histoire. J'ai beaucoup aimé ce livre, que j'ai dévoré sans respirer, jusqu'à la fin. Les aventures, les révélations, les retournements de situation se succèdent à un rythme effréné, parfois trop rapidement pour laisser au lecteur le temps de comprendre ce qui se passe et de savourer cet univers particulier créé par Jean-Claude Mouëza. On a ici une véritable originalité, alors que l'originalité est de plus en plus rare en fantasy jeunesse.
Seul regret, j'ai souvent eu l'impression de ne faire que frôler la surface de l'histoire, et de ne pas aller au fond des choses. J'aurais par exemple aimé en savoir plus sur la relation entre Fred et Lucile avant l'accident, ou encore sur ce monde particulier dans lequel elle vit, un monde si semblable au nôtre, mais pourtant si différent. Sur les bateleurs également, qui par leur histoire ne peuvent que faire penser à ce qu'a subi la communauté Juive lors de la Seconde Guerre Mondiale. J'aurais bien aimé savoir comment ce monde en est arrivé là, et je n'ai pas très bien compris le rapport entre les rafles, la persécution et l'exil des bateleurs et l'épopée de Lucile et de l'emnobalt. Tous ces éléments auraient mérité d'être mieux approfondis pour faciliter la compréhension du lecteur.
Mais bon, tout ceci n'enlève rien au charme de cette histoire que j'ai beaucoup appréciée, et Jean-Claude Mouëza est un auteur que je relirai avec plaisir.



mercredi 21 novembre 2012

48 - Swamplandia

 
Auteur : Karen Russel
Éditeur : Albin Michel
Écrit en : 2011

Swamplandia est un roman étranger de la rentrée littéraire Albin Michel 2012, et c'est sa couverture particulière qui m'a en premier lieu attirée... Puis la 4e, car il faut avouer qu'une histoire sur un parc à thème plein d'alligators, ça n'a rien d'habituel, et donc forcément, ce livre a piqué ma curiosité.

Swamplandia est dirigé par la famille Bigtree dont Ava, notre narratrice, est l'une des filles. En pleine heure de gloire, sa vedette internationale, Hilola, la mère d'Ava, meurt subitement d'un cancer des ovaires. Tout s'enchaîne ensuite vers une descente infernale pour la famille Bigtree : les visiteurs qui ne veulent plus venir, le grand-père qui perd la tête et qu'on envoie dans une maison spécialisée, un grand parc concurrent qui s'ouvre au sein des agglomérations (alors que Swamplandia est perdu sur une île peu accessible)... Entre un père qui refuse de voir la vérité en face et de prendre ses responsabilités, une sœur qui se réfugie dans l'ésotérisme et tombe amoureuse d'un fantôme, un frère qui fugue vers le continent et se retrouve à bosser pour la concurrence, Ava a bien du mal à trouver sa place, du haut de ses 13 ans, et ne souhaite qu'une chose, que Swamplandia retrouve sa gloire d'antan.

Lire Swamplandia, c'est vivre un rêve exotique et passionnant, parfois à la limite du cauchemar et du fantastique. Le cadre est on ne peut plus original, avec des personnages vraiment hauts en couleurs. L'écriture est distrayante, les tournures de phrases sont souvent drôles et beaucoup m'ont arraché un sourire, alors que le thème en lui-même, quand on y pense, n'a rien de joyeux. Une chose est sûre, cette histoire m'a fait passer par toute une palette d'émotions diverses et variées... Je me suis pourtant demandé à plusieurs reprises où Karen Russel souhaitait amener son lecteur, l'intrigue pataugeant un peu à certains moments. Mais ma curiosité et les mots d'esprit de l'auteur nous facilitent grandement la lecture, et c'est avec plaisir qu'on découvre la fin de ce roman atypique. Un livre que je recommande chaudement.


"Les deux taches rouges sur ses joues mal rasées lui donnaient un peu l'air d'une Shirley Temple décatie."

"Ta connerie n'est même pas authentique. Tu plagies d'autres cons."

"L'Oiseleur massait les plis de son front. Pourquoi les adultes faisaient-ils toujours ça ? Un visage était-il comme un pantalon ? Pouvait-on lisser ses mauvaises pensées depuis l'extérieur ?"


 

vendredi 16 novembre 2012

47 - Nous avons tous peur

Auteur : B. R. Bruss
Éditeur : Baleine (collection Baleine noire)
Écrit en : 1956

Neil Gaiman a lancé l'idée d'offrir à un de ses amis pour Halloween un livre qui fait peur. Gaenaria et moi avons décidé sur notre blog CaroLire de suivre cette tradition, et c'est ainsi que j'ai reçu en cadeau le 31 octobre Nous avons tous peur.

L'intrigue de ce roman se situe dans une petite bourgade canadienne, Cockshill, dans laquelle un jeune journaliste, Jimmy, doit se rendre afin de faire un article sur un fait peu banal : les habitants sont de plus en plus nombreux à déserter la ville, sans raison apparente. Dès son arrivée, Jimmy découvre que Cockshill est une ville idéalement située dans un cadre naturel magnifique, au bord d'un grand lac comme on en trouve au Canada. C'est une ville prospère, avec une économie florissante, et en pleine expansion. Mais si cette ville est aussi agréable, pourquoi ses habitants déménagent-ils sans un mot, deviennent fous ou encore se suicident ? Pourquoi ont-ils l'air si effrayés et dorment-ils si peu ? Pourquoi se renferment-ils sur eux-mêmes dès que Jimmy essaie de comprendre ce mystère ? Le journaliste va malheureusement très rapidement comprendre et expérimenter ce que vivent ces gens au quotidien...

Nous avons tous peur est un excellent roman qui m'a tenue en haleine du début à la fin. Mais je n'ai pas eu peur. Est-ce une volonté de l'auteur, de faire de son lecteur un spectateur extérieur à cette peur ? Ou bien est-ce moi qui suis "imperméable" à la peur dans les livres ? Je l'ignore, et ça m'est égal, car j'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire. En suivant Jimmy, on découvre petit à petit avec les yeux d'un journaliste la raison de ce qui se passe à Cockshill. Car les gens ont plus que peur, ils sont terrorisés. On passe du scepticisme à l'inquiétude, et on se demande constamment si la raison de tout ça est d'ordre fantastique ou scientifique. Personnellement, même si je n'ai aucun problème à me pencher d'ordinaire vers le fantastique, j'ai eu l'impression tout au long de l'histoire qu'il y avait une raison rationnelle à cette peur collective. La fin nous dévoile tout, et les minces hypothèses que j'ai pu formuler au cours de l'histoire ont été balayées rapidement, j'avais tout faux !

Merci à Gaenaria de m'avoir permis de découvrir ce roman, cet auteur, et cet éditeur que je ne connaissais pas. Ce fut un très bon moment de lecture, et je recommande chaudement ce livre aux amateurs du genre.


mercredi 14 novembre 2012

Les Naufragés d'Ythaq T1 - Terra incognita

Auteur / illustrateur : Chistophe Arleston / Adrien Floch
Éditeur : Soleil
Paru en : 2005

Premier tome des Naufragés d'Ythaq, Terra incognita nous plonge dans un monde de fantasy et d'aventures dès les premières pages. Nous assistons au crash d'un luxueux vaisseau de croisière à la pointe de la technologie sur la planète d'Ythaq, peuplée de créatures bizarres et au premier abord moins évoluées. Trois rescapés vont essayer de retrouver d'autres survivants et le reste du vaisseau, afin d'envoyer un signal de détresse qui les sauvera tous de cette planète et de ses habitants pour la plupart hostiles. Car des mercenaires ont été lancés à leurs trousses par une mystérieuse femme qui cherche à s'approprier leur savoir technologique...

J'ai beaucoup aimé ce premier tome. Graphiquement, les dessins sont magnifiques et très bien réalisés, réalistes sans pour autant crouler sous les détails, avec des couleurs chaudes qui retranscrivent bien l'atmosphère générale qui règne sur Ythaq. Les créatures peuplant cette planète inconnue sont originales et rigolotes. Ces illustrations de qualité accompagnent une narration pleine d'aventures, d'action, d'humour, de magie aussi, avec une histoire qui se met bien en place et qui laisse le sujet ouvert sur une intrigue générale qui promet d'être passionnante.

A suivre !


46 - Le cimetière du diable

Auteur : Anonyme
Éditeur : Le Livre de Poche
Écrit en : 2010

Après Le Livre sans nom et L'Oeil de la Lune, j'étais pressée de me lancer dans le 3e volet des aventures du Bourbon Kid. Le cimetière du diable est un tome un peu à part, car il ne poursuit pas la trame principale engagée dans les deux premiers. Ce que ce cher auteur anonyme nous conte ici, c'est une histoire qui s'est passée avant les aventures du Livre sans nom, loin de la sinistre et dangereuse ville de Santa Mondega.

Cette nouvelle intrigue m'a tout d'abord un peu égarée dans l'histoire, mais une fois les choses bien en place, j'ai retrouvé tout le plaisir que j'avais ressenti lors de la lecture des deux premiers tomes. L'histoire met en scène des personnages que j'ai vus mourir dans la "trame principale" et que je regrettais un peu de ne pas avoir mieux connu. Et bien c'est chose faite ! Mais il y a aussi de nouveaux (et éphémères, comme souvent ici) personnages, tout aussi hauts en couleurs que notre cher Bourbon Kid. Et oui, il est là, lui aussi.

L'intrigue se situe le soir d'Halloween, à l'Hôtel Pasadena, situé en plein milieu du Cimetière du Diable. Un endroit que toute personne censée fuirait à cette période de l'année... Mais le propriétaire de l'hôtel organise tous les ans à la même période un concours de chant, "Back from the dead", opposant différents sosies de célébrités décédées. Pour l'occasion, il invite gracieusement de nombreuses personnes à passer le weekend dans son hôtel et à suivre ce concours annuel. Le gagnant touche 1 million de dollars et deviendra célèbre, de quoi attirer les foules, même dans ce sinistre Cimetière du Diable, bien plus dangereux qu'il n'y paraît...

De situations rocambolesques en quiproquos à "mourir" de rire, nous suivons avec jubilation tous ces personnages, dont le célèbre Bourbon Kid, qui pour une fois essaie de ne pas tuer quelqu'un, mais d'empêcher que cette personne se fasse tuer... Encore une fois, nous vivons avec cette histoire un pur divertissement diabolique, jouissif, complètement immoral, franchement cruel et sanguinaire, comme je les aime !

  

mardi 6 novembre 2012

45 - Contes à rebours

Auteur : Nick Flynn
Éditeur : Gallimard
Écrit en : 2010

L'opération Masse Critique de septembre sur Babelio m'a fait le joli cadeau que voici : Contes à rebours, de Nick Flynn. Tout d'abord, un grand merci à Babelio et à Gallimard pour cet ajout à ma bibliothèque.

Nick Flynn est un poète reconnu, ayant reçu plusieurs récompenses, et également professeur à l'université de Houston. Il est l'auteur d'un premier roman sur les sans-abris, qu'il a côtoyés pendant plusieurs années, son propre père ayant vécu dans la rue. Avec Contes à rebours, Nick Flynn reste dans l'autobiographie, mais d'une manière un peu particulière. Tout au long de son récit, on fait des va-et-vient dans le temps, à différentes périodes de sa vie, qui nous en apprennent un peu plus à chaque fois sur lui-même bien sûr, mais également sur sa famille, sur ses relations amoureuses, amicales, sur son travail... Ecrit peu avant la naissance de son premier enfant, ce texte est en fait une véritable interrogation sur la valeur de la vie, son importance et sa place dans ce monde régit par la peur et la terreur. Car Nick Flynn a été profondément marqué par le scandale d'Abou Ghraib, ces photos de prisonniers irakiens torturés et humiliés par des soldats américains, qui ont été dévoilées 2004, créant une polémique sans précédent. L'auteur s'est même rendu en Irak, afin d'interroger les victimes et savoir ce que ces prisonniers ont réellement vécu.

C'est ainsi que ce récit autobiographique mêle évènements personnels et intimes à ces éléments extérieurs de tortures, de violences, d'injustice, qui gouvernent ce monde dans lequel va bientôt naître la fille de Nick Flynn. Il nous livre ses peurs, ses doutes, ses espoirs également. On pourrait penser que ce genre de récit est forcément triste et ennuyeux, mais l'écriture du poète est très bien ressentie. Les choses sont dites, simplement, sans fioriture, l'essentiel étant de les dire. Les chapitres sont courts et variés, évoquant tour à tour sa vie, ses opinions, mais également sa vision d'un tableau de Giotto ou d'un film sur la Guerre d'Algérie. On ne s'ennuie pas, on s'attache à ce texte, en se demandant un peu où ça va nous mener, mais en prenant le temps de bien comprendre ce qui est dit.

Une lecture intéressante, qui nous pousse à réfléchir à certaines choses qui font malheureusement partie de notre quotidien. Une lecture que je ne regrette pas.

lundi 5 novembre 2012

44 - L'Amour fou

Auteur : Françoise Hardy
Éditeur : Albin Michel
Écrit en : 2012

Je ne connais Françoise Hardy qu'à travers ses chansons les plus populaires, et encore (ce n'est pas vraiment de mon époque) et lorsque j'ai découvert qu'elle écrivait aussi des romans, j'ai été curieuse (surtout au vu du grand succès de son autobiographie qui s'était très bien vendue en 2008). Son talent de parolière n'est plus à démontrer, elle a été une véritable icône des années 60. Reste à savoir si cette écriture se retrouve également en littérature... L'Amour fou est un court roman de 192 pages, qui accompagne la sortie de son prochain disque, du même nom.

Et bien j'avoue que je suis déçue. Je ne m'attendais pas forcément à de la grande littérature, mais au moins à quelque chose de lisible. Des les premières lignes, les phrases sont imbuvables, n'ont pas vraiment de sens, utilisent un vocabulaire trop recherché (à la limite du philosophique) pour une lecture distrayante. L'histoire en elle-même est on ne peut plus classique, c'est l'histoire d'une femme qui tombe amoureuse. Comment ça arrive, quels changements en elle font qu'elle s'en rend compte, tout ce qu'elle pense, l'évolution de ses sentiments et de sa relation et surtout, toutes ses prises de tête et son aveuglement face à la réalité... Le narrateur est extérieur, mais nous raconte en détails tout ce qu'elle pense, une vision du récit que je n'apprécie pas beaucoup. C'est comme si on nous empêchait d'entrer dans l'histoire. Et puis c'est du déjà vu, les personnages ne sont ni attachants, ni originaux. Je me suis royalement ennuyée. Enfin bref, heureusement que ce roman est court.




40 - Les Chroniques de Krondor - Tétralogie de La Guerre des Serpents





Auteur : Raymond E. Feist
Éditeur : Bragelonne
Écrit en : 2004-2005

De toutes les sagas de Fantasy que j'ai pu lire dans ma (courte) vie, je pense que celle que je préfère c'est Les Chroniques de Krondor. Je n'en ai heureusement pas encore fait le tour, et je découvre avec joie, à chaque nouvelle série que j'aborde, de nouveaux personnages, de nouveaux lieux, de nouveaux aspects de Midkemia et des mondes sortis de l'imaginaire de Raymond E. Feist.

La guerre des Serpents se place dans la continuité du Boucanier du Roi. Arutha est mort (avec le temps, ce sont des choses qui arrivent, mais c'est triste quand même), et le roi a choisi Nicholas pour la succession de son père. Nicholas, que nous avions appris à connaître dans Le Boucanier du Roi. Mais la tâche n'est pas facile, les Panthatians ont de grands projets d'invasion et de destruction du monde. Calis, l'elfe surnommé "l'Aigle de Krondor", prend les rennes de cette nouvelle histoire midkemienne. Il recrute et forme une petite armée d'hommes désespérés, officiellement morts, et dont le seul but à présent est de trouver le point faible qui permettra à Nicholas d'anéantir l'ennemi. C'est ainsi que nous suivons le chemin d'Erik, bâtard de feu le baron de la Lande-Noire, qui avait été condamné à mort pour le meurtre de son demi-frère (il le méritait !). Accompagné de son meilleur ami Roo, ils se font arrêter, pendre puis sauver de justesse afin de mettre leur vie et leur désespoir au service de Calis et de son projet fou.

La Guerre des Serpents est l'une des meilleurs suites des Chroniques de Krondor que j'ai lues jusqu'à présent. Je me suis laissée sans peine transporter dans toutes ces intrigues, dans ces guerres, dans ces paysages que je commence à bien connaître. Comme toujours, Raymond E. Feist capte notre intérêt en introduisant de nouveaux personnages principaux charismatiques, qui attirent d'emblée notre sympathie, tout en n'hésitant pas à mettre en jeu ou à nous donner des nouvelles de ceux qu'on avait suivis et aimés dans les aventures précédentes. On a ici encore notre lot d'aventures, de frissons, de rires, de larmes, de bons et mauvais sentiments, et bien sûr de magie... Un régal !

Mais cela n'est que la partie immergée de l'iceberg, et l'auteur nous offre ici une intrigue qui prendra une ampleur inimaginable tout au long des 4 tomes, pour un final qui nous ouvre la porte sur une suite tout aussi prometteuse.