mardi 7 juin 2016

15 - Les Maraudeurs

Auteur : Tom Cooper
Éditeur : Albin Michel

Décidément mes lectures me font beaucoup voyager en ce moment... Après le bush australien, me voici au cœur du bayou, en Louisiane, avec ce roman de Tom Cooper, Les Maraudeurs.

Jeannette est une petite ville de Louisiane qui vit de la pêche à la crevette. Mais après la double tragédie de l'ouragan Katrina et de la marée noire, ses habitants luttent quotidiennement pour survivre au cœur de ces marais appauvris et pollués...

Dans Les Maraudeurs, nous suivons le destin de plusieurs d'entre eux, entre le père et le fils Trench qui essaient de survivre à la disparition de la mère lors de l'ouragan et à des crevettes qui ne les nourrissent plus, Lindquist, un pêcheur manchot dévasté par son addiction aux médicaments et persuadé qu'il trouvera le fameux trésor du célèbre pirate Laffitte au fond du bayou, les frères Toup, qui se sont attribué une île perdue dans le marais pour leur trafic de marijuana, ou encore Grimes, natif de Jeannette mais qui a la ville et ses habitants en horreur, obligé d'y revenir pour le compte de la société pétrolière qui cherche à embobiner les habitants en achetant leur silence sur la catastrophe dont ils sont à l'origine...

Dès les premières pages l'ambiance particulière de la Louisiane est bien présente, et on se laisse bercer par le destin de ces personnages. Mais ce roman est loin de n'être qu'un portrait de la dureté de la vie dans le bayou... Tom Cooper y dénonce aussi bien l'incompétence des autorités suite aux dégâts de Katrina et leur corruption quotidienne, que la main-mise des sociétés pétrolières sur l'image que le monde extérieur peut avoir sur la marée noire, tellement éloignée de la réalité de ceux qui vivent au cœur de ce drame écologique, et bien loin des considérations humaines.

Au final, Les Maroudeurs est un roman qui se lit très bien, avec des personnages attachants, mais qui soulève de nombreuses vérités cachées sous un humour noir et un cynisme permanents.


Ils se remirent au travail. Au bout d'un moment, Hanson retourna la question à Cosgrove et lui demanda comment il avait atterri là.
"Ivresse sur la voie publique", dit Cosgrove.
Hanson secoua la tête et renifla, l'air incrédule. "À la Nouvelle-Orléans ? dit-il. C'est comme si les flics allaient au cimetière coffrer les gens parce qu'ils son morts." 


Ils ne dirent plus rien pendant un moment. Lindquist rejeta à l'eau un poisson-tambour, Wes une petite sébaste criblée de lésions grosses comme des petits piments.
"Tu sens ça ?" demanda Lindquist.
Wes hocha la tête d'un air dégoûté.
"Tu crois qu'il y a du poison là-dedans ?
- À la télé ils disent qu'il n'y a rien. L'Agence de protection de je ne sais plus quoi.
- Protection de l'environnement ?
- Voilà, c'est ça.
- Et tu les crois ?
- J'en sais rien.
- Moi, j'ai vu des crevettes qui n'avaient pas d'yeux, dit Lindquist.
- Moi, un jour, j'ai vu une sébaste qui en avait trois.
- Et moi une sirène avec trois nibards."
Ils pouffèrent de rire.


 

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