mercredi 20 novembre 2013

56 - Le cœur cousu

Auteur : Carole Martinez
Éditeur : Folio
Publié en : 2007

Une enfant qui nait avec des plumes, une jeune fille qui coud un cœur à une statue vide de la Vierge, une mariée dont la robe telle une fleur se fane le jour de son mariage, un œuf de poule à la couleur particulière donnant naissance à un poussin rouge écarlate, une femme qui recoud un homme à son ombre... On pourrait croire que cet ouvrage est un recueil de nouvelles étranges et fantastiques. Mais il s'agit bien d'un roman, d'un conte magique dont les mots se posent délicatement dans notre esprit pour nous engloutir dans une sorte de torpeur merveilleuse.

J'ai retrouvé dans Le cœur cousu la plume si pleine de poésie de Carole Martinez, que j'avais découverte dans l'excellent Du domaine des murmures. A travers ces courts chapitres semblables à des contes fantastiques, Soledad nous relate l'histoire de sa mère, de sa lignée dont les mères et filles se transmettent un héritage bien étrange. Encore une fois dans ce roman de Carole Martinez, la femme est à l'honneur, représentée comme un personnage fort, qui porte la vie et le monde à bouts de bras. La douleur de l'Andalousie mais également son folklore et ses traditions sont présentes tout au long de l'ouvrage, donnant encore plus de profondeur à l'histoire, mystique, étrange et envoûtante.

Le cœur cousu a eu énormément de succès auprès des lecteurs et obtenu de nombreux prix littéraires, ce qui n'a rien d'étonnant pour un ouvrage d'une telle poésie, d'une telle beauté. Et j'ai finalement été ensorcelée à mon tour... Il semble que l'écriture est à Carole Martinez ce que la couture est à son personnage principal, Frasquita, un don magique et merveilleux, qu'on ne se lasse pas de contempler.


"Mon nom est Soledad.
Je suis née, dans ce pays où les corps sèchent, avec des bras morts incapables d'enlacer et de grandes mains inutiles.
Ma mère a avalé tant de sable, avant de trouver un mur derrière lequel accoucher, qu'il m'est passé dans le sang."


"On voit ses enfants grandir, mais on ne les voit jamais vieillir. C'est ainsi."

"Manuel resta un long moment interdit, contemplant l’antichambre de la géhenne, ce cauchemar d’ombre et de pierre où séjournaient les misérables condamnés en attendant que s’ouvrît pour eux la grande porte des morts. Pour s’arracher aux pensées morbides qu’inspirait ce spectacle dantesque, il lui fallut se concentrer sur sa respiration et sentir son cœur battre dans sa poitrine, il dut se convaincre qu’il était toujours vivant, alors seulement il parvint à dominer l’angoisse qui le prenait à la gorge."
  

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