lundi 29 décembre 2014

48 - L'Adversaire

Auteur : Emmanuel Carrère
Éditeur : Folio
Publié en : 2002

Fait divers (source Wikipedia) : Jean-Claude Romand, né le 11 février 1954 à Lons-le-Saunier, est connu pour avoir menti à ses proches pendant 18 ans sur sa vie réelle en s'inventant une profession de médecin et de chercheur et pour avoir assassiné sa femme, ses enfants et ses parents en janvier 1993, car ils étaient sur le point de découvrir la vérité.

Avouez qu'il y a là de quoi intriguer. Moi en tous cas, cette histoire vraie m'a intriguée, et on peut dire que ce drame a obnubilé Emmanuel Carrère pendant quelques temps. Dans L'Adversaire, l'auteur ne fait pas que nous raconter sa vision de cette tragédie, ce qu'il pense en être la raison. Il nous raconte comment, intrigué par cet homme qui a commis l'irréparable, il l'a contacté en prison afin de retracer sa vie, son parcours, et de comprendre comment une chose aussi impensable a pu se produire. Car il n'y a pas seulement le meurtre de sa famille, il y a également 18 ans de mensonges, d'une vie qui n'est et ne sera jamais la sienne, et que personne dans son entourage, pas même sa femme, ni son meilleur ami, n'ont pu soupçonner la supercherie.

Ce fait divers m'a intriguée, oui, et c'est bien ce qui m'a amenée à lire L'Adversaire jusqu'au bout. Car j'ai trouvé que ce n'était pas simple de lire Emmanuel Carrère. Le style est pompeux, lourd, assez indigeste, rendant la lecture pénible par moments. Heureusement que le livre est court, car je suis bien contente d'en être venue à bout.

Au final, le voile ne sera jamais complètement levé sur Jean-Claude Romand. Personne ne pourra jamais savoir qui il était réellement, pour la simple et bonne raison que, convaincu de ses mensonges, il ne le sait pas lui-même... Mais L'Adversaire apporte tout de même un éclairage intéressant, qui répond à pas mal de questions et assouvit sans problème ma curiosité.


Un ami, un véritable ami, c'est aussi un témoin, quelqu'un dont le regard permet d'évaluer mieux sa propre vie, et chacun depuis vingt ans avait sans faillir, sans grands mots, tenu ce rôle pour l'autre.

Les gens ne savent pas ce que c'est, la folie. C'est terrible. C'est ce qu'il y a de plus terrible au monde.

  

mardi 23 décembre 2014

Morwenna

Auteur : Jo Walton
Éditeur : Denoël
Publié en : 2014

Il est rare que j'abandonne un livre en cours de route, et pourtant celui-ci était prometteur. Je l'ai découvert sur le site elbakin.net, qui en faisait l'éloge, et les prix Hugo et Nebula du meilleur roman l'ayant récompensé en 2014, je me suis dit que Morwenna était une valeur sûre...

Mais voilà, ça fait 5 jours que j'ai lu les premiers mots de cette histoire, et je n'avance pas. Je n'en suis qu'à 100 pages, je m'ennuie ferme, rien dans l'intrigue ne m'a accrochée, ni les fées, ni l'histoire de Morwenna qui a perdu sa sœur jumelle, qui a une mère sorcière, et qui adore lire. En fait, j'ai juste l'impression d'avoir lu à la suite un arbre généalogique géant, un inventaire de livres de science-fiction et de fantasy, et l'histoire banale d'une ado qui se tracasse à propos de l'école, de sa famille, du sexe et des fées. 

Je devrais certainement persévérer encore un peu, on ne sait jamais, mais c'est ce que je me dis tous les matins. Alors tant pis pour Morwenna, je passe peut-être à côté de quelque chose de grandiose, mais je m'en vais de ce pas le rendre à la médiathèque.


PS : et pourtant la couv est sympa...

 

vendredi 19 décembre 2014

47 - Spiridons, la prisonnière du Kremlin

Auteur : Camille Von Rosenschild
Éditeur : Don Quichotte
Publié en : 2014

C'est grâce à un Masse Critique, par l'intermédiaire d'Ellane, que j'ai pu découvrir l'excellent Spiridons cette année. Et c'est grâce à un nouveau Masse Critique que j'ai pu dévorer la suite, La Prisonnière du Kremlin. Je sais que je le dis à chaque fois, mais encore une fois MERCI à Babelio et aux éditeurs, ici Don Quichotte, pour ces opérations qui nous mettent de véritables bijoux entre les mains.

C'est avec un grand plaisir que j'ai retrouvé dans ce tome Victor, ses spiridons, les Tziganes, les Boyarins, et même Olga. L'intrigue de La Prisonnière du Kremlin se situe tout de suite après les aventures de Spiridons, de manière tout aussi effrénée et inattendue. Mais nous voyageons également dans le temps, à la recherche des origines de toute cette histoire, que ce soit à l'époque d'Ivan le Terrible et de la "sorcière" Sonia, ou bien en suivant Olga au cours de sa vie. Et j'ai beaucoup aimé ce parallèle entre présent, passé proche et passé lointain, chaque saut dans le temps levant un peu plus le voile sur le mystère "spiridons", mais également sur le mystère "Victor".

Encore une fois, le dépaysement est garanti. L'auteur nous fait voyager dans la Russie impériale aussi bien que dans la Russie contemporaine ou encore dans les traditions tziganes. Il n'y a aucun temps mort, les pages se tournent toutes seules, et mon seul regret est que le tome suivant ne soit pas encore publié. 



Victor aurait pu mettre un terme au cauchemar, s'enfuir, rentrer en France, et recommencer la vie comme avant. Mais si le destin n'en faisait qu'à notre tête, il n'y aurait pas d'histoire ni de roman. 

Il y avait longtemps qu'une information ne l'avait pas bouleversée au point de lui couper l'envie de fumer. La dernière fois remontait à ses quatorze ans, lorsqu'elle avait appris que les femmes étaient obligées d'avoir recours aux hommes pour faire des enfants. 
 

mercredi 10 décembre 2014

46 - Le cycle de Ki et Vandien T1 - Le Vol des Harpies


Auteur : Megan Lindholm (alias Robin Hobb)
Éditeur : Mnémos
Publié en : 2004

Robin Hobb est l'une de mes auteurs favorites depuis des années, et j'ai bien l'intention de lire toute son œuvre. Je ne m'étais encore jamais lancée dans Le cycle de Ki et Vandien, et ça fait déjà un moment qu'il est dans ma liste de livres à lire. Voilà enfin chose faite, avec ce premier tome, Le Vol des Harpies.

Ki vit seule sur les chemins qu'elle parcourt avec sa roulotte et ses deux fidèles chevaux. Son mari et ses deux enfants ont été dévorés par des harpies. Le cœur plein de haine, sa vengeance l'a poussée à massacrer à son tour une famille de harpies, une femelle et ses œufs, le mâle en ayant réchappé avec des blessures très graves. Après avoir traversé de rudes épreuves, Ki reprend sa route, tout en sachant que le mâle harpie viendra à son tour se venger un jour ou l'autre... Ayant accepté de passer des pierres précieuses de l'autre côté de la montagne pour un marchand, Ki rencontre Vandien, qui la rejoindra dans ses aventures contre les dangers qui la guettent, mais également contre la colère, la tristesse, le désespoir et la solitude qui l'habitent...

Ce que j'aime tout particulièrement chez Robin Hobb, c'est sa capacité à créer un univers totalement original, dans lequel le fantastique prend forme le plus naturellement du monde, que ce soit dans la nature, la faune et la flore, que dans les peuples créés et leurs us et coutume. Le cadre de cette histoire ne déroge pas à la règle, et j'ai très rapidement été envoûtée par ce décor autant que par l'histoire en elle-même. Ki a vécu de terribles épreuves, et on ne peut que s'attacher à ce petit bout de femme, brisée mais forte, volontaire, et qui se donne les moyens d'arriver au bout des objectifs qu'elle s'est fixés. Quant à Vandien, d'abord personnage énigmatique, c'est vers la fin qu'il se dévoile et qu'on découvre que, lui aussi, a subi des épreuves sans nom du simple fait de sa culture et des us et coutumes de son peuple. L'alchimie prend très vite entre eux, et même si leurs vécus respectifs leur interdit l'amour, on sent bien que le lien qui se forme est bien plus que ça, et j'ai hâte de voir où toute cette histoire va nous mener dans les 3 tomes suivants.

Une nouvelle découverte de l'univers de Robin Hobb, et une nouvelle très belle lecture.


Le froid n’était, après tout, que du froid. Il pouvait tuer, mais c’était tout. Et il y avait des fois où mourir ou vivre ne semblaient pas si différents.

vendredi 28 novembre 2014

45 - Docteur Sleep

Auteur : Stephen King
Éditeur : Albin Michel
Publié en : 2013

Shining a été mon premier roman de Stephen King, et pourtant je l'ai lu il y a à peine 3 ans... Contrairement à la majorité, mes souvenirs sont donc encore assez nets, et les questions que m'ont laissées les dernières pages également : que devient le petit Danny ? comment son Don évolue-t-il ? comment un petit garçon qui a un fardeau aussi lourd à porter et qui a vécu tant d'horreurs peut-il affronter la vie ? Merci à Stephen King d'avoir répondu à ces questions dans Docteur Sleep.

Docteur Sleep, c'est Dan. Le petit Danny a bien grandi, a mal tourné, a touché le fond, s'est retrouvé aux Alcooliques Anonymes, puis a finalement choisi d'utiliser son Don pour aider les pensionnaires mourants d'un hospice à passer de l'autre côté, donnant ainsi enfin un sens à sa vie... Dan a eu maintes fois l'occasion de croiser des personnes possédant le Don, à plus ou moins grande échelle, parfois juste une étincelle. C'est le cas d'Abra, qui a "touché" l'esprit de Dan pour la première fois alors qu'elle avait à peine 2 mois, tant ce Don en elle est puissant. Et puis il y a ces "vampires" qui se font appeler le Nœud Vrai, vivant sur les routes, à la recherche d'enfants possédant ce Don, les kidnappant, les torturant pour les presser comme des oranges et se nourrir de leur vapeur. À partir de là, il est enfantin d'imaginer la réaction du Nœud Vrai lorsqu'ils vont capter l'existence d'Abra, et la puissance exceptionnelle de son Don... Ah oui, j'oubliais, et ne croyez pas que les cendres de l'Overlook ont enterré tous ses fantômes !

J'avais bien aimé Shining, mais sans plus. Par contre j'ai dévoré Docteur Sleep, que j'ai trouvé bien plus dense, bien plus intense, bien plus prenant que son aîné, auquel il donne même plus de substance par ses révélations. Les éléments d'un bon Stephen King sont évidemment là, comme le thème de l'addiction, à l'alcool bien sûr, mais également l'addiction du Nœud Vrai à la vapeur. Les personnages sont aboutis, psychologiquement fascinants, et on n'a aucun mal à s'attacher à eux, ni à les suivre dans leurs aventures. J'ai trouvé l'histoire superbe, jouant plus sur nos émotions que sur nos frayeurs pour une fois, pleine de suspense, d'action et de renversements de situation qui nous font rapidement oublier qu'on a un pavé de 600 pages entre les mains.

J'ai adoré, et je le recommande sans hésiter à tous ceux qui ont lu et aimé Shining, bien entendu (quant aux autres, qu'est-ce que vous attendez pour vous y mettre ???).


L'esprit est un tableau noir. L'alcool, la brosse à effacer.

L'avantage de vieillir, c'est de ne plus avoir peur de mourir jeune.

Les bébés vous raconteraient tous les secrets de l’univers, si seulement ils pouvaient parler. [...] sauf que le bon Dieu s’était arrangé pour que, le temps qu’ils soient capables de dire autre chose que gouh-gouh-gah-gah, ils aient tout oublié, comme nous oublions nos rêves, même les plus lumineux, quelques heures à peine après le réveil.


mercredi 19 novembre 2014

44 - Le Cycle d'Elric T4 - Elric le nécromancien

Auteur : Michael Moorcock
Éditeur : Pocket
Publié en : 2006

Suite à la découverte des trois premiers tomes du Cycle d'Elric, il ne m'a pas fallu bien longtemps pour me replonger dans les aventure de l'empereur albinos avec Elric le nécromancien.

Les aventures se succèdent à une allure frénétique dans ce 4e tome. Elric va enfin avoir sa vengeance contre son cousin, mais pour cela il subira une perte immense. C'est plein d'amertume, de chagrin et de désespoir, que l'empereur maudit partira à la recherche d'une unique vérité : quel est le sens de sa vie ? Comme dans les tomes précédents, il vivra ainsi des aventures, certes un peu moins fantastiques, mais tout aussi intéressantes, accompagné de compagnons de fortune rencontrés au fil de l'histoire, tel le fidèle Tristelune.

La magie opère toujours avec ce 4e tome, que j'ai dévoré. J'ai cependant eu un goût de trop peu, l'histoire passe trop vite, j'aurais préféré que chaque aventure d'Elric soit un peu plus détaillée, un peu plus compliquée. Mais ce ne sont que des détails, qui n'entachent en rien mon plaisir de lecture.

À bientôt pour le 5e tome !


Je me demande parfois, Elric, si votre ténébreuse destinée n’est pas la création de votre imagination morbide.

Elric, dernier Seigneur de Melniboné, dernier adorateur de ses dieux grotesques et merveilleux. Elric, pillard sans scrupules, aventureux et insouciant, tueur cynique, homme déchiré par une douleur immense, portant le poids d'un savoir qui eût fait perdre la raison à tout autre. Elric, créateur de délires fous, se vautrant parfois dans des délices insensées... 
   
Ainsi donc, dit-il, je vivrai ma vie sans jamais savoir pourquoi je la vis, sans savoir si elle a un but ou non. Peut-être le Livre aurait-il pu me le dire...mais l'aurais-je cru ? Je suis l'éternel sceptique, qui ne saura jamais avec certitude si ses actions sont bien les siennes, ou s'il est guidé par une entité ultime.

 

Comptines et racontines pour les p'tits mangeurs de tartines

Auteurs : Nicole Amran / Christian Heinrich
Éditeur : Pocket Jeunesse
Publié en : 2014

Le dernier Masse Critique m'a permis de découvrir cet album jeunesse : Comptines et racontines pour les p'tits mangeurs de tartines. Un grand merci à l'éditeur et à Babelio !

J'avoue que c'est le titre qui m'a au premier abord attirée vers ce recueil de comptines (il en faut peu, hein ?). Mais lorsque je l'ai reçu et ouvert, j'ai découvert un album très agréable à lire, aussi bien pour les grands que pour les petits, plein de comptines toutes douces, parfois un peu philosophiques aussi (mais les enfants ne se posent-ils pas des questions hautement philosophiques ?). Et pour ne rien gâcher, les illustrations sont toutes jolies et collent parfaitement à la poésie des textes.

Un vrai régal !


Ma grand-mère est toute petite,
Mon grand-père n'est pas très grand,
Alors, expliquez-moi vite
Pourquoi on dit "grands" parents?


 

lundi 17 novembre 2014

43 - Le lecteur de cadavres

Auteur : Antonio Garrido
Éditeur : Grasset
Publié en : 2014

Ce livre me fait de l’œil depuis sa sortie, grâce à la chronique de Gérard Collard (que vous trouverez ici). 

Nous sommes dans la Chine impériale du XIIIe siècle, gouvernée par la dynastie Song, et nous faisons la rencontre de Cí, un jeune homme féru de connaissances, dont l'unique souhait est d'étudier à l'université de Lin'an, la capitale de l'Empire. Mais Cí, en fils obéissant, doit suivre son père et sa famille lorsqu'ils retournent dans leur village natal. Là, il devra travailler durement dans les champs de son frère et abandonner son rêve. Lorsque son frère est arrêté pour meurtre, que son père et sa mère périssent dans l'incendie de leur maison, qu'il se retrouve seul avec sa sœur malade et qu'il se découvre le jouet de puissants qui cherchent à s'enrichir sur son dos, Cí n'a plus qu'une seule option : fuir son village et se rendre avec sa sœur à Lin'an, où il trouvera les remèdes pour la soigner et commencer une nouvelle vie... et peut-être une nouvelle chance de réaliser son rêve.

Quel dépaysement que ce Lecteur de cadavres ! Nous sommes plongés dans la Chine médiévale, avec ses us et coutumes, ses traditions, sa pensée confucianiste, sa misère, son organisation, ses crimes... Rien que pour ça, ce livre vaut la peine qu'on s'y arrête. Ce récit exotique est extrêmement bien documenté, même si on ne sait pas vraiment où est la frontière entre réalité et fiction, et tout est décrit de telle sorte que le lecteur est absorbé par le cadre, l'histoire, les odeurs... Et malgré les 600 pages, on ne s'ennuie jamais. L'histoire en elle-même, inspirée de la vie de Song Cì, connu comme étant le premier médecin légiste, est pleine de rebondissements, mais comme beaucoup l'ont dit avant moi, il y a une surenchère de malchance dans la vie de ce pauvre jeune homme, dont les péripéties personnelles auraient gagné à être plus simples. Néanmoins, cela n'enlève en rien le charme de cette histoire, le suspense de l'enquête, et ce décor envoûtant et passionnant...

Vous l'aurez compris, Le lecteur de cadavres m'a emballée, et je le recommande sans modération !


Il dit que les filles étaient comme la langouste : tout ce qu'elles faisaient, c'était manger et occasionner des dépenses. Ensuite, quand elles se mariaient, elles appartenaient à la famille de leur mari et c'était à lui de s'en charger, et à leurs beaux-parents dont elles s'occupaient jusqu'à leur mort.
- Et nous, elles nous oublient, ajouta-t-il. C'est un malheur de ne pas avoir d'enfants mâles. Eux, au moins, ils trouvent des femmes qui nous soignent quand nous sommes vieux.

Xu lui expliqua qu'il vivait avec ses deux épouses. Il avait eu trois filles mais, par chance, il avait réussi à les marier, si bien qu'il en était débarrassé. 

Le jus de chat était en effet un revigorant. Mais Cí n'était pas très sûr que le procédé employé pour l'obtenir fût à son goût.
- Si un jour tu as pressé une éponge, tu pourras l'imaginer, lui expliqua la femme en lui servant un autre verre. On attrape un beau chat et on lui brise les os avec un marteau en prenant soin de ne pas lui écraser la tête afin qu'il reste vivant. On le laisse reposer un peu et on met le feu à ses poils. Puis on l'ébouillante et on l'assaisonne à son goût. Après une heure de cuisson, on filtre dans un pichet, et voilà.

   

lundi 3 novembre 2014

42 - Misery

Auteur : Stephen King
Éditeur : J'ai Lu
Publié en : 1994 (écrit en 1990)

Cela fait bien longtemps que je me dis que ce serait bien de me plonger dans l’œuvre de Stephen King. Mais une liste de livres à lire qui n'en finit pas de déborder a maintes et maintes fois repoussé ce projet. Heureusement, mon club de lecture CaroLire a mis 2 titres de l'auteur en tête de liste pour la fin de l'année, Misery et Docteur Sleep. J'ai commencé par Misery, certainement par souci chronologique...

Annie Wilkes est une ancienne infirmière au passé trouble et sanglant, complètement maniaco-dépressive, et fan de la série de romans Misery Chastain. L'auteur de ces romans, Paul Sheldon, est victime d'un grave accident de la route, et se réveille douloureusement, les jambes en miettes, dans une chambre de la maison d'Annie, qui l'a bien sûr reconnu, soigné et drogué au Novril...
Mais Annie Wilkes est justement en train de lire le dernier opus des aventures de Misery, et ne sait pas encore que l'auteur, las de ce personnage et de ces histoires populaires qu'il assimile à de l'argent facile et de la mauvaise littérature, a fait mourir la protagoniste de ses romans, espérant ainsi pouvoir enfin se consacrer à des histoires plus sérieuses, qui mettront enfin son génie en lumière...
Reste à savoir à quel point la mort de son héroïne va contrarier Annie...

Je viens juste de terminer Misery, et j'en tremble encore. J'ai pourtant eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire au début, je n'arrivais pas à éprouver ni sympathie ni empathie pour Paul, ni dégoût pour Annie... Et bien je peux vous dire que ça a vite changé ! Annie Wilkes est un personnage fascinant, complexe. Elle est totalement imprévisible et pour moi c'est elle qui tient tout le roman du début à la fin, qui garde notre intérêt intact. Tout comme Paul Sheldon, on craint chacune de ses réactions, et lorsqu'il projette quelque chose, on ne peut s'empêcher d'imaginer ce que l'esprit complètement tordu d'Annie va bien pouvoir inventer pour le punir. Et tout comme Paul Sheldon, on bascule vite dans l'horreur et le malsain. Je pense notamment à la fameuse scène de la hache, ou encore à la bougie du gâteau d'anniversaire (j'en ai encore des frissons brrrrr).

Stephen King n'utilise aucun artifice surnaturel dans Misery, mais le résultat est au rendez-vous, car l'auteur maîtrise à la perfection son récit, nous amenant crescendo jusqu'au grand final tant attendu, aussi horrible et dérangé qu'on aurait pu l'espérer, et tellement jouissif !

J'ajoute qu'en tant que membre de la grande famille Édition, je ne pouvais pas rester insensible au Retour de Misery, qu'Annie l'oblige à écrire afin de ressusciter son idole. Avoir deux romans en un, qui se "parlent" tout au long de l'ouvrage, c'est une cerise sur le gâteau que j'ai pu savourer à sa juste valeur (même si on est bien d'accord que les romans à l'eau-de-rose et complètement tordus comme les aventures de Misery Chastain ne sont pas du tout ma tasse de thé, hein ? xD).

Voilà, je finirais en disant qu'à mon avis, le nom d'Annie Wilkes (brrrr) me fera frissonner encore bien longtemps après avoir refermé ce livre...


Fous un écrivain à poil, fais le tour de ses cicatrices, et il te racontera en détails l'histoire de la plus petite d'entre elles. Les grandes sont à l'origine de tes romans, pas l'amnésie. C'est tout à fait utile d'avoir un peu de talent pour devenir écrivain, mais la seule chose qui soit absolument indispensable, c'est la capacité de se souvenir de la moindre cicatrice.

Tenez, Scott Fitzgerald, Ernest Hemingway, et cet espèce de bouseux du Mississippi, Faulkner, un truc comme ça ; eh bien, ces types ont beau avoir gagné le prix Pulitzer ou le prix Machin, c'étaient rien que des voyous, des biscornouilles d'ivrognes.


dimanche 26 octobre 2014

41 - Elric, Intégrale 1

Auteur : Michael Moorcock
Éditeur : Pocket
Publié en : 2013

Cette Intégrale 1 regroupe les 3 premiers tomes du Cycle d'Elric : Elric des dragons, La Forteresse de la perle et Le Navigateur sur les Mers du Destin.




On m'a beaucoup parlé de Michael Moorcock et de son Cycle d'Elric avant que je me lance enfin dans cette lecture. En bien, bien entendu, mais avec parfois quelques réserves sur l'écriture, qui peut être assez difficile par moments. Et bien, je ne sais pas ce qu'il en est pour les autres lecteurs, mais pour ma part j'ai dévoré ces trois premiers tomes du début à la fin. J'ai été captivée, intriguée, passionnée par l'histoire de cet empereur albinos, descendant d'un peuple cruel et décadent, physiquement faible, drogué mais tout de même puissant.

Elric est un personnage des plus charismatiques auquel on ne peut que s'attacher. Son empire, Melniboné, les différentes contrées qu'il parcourt, ses aventures, son amour pour Cymoril, son combat contre ses propres faiblesses et contre son héritage, son pacte avec les Seigneurs du Chaos ou encore les Élémentaires... L'imagination qui ressort de ces trois premiers tomes m'a souvent laissée admirative et sans voix. Tout cet univers, toute cette magie, m'ont totalement charmée, envoûtée, et j'en redemande !

Alors à très bientôt pour la suite.


Stormbringer avait besoin de se battre, c’était sa raison de vivre. Elle avait besoin de tuer, c’était son souffle de vie. Elle avait besoin de la vie et de l’âme des hommes, des démons et même des dieux. 



jeudi 23 octobre 2014

40 - La Moïra - Intégrale de la trilogie

Auteur : Henri Lœvenbruck
Éditeur : Bragelonne
3 tomes publiés en : 2001 - 2001 - 2002

J'ai une affection toute particulière pour La Moïra. Pour vous raconter ma vie, il y a 10 ans, je mettais les pieds pour la première fois à Paris, ignorante et curieuse de tout. Mes premiers pas m'ont menée directement à la Fnac, au rayon Fantasy, un genre littéraire que je connaissais très peu à l'époque. Ce jour là, premier jour du reste de ma vie, j'ai acheté La Louve et l'enfant, premier tome de cette trilogie. Et je l'ai adoré et dévoré. J'ai bien entendu acheté les deux tomes suivants, puis la trilogie Gallica, puis je me suis lancée à corps perdu dans ce genre littéraire fascinant. Donc voilà, me voici, après 10 ans de lectures diverses et d'intenses émotions, replongée dans ce qui a été pour moi le déclencheur d'une passion encore aujourd'hui inassouvie...

Aléa est une jeune orpheline essayant de survivre dans la ville de Sarratea, volant aux habitants de quoi se nourrir, dormant à la belle étoile dans les plaines environnantes. Jusqu'au jour où elle découvre un cadavre enterré, dont seule la main sort de terre... Une main portant un anneau précieux. Aléa, poussée par la curiosité, ne peut s'empêcher de retirer l'anneau du doigt du mort, ne se doutant pas que ce simple geste fera d'elle l'instigatrice de la fin d'un monde, et de la naissance d'un autre. Henri Loevenbruck nous plonge dans un monde empreint des légendes celtiques mais également très fortement inspiré de la réalité, amalgamant son histoire de Gaelia avec celle de l'Irlande, notamment en ce qui concerne l'invasion du catholicisme sur une terre païenne régie par les Druides. Entre les guerres, manigances et luttes politiques des dirigeants de Gaelia, Aléa va devoir comprendre cette terre qui la fait vivre, et en imposer la volonté à ces peuples meurtris afin qu'ils puissent voir la naissance d'un nouvel âge, d'un nouveau monde. Son chemin croisera bien souvent celui d'Imala, une louve blanche mystérieuse...

Avec le recul je vois bien plus aujourd'hui les défauts de La Moïra : une intrigue qui met du temps à se mettre en place, une héroïne qui murit bien trop rapidement, des scènes parfois trop prévisibles ou trop simples... Mais il n'empêche que le charme a encore une fois opéré. Les loups, les mythes, la magie, les aventures et rebondissements, tout est là pour garder intact l'intérêt du lecteur, jusqu'au point final qui nous offre non pas une, mais deux révélations essentielles : l'une répondant à une question que l'on se pose tout au long de ces trois tomes, qui est donc cette louve blanche dont le destin s'est entrecroisé avec celui d'Aléa tout au long de la trilogie ? l'autre annonçant la suite de La Moïra, à savoir la trilogie Gallica.

Je suis heureuse d'avoir pu prendre le temps de redécouvrir cette œuvre, qui a su me toucher il y a 10 ans, et qui encore une fois aujourd'hui m'a conquise.


La mémoire de la terre est étrangère à celle des hommes. On croit tout connaître de l'histoire et du monde, mais il est des âges oubliés où se croisaient encore mille merveilles aujourd'hui disparues. Seuls les arbres se souviennent, et le ciel et le vent. Et si un soir d'été, l'âme bienveillante, vous vous allongez dans l'herbe et vous les écoutez le cœur ouvert, vous entendrez peut-être cette histoire d'un autre temps, au pays de Gaelia ; celle de la louve blanche et de l'enfant qu'on appelait Aléa. 

C'était à l'époque où le savoir se transmettait par les livres, avant l'arrivée des druides. Oui, car les druides nous enseignèrent plus tard la supériorité des mots que l'on dit sur ceux que l'on écrit. Le vrai savoir se transmet de bouche à oreille, comme un précieux secret.

mercredi 8 octobre 2014

39 - Immortel

Auteur : Catherynne M. Valente
Éditeur : Panini Books (collection Éclipse)
Publié en : 2007

Ce livre m'aurait laissée bien indifférente en rayon, et il a fallu un club de lecture pour me le mettre entre les mains. Autant vous le dire tout de suite, je suis sidérée par ma bêtise qui me fait mettre d'office des livres de côté à cause de préjugés sans fondements, car j'ai été totalement envoûtée par ce savant mélange de révolution russe et de mythologie slave concocté par Catherynne M. Valente.

Immortel nous relate l'histoire de Maria Morevna, une jeune fille qui a vu ses trois sœurs se marier à des oiseaux devenus hommes, qui a découvert que sa maison abrite un conseil de lutins, qui a perçu le "monde nu" dans son propre monde envahi par les nouveaux principes de camaraderie et de partage instaurés par la révolution russe. Maria n'attend plus qu'une chose, c'est de voir un oiseau la demander en mariage à son tour. Mais sa destinée est toute autre, car Maria va devenir la femme d'un démon, le Tsar de la Vie, Kochtcheï l'Immortel. En le suivant dans le Pays de la Vie, Maria ne se doute pas qu'elle va rencontrer un monde plein de magie, de personnages colorés et loufoques, attendrissants et horrifiants à la fois, un monde beau et cruel qu'elle devra apprendre à aimer et à apprivoiser, et qu'elle va devoir défendre dans cette lutte sans fin entre la Vie et la Mort.

Dans cette histoire totalement inattendue, Catherynne M. Valente reprend les grandes lignes des contes traditionnels russes, en les mêlant habilement aux éléments politiques de ce XXe siècle. Tout s'imbrique parfaitement, et même si la mythologie slave, ses protagonistes et leurs aventures sont mal connus de notre culture française, c'est un réel plaisir d'arpenter le web en parallèle de cette lecture afin de découvrir qui sont Maria Morevna, Kochtcheï l'Immortel, Baba Yaga, ainsi que la multitude de personnages que l'on rencontre tout au long de l'histoire et qui font partie intégrante du folklore de ce beau pays.

L'écriture est belle, l'histoire est tellement bien contée qu'on a envie de prendre le temps de la découvrir, sans hâte, de la savourer... La traduction a été vraiment bien écrite, c'est fluide, ça se lit tout seul. Et la puissance de ce texte ressort sans peine, entre amour et mort, beauté et violence, passion et destinée.

Cette lecture d'Immortel a été un réel coup de cœur, et je vous la recommande sans modération.



Dans une cité au bord de la mer qu'on appelait jadis Saint-Pétersbourg, puis Petrograd, puis Leningrad, puis encore, bien après, Saint-Pétersbourg, se dressait une longue maison étroite, dans une longue rue étroite. Près d'une longue fenêtre étroite, une enfant en robe bleu pâle et chaussons vert pâle attendait qu'un oiseau vint l'épouser.

Ainsi, mieux vaut être fort et cruel que juste. Au moins, l'on mange mieux. Et notre moralité dépend davantage de l'état de notre estomac que de notre nation.

Une carte de rationnement dit : Nous vous avons alloué telle portion de vie. Ou encore : Voici telle portion de mort que nous tiendrons à l'écart de votre porte. Mais plus maintenant. Désormais, elle annonce : À Leningrad, il n'y a qu'une quantité limitée de vie. Ou encore : La seule chose qui n'est pas rationnée, à Leningrad, c'est la mort.

 

  

mardi 30 septembre 2014

38 - Avant d'aller dormir

Auteur : S. J. Watson
Éditeur : Sonatine
Publié en : 2011

Cela fait déjà un moment que ce livre est dans ma PAL, et c'est bien évidemment la sortie de l'adaptation au cinéma qui m'a poussée à l'ouvrir. J'aurais dû le faire bien avant, car une fois ouvert, j'ai eu beaucoup de mal à le refermer...

Avant d'aller dormir nous raconte l'histoire de Christine, une femme qui, suite à un accident il y a plusieurs années, se réveille tous les matins amnésique. Elle se souvient selon les jours de sa jeunesse, mais n'a aucune idée de la femme qu'elle a été. 20 années se sont évaporées de sa mémoire. C'est son mari, Ben, qui, chaque matin, lui explique patiemment qui elle est avant de la laisser seule pour une longue journée de doutes et de questions pendant qu'il est au travail. Un médecin très intrigué par son cas et persuadé de pouvoir l'aider, le Dr Nash, l'approche un jour et lui donne l'idée de tenir un journal dans lequel elle relate, chaque jour, les souvenirs qui lui reviennent, les événements qui marquent son présent si fugace. C'est ce journal que nous découvrons dans ce roman.

J'ai adoré cette lecture, que j'ai trouvé surprenante, intéressante et pleine de suspense. Le fait de lire le journal de Christine au jour le jour plonge le lecteur dans la même confusion, on se pose les mêmes questions, on élabore les mêmes hypothèses sur ce qu'a pu être sa vie, sur son accident, sur son entourage. Et, tout comme Christine, on suit avidement cette quête de vérité, cette recherche de soi-même, au point d'en vouloir toujours plus (ce qui rend très difficile le fait de devoir refermer le livre le soir pour dormir !). Le "grand final" s'annonce petit à petit et devient évident, mais on le savoure tout aussi bien.

Une vraie immersion donc, avec une histoire de fond prenante et intrigante. Une histoire que je vais m'empresser de revivre différemment dans les salles obscures très bientôt.


Que sommes-nous d'autre que la somme de nos souvenirs ?  

Tout ce que je veux, c’est me sentir normale. Vivre comme tout le monde, avec des expériences enrichissantes, chaque jour donnant forme au suivant. Je veux mûrir, apprendre des choses et accumuler du savoir.

Comme mon corps m'est étranger ! Comme il m'est inconnu. Comment puis-je être heureuse de l'offrir à quelqu'un d'autre, alors que je ne le reconnais pas moi-même ? 

mercredi 24 septembre 2014

Annie Sullivan & Helen Keller

Auteur : Joseph Lambert
Publié en : 2013
Éditeurs : çà et là / Cambourakis 

Annie Sullivan & Helen Keller est une bande dessinée nous relatant l'histoire vraie de ces deux femmes.

Fin du XIXe siècle. Annie Sullivan, fille d'immigrés irlandais vivant dans le Massachussets, perd pratiquement la vue à 5 ans. Après une enfance très dure et perturbée, orpheline livrée à elle-même après la mort de son jeune frère dans un hospice aux mœurs douteuses, Annie décide de prendre son destin en main et plaide sa cause auprès d'un représentant de l'État, afin d'intégrer l'Institut Perkins pour les aveugles. C'est à 14 ans que, dépourvue de toute éducation et de savoir vivre, Annie intègre la célèbre école dont elle ressortira diplômée 6 ans plus tard. 

Helen Keller, quant à elle, est une enfant sourde et aveugle depuis sa plus tendre enfance, des suites d'une maladie. Ses parents ayant épuisé leurs ressources auprès de multiples médecins décident de faire appel à l'Institut Perkins pour les aveugles, dernier recours pour inculquer un semblant de vie et de joie dans le quotidien de leur fille de 8 ans. C'est ainsi qu'Annie Sullivan fait la connaissance d'Helen Keller, dont elle devient la perceptrice dans un premier temps, puis l'amie la plus chère.

Le caractère d'Annie, forgé par ses jeunes années dures et solitaires, et l'incroyable volonté d'apprendre d'Helen sont le fondement de l'histoire qui nous est ici racontée par Joseph Lambert. Nous suivons page à page l'évolution d'Helen dans sa compréhension du monde qui l'entoure, un monde qu'elle ne peut se représenter ni par la vue, ni par l'ouïe, et qui pourtant va envahir son esprit de toute sa complexité, sa splendeur et ses couleurs. Une histoire vraiment émouvante qui mérite d'être lue, pour sa véracité et pour la belle leçon de vie qu'elle nous apporte.

J'ai eu un peu de mal à m'habituer aux graphismes de cette bande dessinée, mais je trouve tout de même que l'illustrateur parvient parfaitement à représenter le manque : l'absence de la vue, de l'ouïe, mais également la solitude, la colère, ressortent parfaitement.

Au final, une lecture très intéressante, émouvante, relatant l'histoire de deux personnes admirables qui ont marqué le monde de la recherche pour les aveugles, les sourds et malentendants.



mardi 26 août 2014

37 - Le protectorat de l'ombrelle T3 - Sans honte

Auteur : Gail Carriger
Éditeur : Orbit
Publié en : 2012

Impossible de terminer le tome 2 de la série du Protectorat de l'ombrelle sans enchaîner directement avec la suite. Après Sans forme, me voici donc plongée dans Sans honte...

Dans ce tome, c'est accompagnée de son amie française, l'inventrice Geneviève Lefoux, et de Floote, l'énigmatique mais si diablement efficace valet de feu son père, qu'Alexia se rend en Italie afin d'y rencontrer les Templiers et d'y trouver les réponses au "problème" révélé à la fin du tome précédent. Encore une fois, les dangers seront nombreux, les tentatives d'assassinat également, sans compter les fautes de goût de ce peuple latin barbare que sont les Italiens... Ah, Alexia a quitté le chic et les bonnes manières londonniennes, ça c'est sûr. Mais, heureusement pour elle, en Italie, il y a le pesto !

Sans grande surprise, et pour mon plus grand bonheur bien entendu, ce troisième tome se place en ligne directe de ses prédécesseurs. De l'aventure, de l'humour "so British", des inventions surprenantes dans un monde plein de surprises. On en apprend également un peu plus sur les paranormaux dans ce tome, chose intéressante car ces êtres sans âme sont tellement énigmatiques... Le protectorat de l'ombrelle est une série vraiment addictive, dont les pages se tournent toutes seules et remplissent parfaitement l'unique rôle qu'on attend d'elles : la distraction !

À suivre donc très bientôt avec la suite, Sans cœur !


« Elle était un peu comme un navet, ma femme. »
Alexia décida d’être un peu amusée par son absence de sentiments. « Un navet ? Que voulez-vous dire ? »
L’horloger sourit à nouveau. Il était clair qu’il espérait qu’on lui pose cette question. « Insipide, bon en accompagnement, mais vraiment mangeable uniquement quand il n’y a rien de mieux à se mettre sous la dent.   


La plus grande loi non écrite des êtres surnaturels était que l’on ne volait pas les humains des autres, tout simplement.

"Je me suis rappelé cette horrible chose que j'avais entendu sur l'Italie." Ivy, submergée par un excès d'émotion, se tamponna le coin de l'oeil avec son mouchoir. "Ce que j'ai entendu... Oh, je peux à peine en parler... J'ai entendu dire qu'en Italie ils boivent... (elle s'interrompit) du café." Elle frémit délicatement. "C'est si abominablement mauvais pour l'estomac." Elle serra la main d'Alexia avec ferveur dans les siennes, avec le mouchoir humide. "Bonne chance."

  

vendredi 22 août 2014

36 - Le protectorat de l'ombrelle T2 - Sans forme

Auteur : Gail Carriger
Éditeur : Orbit
Publié en : 2011


"Une histoire de vampires, de loups-garous et de dirigeables."

Tout est résumé dans cette unique accroche. Dans Le protectorat de l'ombrelle, que j'ai découvert au début de l'année avec le premier tome, Sans âme, Gail Carriger nous offre un savant mélange entre bit-lit, steampunk et humour anglais...

Rappelons-le, Alexia n'est pas un personnage ordinaire, puisqu'elle est la seule paranaturelle de Londres. Elle n'a pas d'âme, ce qui lui permet d'un seul contact d'ôter tout pouvoir surnaturel à un vampire ou un loup-garou, ou encore d'exorciser définitivement un fantôme. Dans ce tome, elle est amenée à enquêter sur un phénomène très étrange qui supprimerait les pouvoirs des êtres surnaturels dans un périmètre précis, et qui se déplace vers l'Écosse. Virus ? Arme ? Il y a là de quoi piquer la curiosité d'Alexia, toujours aussi intelligente et intrépide que dans le premier tome.

J'ai retrouvé dans cette suite la fraîcheur, la folie et l'humour anglais collé-monté qui m'ont tant plus dans Sans âme. Sans être la série du siècle, Le protectorat de l'ombrelle n'en est pas moins très distrayant. Le temps passe vite à sa lecture, on rigole, on s'interroge, il y a de l'action et aucun temps mort. Une parfaite lecture de vacances pour qui ne souhaite pas se triturer les méninges.

Si vous pensez le lire, prenez bien soin d'avoir le tome 3, Sans forme, sous la main. Vous ne pourrez pas ne pas enchaîner les deux tomes ! D'ailleurs je m'y mets tout de suite.


« Oh, ma chère sœur, tu ne t’es pas mise à écrire, tout de même ? » Félicité poursuivit sa diatribe. « En toute franchise, toute cette lecture, c’est plus qu’assez. Je croyais que le mariage te guérirait de ce penchant funeste. Je ne lis jamais si je peux l’éviter. C’est très mauvais pour les yeux. Et cela cause d’horribles rides sur le front, juste là. » Elle pointa un doigt entre ses sourcils, puis dit à lady Maccon, sur un ton plein de pitié : « Oh, je vois que tu n’as plus besoin de t’inquiéter de ça, Alexia. »

Oh, monsieur Tunstel , quel courage excessif vous avez eu en venant ainsi à mon secours. Vous avez été si héroïque, disait-elle. Imaginez qu’on apprenne que j’ai été poignardée par une femme de chambre, et une Française, rien de moins ? Si j’étais morte, je n’aurais jamais pu vivre avec ça ! Comment puis-je suffisamment vous remercier ?

  

mardi 19 août 2014

35 - La vampire

Auteur : Paul Féval
Éditeur : Mille Saisons
Publié en : 2009

La Vampire est un roman fantastique écrit par Paul Féval en 1865. La lecture d'un auteur du XIXe siècle n'est malheureusement pas toujours chose aisée pour nous, pour moi en tous cas, et j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans l'histoire. Les 100 premières pages ont été fastidieuses, et il y avait même des phrases auxquelles je ne trouvais aucun sens, des divagations politiques et autres qui me laissaient de marbre. L'ennui m'a souvent prise et j'ai été maintes fois tentée d'abandonner.

Mais cela valait la peine de s'accrocher. Passé ce délai d'adaptation, la complexité de l'intrigue se révèle, puissante et passionnante, et cette écriture qui était si indigeste au départ devient indissociable de l'histoire. J'ai même fini par la trouver belle et par apprécier toutes ces figures de style et ce vocabulaire désuet. Paul Féval mêle très habilement l'historique au fantastique et aux croyances populaires dans ce récit, qui nous relate l'histoire de cette vampire qui ne garde sa beauté et sa jeunesse qu'en se recouvrant de la chevelure sanguinolente de jeunes filles, mais également une histoire d'amour inconditionnel entre une femme et un homme, entre un père et son enfant, et également entre un jeune homme et la médecine, entre un auteur et les acteurs politiques de son temps...

Au final, mon seul regret restera ma méconnaissance du contexte politique, très présent dans ce livre, qui m'a très certainement fait passer à côté de petites subtilités qui l'auraient rendu bien plus intéressant encore.

Je le recommande, mais ne vous laissez pas piéger par ces premières pages si fastidieuses...


Quand les poltrons de village ont peur, la nuit, dans les chemins creux, ils chantent à tue-tête. Paris est ainsi : au milieu de ses plus grandes épouvantes, il rit souvent à gorge. Paris riait donc en tremblant ou tremblait en riant, car les objections et les raisonnements ne peuvent rien contre certaines évidences. La panique se faisait tout doucement. Les personnes sages ne croyaient peut-être pas encore, mais l'inquiétude contagieuse les prenait, et les railleurs eux-mêmes, en colportant leurs moqueries, augmentaient la fièvre.

La jalousie de celles qui aiment profondément ne se trompe guère. Il est en elles un instinct subtil et sûr qui leur désigne la rivale préférée.
 

  

mardi 5 août 2014

34 - Les cités des Anciens T7 et T8 - Le Vol des dragons / Le Puits d'Argent

Auteur : Robin Hobb
Éditeur : Pygmalion
Publiés en : 2013

J'ai enfin trouvé le courage de me lancer dans la lecture des deux derniers tomes des Cités des Anciens. Non par désintérêt, bien au contraire, le courage qu'il me fallait était celui de terminer une saga qui me passionne et de devoir dire au revoir à ses protagonistes et à son univers. C'est donc avec beaucoup d'émotion que je me suis lancée dans la suite des aventures des dragons et de leurs gardiens, à la recherche de leur splendeur passée et de leurs souvenirs perdus.
Je ne suis peut-être pas objective quand je parle de Robin Hobb, mais cet univers qu'elle a créé et que j'ai découvert il y a bien des années avec L'Assassin royal est tout simplement magique. C'est un monde magnifique, avec ses qualités et ses défauts, très complexe dans ses jeux marchands et politiques, peuplé d'humains et de créatures passionnantes, comme ces dragons, seigneurs des mers, des cieux et des terres...

Dans Les Cités des Anciens, Robin Hobb nous parle plus en profondeur de ces créatures fascinantes que sont les dragons, et de toute la magie qui les entoure. Depuis le premier tome, nous avons suivi la quête d'une espèce en voie d'extinction qui cherche désespérément à redevenir les créatures magnifiques, puissantes et redoutées qu'elles étaient jadis, à retrouver à la fois leur splendeur, mais également leur fierté et leur mémoire. Et j'ai trouvé cette histoire extraordinaire, malgré ses défauts évidents et souvent relevés par d'autres lecteurs (longueurs dans le récit, répétitions...). Je suis tout à fait consciente des lacunes de cette saga de Robin Hobb, mais je n'en ai pas été moins emportée et envoûtée pour autant.

À tous les amoureux de Robin Hobb, à tous les amoureux des dragons, je recommande sans hésiter ces 8 tomes de pur bonheur.


" Tu te voiles la face, Thymara. "
Il parlait d'une voix basse mais sans douceur.
" Tu ne te plonges pas dans la vie d'autrefois à Kelsingra, tu te caches du présent et tu vis dans le passé, un passé qui ne reviendra pas. D'ailleurs, ce n'est même pas vraiment vivre : tu ne prends aucune décision dans ce monde-là, et, si la situation devient trop difficile, tu peux t'enfuir. Tu adoptes une forme de pensée, et, quand tu reviens, elle t'influence; mais le pire, pendant que tu nages dans les souvenirs, c'est ce que tu ne fais pas ici. Quelles expériences est-ce que tu manques, quelles occasions te passent sous le nez? D'ici un an, que diras-tu de ces saisons, que t'en rappelleras-tu? "


Les hurlements des humains apeurés lui parvinrent plus clairement, et il partagea leur épouvante l'espace d'un instant : les dragons étaient venus pour cracher leur acide brûlant qui ferait fondre leur chair sur leurs os ; leurs maisons s'écrouleraient, quiconque lèverait la main contre les agresseurs mourrait à coup sûr, et leurs enfants orphelins pleureraient dans les rues désertes et enfumées. Il n'y avait rien à faire contre les dragons. 

    

mercredi 30 juillet 2014

32 - Spiridons

Auteur : Camille Von Rosenschild
Éditeur : Don Quichotte
Publié en : 2013

Victor a 18 ans et mène une vie morne dans son village français. N'ayant plus personne, sa seule famille reste son voisin Vassili, un vieil émigré russe, qui lui confie la mission d'apporter à son fils vivant à Moscou une lettre d'une importance capitale qu'il doit lui remettre en mains propres... C'est ainsi que la vie de Victor va prendre un tournant inattendu et irréaliste : le fils est visiblement mort depuis plusieurs années, la lettre en question n'a ni queue ni tête, Victor subit une agression avant d'être sauvé de justesse par une Tzigane entourée de mystères... C'est ainsi que notre jeune protagoniste va se retrouver à travailler pour la vieille Tzigane, Olga, à numériser des comptes-rendus dont il ne comprend rien dans une pièce poussiéreuse. Le décès de la vieille femme annonce le début des problèmes pour Victor, qui doit traverser toute la Russie jusqu'en Ukraine afin d'annoncer à une Maître-Diseuse le décès d'Olga, accompagné de cinq spiridons, des êtres morts depuis plusieurs années, qui possèdent un corps sans véritable substance, mais dont l'esprit est bel est bien encore vivant...

Dès les premières pages, on nage en plein dépaysement, en plein ébahissement également à chaque bizarrerie, à chaque révélation. Camille Von Rosenschild nous dresse un portrait particulièrement original des fantômes et croyances tziganes, sur fond de campagne russe cruelle et sans concession. Ah on est loin des cartes postales pour touristes, ça c'est sûr. On s'attache très facilement à ces spiridons, ils sont émouvants par leur vécu, leur mort et ce qu'il reste d'eux aujourd'hui. Leur condition de "fantôme" donne souvent lieu à des situations drôles, qui font qu'on ne s'ennuie pas du tout à leurs côtés. Victor poursuit sa quête sans en comprendre les tenants et les aboutissants, acceptant petit à petit ces événements surnaturels pour pouvoir continuer à aller de l'avant... Et moi aussi, en tant que lectrice, j'ai suivi avidement son évolution et son histoire pour essayer de donner un sens à toute cette histoire... qui n'est que le premier tome d'une série.

J'ai tout de même un regret, concernant ces moines aux intentions meurtrières que l'on croise au départ de l'aventure puis qui disparaissent pendant les 3/4 du livre. J'aurais bien aimé les recroiser plus souvent, ajoutant ainsi aux aventures rocambolesques de Victor et ses spiridons une course-poursuite qui aurait mis un peu de piment dans certains passages au rythme un peu trop lent.

Spiridons est donc pour moi une très belle découverte, bien distrayante, drôle, émouvante, très bien écrite, que je recommande à tous ceux qui aiment le fantastique, les fantômes, la magie, les croyances populaires et la Russie.


- Des fantômes, osa-t-il, au fond vous êtes des fantômes.
- Ah ben non ! répondit-elle sèchement. Des spiridons. Fantômes, c'est un mot pour les enfants. 


[...] autour de lui, il n'y avait plus que des femmes. Des grosses et des maigres, des grandes, des moyennes ou des minuscules, chauves ou en cheveux... Un véritable gynécée.
Il fut près de se trouver mal.
Une vision furtive vint soulager son inquiétude, il crut apercevoir une moustache, s'en approcha... mais elle était en fait l'apanage d'une large matrone en corset et jupe à volants.

   

mardi 22 juillet 2014

31 - Le ballet des sorcières

Auteur : Jacques Sadoul
Éditeur : éditions du Rocher
Publié en : 2006

J'ai découvert l’œuvre de Jacques Sadoul avec La mort du héros, qui revisitait avec brio la légende des Nibelungen. Dans Le Ballet des sorcières, on quitte le pays des Rêves pour découvrir un monde bien plus proche du nôtre, dans lequel la magie noire, les rites sataniques et les sacrifices humains sont bien réels.

De nos jours... Le comte Aymond de Bruilh, avec la complicité de ses deux enfants, kidnappe des jeunes filles destinées à êtres des offrandes lors de messes sataniques. Le comte essaie désespérément d'appeler dans ce monde Lucifuge Rofocale, un puissant démon, afin qu'il lui permette de retrouver la richesse et la grandeur de ses ancêtres. Mais les choses tournent mal, et seule une ombre incomplète mais pourtant bien meurtrière, apparaît dans notre monde... Heureusement ce sursaut de magie noire appelle également à notre époque la nymphe Mylène, un personnage récurrent de l'œuvre de Sadoul, ainsi qu'un Maître-chat, Aï-d'Moloch. Eux seuls ont les capacités de renvoyer cet être-énergie, mais les choses encore une fois tournent mal et Morguy, la fille du comte, se retrouve propulsée au XVIIe siècle, période funeste pour les sorcières pourchassées et brûlées, notamment sur ordre d'un certain de Lancre...

L'histoire en elle-même ne m'a pas plus emportée que ça, mais cela ne signifie pas que ce roman est inintéressant, bien au contraire. D'un point de vue historique déjà, puisque Jacques Sadoul nous propose ici un récit documenté, le plus réaliste possible, de ce XVIIe siècle et ses mœurs démoniaques, ses chasses aux sorcières... Les personnages fictifs se mélangent sans problèmes aux personnages historiques, pour notre plus grand plaisir. La magie également est très présente dans Le Ballet des sorcières. De la magie noire bien évidemment, basée sur les croyances populaires de l'époque, qui prend vie ici. Et j'ai beaucoup aimé retrouver également la nymphe Mylène, personnage que j'avais découvert et apprécié pour sa duplicité et son mystère dans La mort du héros. On en apprend beaucoup sur ce démon/nymphe, d'où elle vient, ce qu'elle est, pourquoi elle a cette apparence, quels sont ses pouvoirs, ses limites...

Donc même si je n'ai pas trouvé l'histoire en elle-même aussi passionnante que ce que à quoi je m'attendais, j'ai beaucoup apprécié cette lecture pour ce qu'elle apporte comme informations réelles et fictives, et je retournerai très certainement à l'œuvre de Jacques Sadoul très bientôt.




mercredi 16 juillet 2014

20th Century Boys T1

Auteur : Naoki Urasawa
Éditeur : Panini manga
Publié en : 2014 pour la présente édition

La dernière édition de Masse critique sur Babelio m'a permis de découvrir ce grand classique du manga de science-fiction, 20th Century Boys, dans une toute nouvelle édition. Cette édition Deluxe rassemble en effet dans chaque volume deux tomes de l'édition originale (qui en comporte à l'origine 22). Rappelons que 20th Century Boys a remporté de prestigieux prix : Prix de la meilleure série au Festival d'Angoulême en 2004, Grand prix de l'association des mangaka japonais 2008, Grand Prix Japan Expo Awards 2008.

L'histoire se déroule entre 1969 et 1997. En 1969, nous suivons un groupe d'enfants qui se réunissent régulièrement dans une "base secrète" au milieu d'un champ à l'abandon, et inventent pour jouer une histoire dans laquelle ils se battent contre une organisation maléfique pour sauver le monde. Parallèlement, nous suivons les événements de 1997. L'un de ces enfants, Donkey, s'est suicidé, et ses anciens amis, qui s'étaient plus ou moins perdus de vue, se retrouvent à sa veillée funèbre. Kenji, l'un deux, se retrouve malgré lui à enquêter sur une secte qui monte en puissance et qui utilise un mystérieux symbole comme signe de ralliement : le même symbole que ces gamins utilisaient lorsqu'ils jouaient aux héros en 1969.

Entre passé et présent, le lecteur va rapidement être plongé au cœur d'un thriller haletant à la recherche de la réponse à tous ces mystères qui vont survenir dans la vie de ces personnages. J'ai trouvé que cette histoire est tout simplement géniale, c'est prenant, bien rythmé, le suspense ne manque pas, l'intérêt s'accroit de plus en plus au fur et à mesure de la lecture. Les personnages sont nombreux mais chacun a sa particularité et son importance (j'ai particulièrement aimé Kanna ^_^). Et je n'ai lu que le début ! Il va falloir que je me procure la suite très rapidement, car je meurs d'envie de connaître la suite et le fin mot de cette histoire si prenante. 

Un grand merci à Babelio et aux éditions Panini manga pour la découverte de ce chef-d’œuvre du manga de science-fiction.


samedi 12 juillet 2014

30 - L'Épée de vérité T2 - La Pierre des Larmes

Auteur : Terry Goodkind
Éditeur : Bragelonne
Publié en : 2003

J'ai attendu plus d'un an pour découvrir la suite de La première leçon du sorcier, deuxième tome de la célèbre saga L'Épée de vérité de Terry Goodkind.  J'avais beaucoup aimé le premier tome, mon avis est un peu plus mitigé concernant la suite des aventures de Richard le Sourcier.

Pourquoi un avis plus mitigé ? À cause de Richard pour commencer, que je trouve rageant et puéril. À cause de sa relation avec Kahlan ensuite, que je trouve niaise à souhait. À cause des nombreuses similitudes avec mes grandes sagas favorites, comme par exemple les Sœurs de la Lumière / Sœurs de l'ombre, qui sont une bien pâle copie des Aes Sedai de Robert Jordan (ça m'a d'ailleurs donné envie de me replonger dans La Roue du temps...). Voilà pourquoi.

Mais malgré ces petits désagréments, j'ai rapidement été entraînée par le récit. J'ai adoré les tactiques militaires de Kahlan, astucieuses, dangereuses et culottées, nous offrant ainsi une bataille haletante et mémorable contre l'Ordre Impérial. J'ai adoré découvrir les différents peuples que Richard rencontre au long de son périple, et son apprentissage de cette magie particulière endormie au fond de lui. J'ai adoré suivre Zedd et Adie dans la quête qui va les priver de tout ce qu'ils sont. Et j'ai retrouvé ce qui m'avait tant plu au premier abord, à savoir une aventure pleine de rebondissements, d'action, de magie, une écriture prenante et accrocheuse, du divertissement à chaque page...

Alors oui il y a des points négatifs, mais j'ai quand même passé un très bon moment de lecture, et c'est ce qui compte, non ?

A bientôt pour le troisième tome, donc.


La patience est sa meilleure arme, car il a l’éternité à sa disposition.

Il se fichait comme d’une guigne des prophéties ! Pour lui, ce n’était rien d’autre que des devinettes, et il détestait ces jeux idiots. Si une chose semblait assez grave pour qu’on la dise, pourquoi l’exprimer d’une façon emberlificotée ? 

Vanter les mérites d’un régime végétarien ne fait aucun bien aux moutons si les loups refusent de changer d’habitudes alimentaires.

  

vendredi 4 juillet 2014

29 - Neverwhere

Auteur : Neil Gaiman
Éditeur : J'ai Lu
Publié en : 1998

Cela fait bien longtemps que ce roman de Neil Gaiman me fait de l’œil, bien longtemps que je me dis qu'il faut que je le lise, et cinq minutes que je l'ai refermé et que je me mords les doigts d'avoir tant attendu pour me plonger enfin dans Neverwhere.

Nous suivons dans ce roman les aventures de Richard, trentenaire menant une vie paisible à Londres, fiancé, avec un bon boulot... Un jeune homme profondément gentil et sans problèmes. Mais voilà, le jour où son chemin croise celui d'une jeune fille en haillons et blessée implorant son aide, Richard ne peut s'empêcher de l'amener chez lui. Elle s'appelle Porte, sa famille a été massacrée par deux individus qui sont à sa recherche, et ce jour marque la fin de la vie de Richard dans le Londres d'En Haut. Car dans Neverwhere, Neil Gaiman a créé un Londres fantôme en marge de celui que l'on connait : le Londres d'En Bas, inconnu du commun des mortels, et dans lequel mendiants, criminels et monstres font la loi. Un monde dominé par la magie et les ténèbres, un monde où nos cauchemars prennent vie et dans lequel notre existence ne tient qu'à un fil...

Évidemment, Richard ne souhaite qu'une chose, retrouver sa vie. Le seul moyen d'y arriver est d'aider Porte dans sa quête de vérité, et il va rejoindre ainsi la jeune fille et ses compagnons : le marquis de Carabas, un personnage énigmatique, et Chasseur, une impitoyable et mystérieuse garde-du-corps.

J'ai adoré. Tout. La galerie de personnages déjà, tous plus loufoques les uns que les autres... Puis les aventures de Richard dans ce monde inconnu et tellement improbable, donnant lieu à des situations pleines de surprises et des dialogues souvent très comiques... Mais surtout, ce Londres d'En Bas, ville miroir de celle d'En Haut et tellement mystérieuse, magique, sombre et colorée à la fois, pleine de fantaisie, d'humour, de cruauté... Un Londres réinventé et fascinant !

J'ai adoré (je me répète, je sais ^_^), et je sais que Neverwhere est un roman que je prendrai beaucoup de plaisir à redécouvrir encore et encore !


Un moment, en se réveillant, il n'eut aucune idée de qui il pouvait bien être. C'était une sensation de délivrance immense, comme s'il avait toute liberté de devenir ce qu'il voulait : devenir n'importe qui - endosser n'importe quelle identité ; homme ou femme, rat ou oiseau, monstre ou dieu. 

- Excusez-moi, dit-il. Je sais que c'est une question indiscrète. Mais êtes-vous cliniquement fou ?
- La chose est possible, quoique très improbable. Pourquoi ?
- Parce qu'il faut bien que l'un de nous deux le soit. 

- Il en est des villes comme des gens, monsieur Vandemar, énonça précieusement M. Croup. La condition de leurs entrailles est de prime importance.

 

jeudi 26 juin 2014

28 - Les Enfants de Dynmouth

Auteur : William Trevor
Éditeur : Phébus
Publié en : 2014

Écrit en 1976, ce n'est que cette année que ce roman de William Trevor a trouvé preneur en France. L'auteur nous présente Dynmouth comme une charmante petite ville anglaise, tranquille, où il fait bon vivre. Ses habitants semblent être des gens tout à fait normaux, connaissant les problèmes classiques de tout un chacun, ni plus ni moins. Mais c'est sans compter sur Timothy Gedge, un adolescent particulièrement pervers et farceur, qui, sous couvert de trouver les accessoires dont il a besoin pour son numéro à la kermesse de Pâques, va divulguer au fur et à mesure du roman un poison de plus en plus violent dans la vie rangée de ces braves gens... Rumeurs avérées ou non, Timothy n'hésite pas à clamer sa vérité à qui veut l'entendre, allant même jusqu'à faire du chantage pour obtenir ce qu'il souhaite.

Après un début de roman un peu lent, l'intérêt du lecteur est vite titillé par ce gamin, Timothy, que William Trevor présente très rapidement comme un enfant abandonné par son père, délaissé et négligé par sa mère et sa sœur, qui, pour tromper l'ennui et la solitude, passe ses journées à espionner son entourage. Le portrait psychologique de Timothy est des plus intéressants, et fait vraiment tout l'intérêt du roman, éveillant tout à la fois la pitié, la compassion, mais surtout l'agacement et la colère. D'ailleurs j'aurais bien aimé que l'un des personnages ait le cran de lui donner la correction qu'il mérite pour son comportement ! Mais voilà, les secrets des uns et des autres étant révélés au fur et à mesure de l'histoire, chacun se retranche sur ses malheurs et laisse le garnement mener son affaire comme bon lui semble, brisant ainsi petit à petit ce tableau de "gentille ville où il fait bon vivre"... Toute cette mise en scène de William Trevor contribue à créer une atmosphère de plus en plus oppressante à l'histoire, et souvent malsaine, entretenant sans peine le malaise du lecteur, et qui va crescendo tout au long du roman. La fin m'a beaucoup plu, je l'ai trouvée très jolie et émouvante. Et pour ne rien gâcher, l'écriture est pleine de délicatesse, de finesse, amenant chaque chose à sa place le plus justement possible.

Une belle découverte donc, que je dois encore une fois à Babelio et aux éditions Phébus. Merci !


Timothy Gedge avait une quinzaine d’années, il était en plein dans cet âge dit ingrat, le visage carré, anguleux, les épaules maigres, les cheveux courts presque blancs, un regard vorace qui lui donnait l’air prédateur, les joues creuses. Il portait toujours les mêmes vêtements : un jean jaune pâle, un blouson jaune à fermeture éclair et, la plupart du temps, un tee-shirt jaune lui aussi. Il vivait avec sa mère et sa sœur, Rose-Ann, dans un lotissement social appelé « Cornerway ». Inscrit au lycée de Dynmouth, ce n’était pas un élève particulièrement brillant. Il adorait jouer des tours, une habitude qui le faisait parfois paraître excentrique. Il riait souvent, d’un grand sourire jusqu’aux oreilles. 

  

dimanche 22 juin 2014

27 - Les Lames du Cardinal - Intégrale de la trilogie

Auteur : Pierre Pevel
Éditeur : Bragelonne
3 tomes publiés en : 2007-2009-2010

Souvenez-vous, Pierre Pevel a été l'un de mes gros coups de cœur de l'année dernière, lorsque j'ai eu la bonne idée d'ouvrir ses Enchantements d'Ambremer... Totalement envoûtée par ce premier tome, je me suis ensuite plongée dans L'Élixir d'oubli, tout aussi passionnant. J'ai cependant eu un autre coup de cœur l'année dernière, à la lecture des célèbres Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas. Vous comprenez ainsi que je n'ai pas hésité une seconde à acquérir cette superbe intégrale de Pierre Pevel, Les Lames du Cardinal, dans laquelle cet auteur que j'adore plonge son intrigue dans l'univers si passionnant d'Alexandre Dumas. 

Que sont donc ces Lames du Cardinal... Pour faire simple, je dirais que les Lames sont à Richelieu ce que les Mousquetaires sont au roi. Ou plutôt devrais-je parler au passé, car l'intrigue commence 5 ans après la dissolution des Lames, alors que Richelieu rappelle leur capitaine, La Fargue, afin de former à nouveau cette unité d'élite pour une mission particulièrement sensible... Et là, on entre à nouveau dans cet univers des Trois Mousquetaires, entre complots politiques, combats à l'épée, intrigues de cour, amours interdites, trahisons... Les Lames du Cardinal est ainsi un véritable roman de cape et d'épée qui, je peux le dire, m'a autant enthousiasmée que la célèbre trilogie de Dumas.

Mais qu'en est-il de l'univers de Pierre Pevel là-dedans ? Ne croyez pas que l'auteur s'est complètement effacé face au géant Dumas. Au contraire, il a réussi à mêler habilement son univers fantastique à la fiction historique. Les dragons et la magie sont bien présents dans ce récit, et sont même au cœur de l'intrigue. Et là où je dis que c'est habilement fait, c'est qu'ils s'intègrent tellement bien qu'on n'y trouve aucune bizarrerie ! Jusqu'à la dernière ligne, Pierre Pevel parvient sans peine à nous raconter une version alternative de l'histoire de France, sur fond de dragons et de puissante magie.

J'aime, j'aime et j'aime (et j'en veux encore) !

En prime, voici les trois couvertures de la trilogie originale (encore du beau travail de nos amis Bragelonniens)...
 



— L’important, se reprit le vieux soldat en agitant la jambe de bois tel un sceptre… L’important est que ce jean-foutre présente des excuses. Jean-foutre, madame attend.
— Madame, gémit l’autre avant de tâter encore de sa prothèse, je vous prie d’accepter mes plus sincères et plus respectueuses excuses. J’ai manqué à tous mes devoirs, ce que ma piètre nature, mon éducation négligée et mes habitudes déplorables ne sauraient justifier. Je promets de surveiller désormais ma conduite et mes actes et, conscient de mes fautes, je m’en remets à votre bienveillance. J’ajoute que je suis laid, que ma bouche sent comme le cul et que l’on ne peut croire, à ma vue, que le Très-Haut fit Adam à son image.


Elle était d’une beauté sévère et farouche qui frappait : silhouette élancée, port fier, teint pâle, yeux verts, lèvres sombres et pleines, longue chevelure noire dont une natte ne réussissait jamais à contraindre les lourdes boucles bien longtemps. Mais on s’étonnait surtout de ses cuissardes, de ses chausses noires et de son corset de cuir rouge passé sur une chemise blanche. C’était un accoutrement pour le moins audacieux. Et non contente de s’afficher ainsi en public, non contente de sortir en cheveux, elle portait l’épée et montait à cheval comme un homme. Vraiment, il y avait là matière à scandale…